Ne nous opposerait-on pas d’abord ces festins, ces bals, ces danses, ces divertissements, que les premiers Chrétiens reprochaient aux idolâtres, comme des marques toutes visibles, et de la corruption de leurs mœurs, et de la fausseté même de leur religion. […] Dites-leur que le bal est défendu parce qu’il est presque toujours l’écueil de l’innocence, le tombeau de la pudeur, le théâtre de toutes les vanités mondaines, et le triomphe de toutes les passions : que c’est un assemblage de tous les dangers du salut, et un précis vif et piquant de toutes les tentations : que tout y est écueil : que tout y est poison : danses, instruments, objets, entretiens, assemblée, tout y concourt à étouffer les sentiments de piété, à séduire et l’esprit et le cœur : que rien n’est plus opposé que le bal à l’esprit du Christianisme : avec quel mépris serez-vous écouté ! […] Je sais bien qu’il y a des gens qui, à ce qu’ils disent, courent moins de hasard en ces lieux-là que d’autres ; cependant les gens qui composent ces sortes d’assemblées, ont assez de peine à résister aux tentations dans la solitude ; à plus forte raison dans ces lieux-là où les beaux objets, les flambeaux, les violons, et l’agitation de la danse échaufferaient des Anachorètes.
Lucien au Traité de la Danse donne ce nom aux Danseurs de Ballet, parce que en effet c’était ordinairement en dansant, que les Pantomimes faisaient leur rôle. […] On y défend aux Prêtres et surtout aux Curés de se trouver aux danses, d’entendre des chansons obscènes et galantes. […] » Il veut qu’on ne fasse pendant les Fêtes ni jeux, ni danses, ni rien de ce qui peut offenser la Majesté Divine. […] Ce Saint Prélat savait que les gens du monde ne voient le danger, où les exposent les jeux, les danses, et le Comédies, que lorsque la piété leur a ouvert les yeux. […] Et il faut pourtant vous citer encore l’endroit qui m’a fait dire que saint Charles fit composer le Traité contre les Danses et la Comédie.
) Ces premiers chrétiens avaient lu en l’Ecriture, que la dévote Sara, femme du jeune Tobie, invoquant le secours de Dieu en sa grande affliction, lui remontrait qu’elle ne s’était jamais trouvée aux danses, et pourtant elle avait été mariée plus de deux fois14.
La tentation d’Eve par le serpent, celle de Notre-Seigneur dans le désert, les prestiges des magiciens de Pharaon, les possessions de l’Evangile n’ont rien de commun avec ce cahos de délire, aussi contraire au bon sens qu’à la religion & au bonnes mœurs : ce transport de sorciers dans le vague des airs, à cheval sur un bâton, par la vertu d’un onguent magique ; cette cohorte de démons, ce trône au milieu d’une campagne pour recevoir les hommages, ces cornes, ces pieds de chevre, ces danses, ces chants, ces repas, ces infamies, ce font les rêves d’un malade, les écarts d’un cœur corrompu, qui se livrent à toutes les images qui flattent la volupté. […] Les anciennes diableries donnoient horreur du vice, en le montrant puni par les démons ; les nouvelles au contraire favorisent, inspirent, embellissent le vice, par les graces des actrices, les agrémens de la poësie, les charmes de la musique, la lubricité de la danse, l’obcénité des décoration, le scandale de l’intrigue & du succès.