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45. (1843) Le Théâtre, par l'Auteur des Mauvais Livres « Le Théâtre. » pp. 3-43

Il y a surtout un danger, parmi tant d’autres, où bien souvent la pureté de la foi et l’innocence des mœurs font un triste naufrage ; c’est le théâtre. […] Cette différence de conduite dans les confesseurs dépend souvent du défaut de sincérité dans les pénitents ; d’ailleurs le confesseur est juge du danger que court son pénitent dans telle occasion donnée. […] Comment peut-on soutenir, sans péché, des pièces, où la vertu et la piété sont toujours ridicules, la corruption toujours excusée et toujours plaisante, et la pudeur toujours offensée, ou toujours en danger d’être violée par les derniers attentats, par les expressions les plus impudentes, à qui l’on ne donne que les enveloppes les plus minces. […] Lorsqu’on blâme les comédies comme très-dangereuses, les gens du monde disent tous les jours qu’ils ne sentent point ce danger. […] Le mal, le danger est dans la pensée intime, qui représente tous les crimes comme des faiblesses presque pardonnables, presque louables, et dont on a soin de doter généreusement le héros ou l’héroïne.

46. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE III. Immodestie des Actrices. » pp. 57-84

L’indécence des femmes qui y paroissent, est un des plus grands & des plus inséparables dangers du spectacle. […] On ne peut lire sans danger la peinture si vive de l’état de son cœur que S. […] Ses yeux à peine ouverts lui firent appercevoir le désordre & redouter le danger de la concupiscence dans ses plus puissans attraits. […] les plus indulgens ne peuvent qu’en blâmer du moins l’imprudence & le danger. […] ces allusions criminelles ne vérifient que trop le danger & le crime des indécences que je combats : la sainte Ecriture même devient dangereuse.

47. (1686) Sermon sur les spectacles pp. 42-84

Il veut nous prémunir contre ses traits, et nous prévenir de la séduction avec laquelle cet Ange artificieux nous déguisera les dangers du Théâtre et ses horreurs. […] Mais que sera cette voix, Seigneur, si vous ne vous faites vous-même entendre à ces insensés qui, oubliant le magnifique Spectacle de la Terre et des Cieux, n’en connaissent point d’autres que ceux qui leur sont préparés par le Démon ; qui, ne se souvenant plus des promesses de leur Baptême, vont continuellement les abjurer aux pieds des Trophées que le monde érige à la gloire du mensonge et de la volupté, et qui, ne craignant, ni la perte de l’innocence, ni le naufrage dans la foi, s’abandonnent au milieu des plus grands dangers. […] Comment, sous les lois d’un Evangile qui nous ordonne d’arracher notre œil, s’il nous scandalise, il nous sera libre de nous exposer au plus grand danger ? […] où l’on s’imagine être vivant, et où l’on est véritablement mort, état où l’on persévère ordinairement jusqu’à la fin des jours, état qui est celui du plus grand nombre ; et Dieu veuille, mes Frères, que ce ne soit pas le vôtre, et qu’actuellement même que je vous fais voir le danger des Spectacles, vous ne murmuriez pas en secret contre la sévérité de cette morale, comme si elle n’était pas celle de l’Evangile, et comme si j’exagérais sur cette matière, uniquement à dessein de vous effrayer. […] que de personnes qui pensent intérieurement comme nous sur le danger des Spectacles, et qui attendent à la mort à se repentir de les avoir suivis !

48. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE X. » pp. 171-209

Le Spectacle des Colléges est bien différent du vôtre, Mademoiselle, selon l’Ordonnance de Blois1 & la déclaration de la Faculté de Paris2, on a soin d’en retrancher toute espéce de saleté & le langage de la tendresse, les Regens qui en ont la direction, avant de mettre les Rolles entre les mains des Ecoliers, en ôtent tout ce qui pourroit souiller le cœur & blesser les oreilles : c’est un exercice que l’on croit utile à ceux qui se destinent à parler en public, & l’on ne se propose pas d’intéresser les Spectateurs, on a porté la réforme jusqu’à défendre par une nouvelle Ordonnance1 les danses dans les intermèdes ; quoiqu’un semblable amusement qui se passeroit entre les jeunes gens d’un même sexe, ne suppose aucune sorte de danger, mais une simple indécence. […] On dira que ce nouveau danger est le même dans toutes les assemblées. […] Il n’en est ainsi des piéges qui sont si fréquens à la Comédie, c’est une tentation que l’on recherche de gaieté de cœur ; au lieu de fuir le danger, on le suit, parce qu’on l’aime, & que l’on n’appréhende nullement d’y succomber. […] quel danger pour la jeunesse en qui la convoitise est dans toute sa force, d’en contempler en ce cercle diabolique, qui n’ont rien d’étudié que l’immodestie, la dissolution & l’impudence. […] Vous avez dû sentir tout le vice & le danger de votre état ; c’est un scandale perpétuel que la vie d’un Comédien ; quand on supposeroit en lui la probité, la bienseance, toutes les vertus qui plaisent dans le monde, elles composent un édifice sans fondement.

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