C’est-là le grand danger de la scène françoise, comme nous l’avons remarqué ailleurs. […] Ceux, dit-il, à qui une conscience délicate fait craindre l’ombre du danger, ceux qu’un sentiment trop vif rend plus suseptibles des plus légères impressions, feront encore mieux de ne pas le lire ; je leur conseille d’éviter avec soin tous ce qui pourroit non-seulement blesser, mais même allarmer la vertu .
Si les siècles éclairés ne sont pas moins corrompus que les autres, c’est que la lumière y est trop inégalement répandue ; qu’elle est resserrée et concentrée dans un trop petit nombre d’esprits ; que les rayons qui s’en échappent dans le peuple ont assez de force pour découvrir aux âmes communes l’attrait et les avantages du vice, et non pour leur en faire voir les dangers et l’horreur : le grand défaut de ce siècle philosophe est de ne l’être pas encore assez. […] En voilà donc assez, et peut-être trop, sur la partie de votre Lettre qui concerne les Spectacles en eux-mêmes, et les dangers de toute espèce dont vous les rendez responsables.
Ce Scipion étala dans un long discours les dangers de ces Spectacles, disant qu’il falloit laisser aux Grecs leurs vains amusemens Græcam luxuriam, & ne pas donner entrée à Rome à cette iniquité étrangere, peregrinæ nequitiæ.
Le monde entend ce langage, et si vous n’avez que cela pour vous sauver, je vous tiens en grand danger.