Pour se peindre, elles empruntent des couleurs allégoriques ; à l’ombre des allusions ingénieuses, sous le voile des équivoques fines, elles exhalent une contagion pestilente, elles canonisent jusqu’à leurs désordres. […] Quel désordre ne porte pas dans une Ville l’arrivée & le séjour d’une Troupe de Comédiens ! […] Mais après tout, si le désordre & le scandale étoient aussi énormes, que le Docteur Espagnol le prétend, comment les colère-t-on ?
Cet Abrégé des Conciles, des Synodes et des Rituels, doit convaincre que l’Eglise a toujours condamné et condamne encore à présent les Comédies de ce siècle, comme celles des siècles passés ; qu’elle des regarde comme de très grands désordres, puisqu’elle emploie contre les Comédiens, les peines les plus rigoureuses, savoir, l’excommunication, la privation de l’usage des Sacrements, même à la mort, et ensuite de la sépulture Ecclésiastique : en quoi elle renouvelle la plus grande sévérité des premiers siècles, puisqu’elle met les Comédiens au rang des blasphémateurs, des concubinaires et des usuriers publics. […] Je conviens que ces Saints Pères ont condamné les Spectacles par ces deux motifs ; mais je prétends qu’ils les ont de plus condamnés pour d’autres désordres, qui se trouvent dans les Opéra et les Comédies de notre siècle. […] Tous les désordres que causent parmi le peuple ces hommes corrompus et ces femmes prostituées, retombent sur vous : car s’il n’y avait point de Spectateurs de Comédies, il n’y aurait ni Comédiens ni Acteurs ; ainsi ceux qui les représentent et ceux qui les voient, s’exposent au feu éternel.
L’Empereur Lucius-Verus se corrompit avec les Comédiens, si bien, que Marc-Aurele, pour arrêter leurs désordres, modéra leurs appointemens, & les remit à leur rang d’Histrions. […] Ils ne les effacent jamais de leur mémoire ; … ils y voient des Grands, des personnes élevées en dignité, des vieillards, &c. y applaudir ; ils s’imaginent que tout ce qu’on leur expose est à retenir ; … ils agissent en conséquence, lorsqu’ils jouissent de leur liberté, & les voilà corrompus dans le cœur & dans l’esprit pour le reste de leur vie ; … ils perdent leur innocence sans en connoître le prix ; & néanmoins les parens qui ignorent eux-mêmes combien cette perte est affreuse & irréparable, sont ensuite au désespoir, quand leurs enfans donnent dans des désordres si préjudiciables à leur fortune, & dont ils sont cause, & qui leur fera bien verser de trop justes larmes ! […] Rien n’est plus dangereux que toutes nos représentations théatrales, elles mettent du faux dans l’esprit, elles échauffent l’imagination, affoiblissent la pudeur, mettent le désordre dans le cœur ; & pour peu qu’on ait de la disposition à la tendresse, on en hâte & on précipite le penchant ; on augmente le charme, & l’illusion de l’amour est d’autant plus dangereux, qu’il est plus adouci & plus modeste. […] De là ces effets déplorables des Tragédies & des Comédies qui devroient suffire pour en inspirer de l’horreur, si on étoit assez sincere pour convenir qu’ils sont la véritable cause des désordres de notre siecle. […] L’objet de la plupart des drames même les plus estimés, n’est-il pas de nous peindre sans cesse des intrigues amoureuses, des vices que l’on s’efforce de rendre aimables, des désordres faits pour séduire la jeunesse inconsidérée, des fourberies capables de suggérer les moyens de mal faire ?
Ils correspondent dans tous les pays et y portent le trouble, le désordre et l’anarchie. […] L’ultramontanisme y a fait également tous ses efforts pour y exciter le désordre et la rébellion en armant l’épouse contre son royal époux, et le fils contre son père et son roi. […] Ces sociétés secrètes, sèment de toutes parts le désordre et l’anarchie. […] Qu’on réfléchisse donc aux désordres que les prêtres et les moines produisent aujourd’hui en Espagne, par le mauvais emploi de leurs richesses. […] [NDA] Mon intention n’est point d’accuser ici le ministère français, de tous les désordres qui affligent présentement la malheureuse Espagne, et même d’une grande partie des abus qu’on remarque en France.