Des maximes continuées pendant plusieurs vers, & embellies par l’éclat de la versification, ne sont donc autre chose que des brillans défauts, qui suspendent le cours de l’action & de l’intrigue ; sur-tout quand on les place comme aujourd’hui au milieu de la plus grande chaleur & des plus vives impressions.
De-là il passe aux Pièces de Racine, & sa plume, conduite par le discernement & l’équité, en relève les défauts avec justesse & en fait sentir les beautés avec intérêt.
Ne voilà-t-il pas une imitation bien entendue, qui se propose pour objet ce qui n’est point, et laisse, entre le défaut et l’excès, ce qui est, comme une chose inutile ? […] Avant de finir sur cette Pièce, je ne puis m’empêcher d’y remarquer un mérite qui semblera peut-être un défaut à bien des gens. […] On pourrait dire qu’il a joué dans Alceste, non la vertu, mais un véritable défaut, qui est la haine des hommes. […] Ces défauts sont tellement inhérents à notre Théâtre, qu’en voulant les en ôter, on le défigure. […] Conservons donc les cercles, même avec leurs défauts : car ces défauts ne sont pas dans les cercles, mais dans les hommes qui les composent ; et il n’y a point dans la vie sociale de forme imaginable sous laquelle ces mêmes défauts ne produisent de plus nuisibles effets.
Avec plus d’art encore se font les grands trumaux, Dont la glace polie, égale & sans défauts, Vous reud exactement comme un portrait fidelle. […] J’en conviens, il est vrai, la bonne Comédie Repand le ridicule, & censure la vie ; Mais ce jeu de nos mœurs quelquefois trop bouffon Excuse nos défauts, sans devenir profond. […] Tous ces défauts littéraires ne nous auroient pas arrêté ; mais il est des fautes contre la religion, les mœurs & la décence, que la piété ne permet pas de pardonner, 1.° un esprit caustique qui n’épargne personne, même les Rois & les Pontifes. […] Allez ouïr déclamer sur la scene Les beaux morceaux que Moliere a laissés, Où nos défauts sont par lui terrassés.