Mais je ne crois point qu’il soit nécessaire d’assassiner un homme pour l’empêcher de retourner dans un coupe-gorge. […] Croyez-vous aussi, n’en déplaise à l’ombre de Destouches, que le dénouement du Dissipateur efface entièrement l’odieux du caractère de Julie ? […] Les siècles futurs auront peine à croire à notre fol engouement. […] Jamais, je crois, les réputations n’ont été à si bon compte. […] et jusqu’à présent, tout semble faire croire que le petit grec, a trouvé l’un et l’autre.
Les Comédiens se croiront toujours en droit de circonscrire le Néomime dans les bornes les plus étroites : Mais le Gouvernement donc la sagesse est toujours au-dessus des petites vues des particuliers, verra sans doute que le Théâtre-Ephébique, loin de nuire aux autres Spectacles, peut leur devenir utile : il verra que pour opérér cette utilité, il est nécessaire que le Néomime puisse faire jouer les Pièces Tragiques, Comiques, & des Opéras, mais toujours par des Enfans ; qu’il serait à propos que le premier Acte de l’Ambigu fût, par exemple, un rapproché, intelligemment fait d’une Pièce du Théâtre Français, où, en conservant les plus beaux vers, les situations les plus intéressantes, on réduise la Pièce à la longueur d’un seul Acte ; que le second fût une Pièce en un Acte (ou si elle était en plusieurs, réduite comme la première) du Théâtre des Ariettes ; que le troisième fût un Opéra, une Pastorale en un Acte comme le Devin-de-Village, on réduit, si c’était Roland, Armide, &c. enfin que la Pantomime simple & dansante précédât & suivît ces trois Pièces. […] Cette nouvelle forme, qu’il s’agirait de donner au Théâtre-Ephébique, exigerait à la vérité plus de dépenses & une Troupe nombreuse : néanmoins des raisons assez fortes, & que je dirai plus bas, empêchent qu’on ne permette au Néomime d’aggrandir sa Salle : le même motif me porte à croire qu’il serait à propos que l’Ambigu-comique ne pût avoir ni Machines, ni un Orquestre complet : on le priverait de tout ce qui ne serait pas essenciel pour former la Jeunesse : j’opinerais même encore à ce que son Orquestre fût composé, comme son Théâtre, de jeunes Sujets, distingués par des talens déja supérieurs, qui de-là passeraient aux autres Spectacles, afin que tout le nouveau Théâtre devînt un Ecole, dont le Public serait le Professeur : ainsi lorsque la Représentation serait achevée, les jeunes Acteurs rangés dans la Salle de Répétition, seraient obligés d’écouter durant une demi-heure, les avis que les Spectateurs éclairés jugeraient à propos d’aller leur donner, & de recevoir également bien le blâme & la louange : & pour fournir au surcroît de dépense, les Places seraient à 3 l ; I. 1.16 f ; I 1.4 f ; & 12 f. […] Je crois que l’on pourrait encore varier le Spectacle du Néomime, en lui prescrivant de donner deux fois par semaine ses Marionnettes & sa Pantomime, non-seulement afin de procurer quelque relâche à ses jeunes Acteurs, mais encore parce qu’on regretterait beaucoup qu’on négligeât tout-à-fait la Pantomime. […] [Je crois qu’on doit honorer le talent dès qu’il se montre : quelques-uns des Enfans-Acteurs du Théâtre-Ephébique promettent beaucoup : mais je le répète d’après l’Auteur, il faudrait envisager l’avenir pour ces jeunes Elèves, & dans les Pièces, respecter scrupuleusement leur innocence.
L’unique motif qui m’a porté à l’entreprendre, c’est le mérite de l’original si reconnu en Angleterre, que je me suis aisément persuadé que la traduction n’en déplairait pas en France : j’ai même cru qu’elle pouvait être en quelque sorte nécessaire aux deux Nations conjointement. […] Collier, qui cite tous les anciens Poètes avec lesquels il confronte ceux de sa nation, qu’on n’en croira M. de S. […] « Heureux, si le Théâtre au bon sens ramené, N’avait point, de l’amour aux intrigues borné Cru devoir inspirer d’une aveugle tendresse Aux plus sages Héros la honte et la paresse : Peindre aux bords de l’Hydaspe Alexandre amoureux, Négligeant le combat pour parler de ses feux, Et du jaloux dessein de surprendre une ingrate Au fort de sa défaite occuper Mithridate : Faire d’un Musulman un Amant délicat Et du sage Titus un imbécile, un fat, Qui coiffé d’une femme et ne pouvant la suivre Pleure, se désespère, et veut cesser de vivre … … … … … … … … … … … … Mais on suppose en vain cet amour vertueux : Il ne sert qu’à nourrir de plus coupables feux L’amour dans ces Héros plus prompt à nous séduire, Que toute leur vertu n’est propre à nous instruire. » Au regard des Anglais, que la paix multiplie chaque jour dans le Royaume, ils seront bien aises d’avoir un excellent Auteur de leur nation traduit dans une langue qu’il leur est nécessaire de savoir pour vivre en un pays étranger avec quelque plaisir et quelque satisfaction. […] Au reste, les noms des Comédies et des Personnages que j’ai cru devoir traduire en Français, se trouveront à la tête du Livre, avec l’Anglais à côté.
Il faut l’en croire sans doute, qui devoit la mieux connoître qu’elle même ? […] Comment croire ni l’un ni l’autre quand la conduite le dément ? […] Quel odieux assemblage de religion & de crime, de tendresse & de cruauté, assassiner son amant, parce qu’on le croit infidèle ! […] Au reste cette lettre qui parle avec beaucoup de respect de la Religion Catholique fait croire que sur la fin de sa vie la conversion de cette Princesse, jusqu’alors fort équivoque, étoit enfin devenue très-sincère. […] Quittor.s-la, & faisons nous honneur de notre licence, réunissons la gloire & la liberté ; le monde sera assez dupe pour nous en croire & nous en louer.