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224. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre III. De l’Éducation. » pp. 60-92

Qui doit conserver avec plus de soin qu’un jeune-homme la robe d’innocence dont il a été couvert, & remplir les engagemens qu’il a contracté ? […] Les formalités qu’il observe ne sont que pour couvrir son jeu, & donner à ses jugemens un air de régularité ; dans le fonds c’est l’amour qui tient la balance, & qui prononce.

225. (1790) Sur la liberté du théatre pp. 3-42

Les auteurs tragiques sont donc obligés, s’ils veulent exprimer une idée forte, de tourmenter leur génie pour la couvrir du voile de l’allégorie. […] Le pouvoir arbitraire, comme ces mauvaises herbes qui croissent et se multiplient rapidement, repousse bientôt, et couvre de ses rejetons malfaisans l’autel même de la liberté.

226. (1715) La critique du théâtre anglais « CHAPITRE III. L’insolence du Théâtre Anglais à l’égard du Clergé. » pp. 169-239

Pour recueillir ensemble tous les anciens Tragiques ; Sénèque se conforme assez à Euripide, et met Tirésias à couvert d’outrages : Œdipe conjure seulement Tirésias, mais sans lui perdre le respect, de révéler la réponse de l’oracle et la personne coupable ; celui-ci s’en excuse d’abord, et enfin le fort de la plainte des Dieux retombe sur Créon. […] Cet usage montre assez qu’on ne perd rien au change, que le caractère spirituel vaut bien l’autre, et pour m’exprimer ici modestement, que si la Cléricature n’efface point, elle couvre au moins le titre de Gentilhomme.

227. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Huitième Lettre. De la même. » pp. 100-232

« Le Théâtre, chez les Romains, était un lieu vaste, magnifique, accompagné de longs portiques, de galeries couvertes, & de belles allées plantées d’arbres. […] Enfin, si le Théâtre représente un Jardin ou une Campagne, on doit lui donner les perspectives les plus pittoresques ; on pourrait, par d’heureuses irrégularités, avancer, sur le Proscénion, des Arbres, des Bosquets, une portion de Parterre, & borner la Scène par un Côteau, couvert de pampres, ou d’ieuses, ou de sapins ; par une Rivière chargée de barques &c. on ne doit rien omettre, pour opérer l’illusion : la décoration est l’habit de la Scène [H] [H] ; elle la pare, l’ennoblit : soutenir qu’un Théâtre où l’on joue de bonnes Pièces n’a besoin ni de Décorations, ni de Danses, ni de Musique, c’est ne pas se connaître à ses propres plaisirs. […] Une disposition de la Scène plus parfaite encore pourrait avoir lieu dans les Pièces à composer, & même dans quelques-unes de nos anciennes Tragédies ; elle contribuerait infiniment a augmenter la dignité de leur Spectacle : si dans Britannicus, par exemple, la décoration représentait un Palais, dont le portique couvrît l’avant-scène ; qu’un peu sur le côté fût la salle où Néron donne audience à sa mère, à Burrhus ; où il écoute l’entretien de Britannicus avec Junie ; & que cette salle fût ouverte dans ces scènes seulement : que le vestibule où se passe la plus grande partie de l’Action, fût le Proscénion ou le local vide de l’avant-scène ordinaire : qu’un vaste Parascénion ou arrière-scène, formant une Place publique, se découvrît dans la scène qui précède celle du Récit, en ouvrant le fond du portique : que le Spectateur entrevît alors rapidement passer l’Amante du frère de Néron ; qu’il la vît tombante aux pieds de la statue d’Auguste, & sur le champ emportée par une foule ondulante, qui se précipite, qu’on repousse, & dont l’éloignement seul empêche d’entendre les cris ; qu’Albine racontant la consécration de Junie, montrât à Agrippine cette statue d’Auguste, encore environnée de Peuple & de Gardes &c. quelle illusion cette vue ne produirait-elle pas, sur-tout lorsque cet ensemble serait aidé de la majesté d’un Théâtre digne de la Nation ! […] Enfin tout le talent d’un bon Comédien ne le met pas à couvert des invraisemblances, lorsque son jeu doit être caché ; c’est la faute de la Pièce, qu’il ne peut corriger de lui-même : on est choqué de voir, dans nos anciennes Comédies, un Acteur au milieu du Théâtre qui en écoute d’autres, sans en être apperçu, quoiqu’il soit tout-à-fait en vue ; souvent ils sont obligés, pour lui tourner le dos de forcer leur position ; on remarque quelquefois qu’ils ont jetté les yeux sur lui, & qu’ils les ont brusquement détournés : Molière qui possédait si bien les Modelemens du Dramatisme & toutes les autres parties de l’économie Théâtrale, donne souvent dans cette invraisemblance ; les Auteurs-Comédiens qui l’ont suivi, ont fait pis encore. […] Les femmes, lorsqu’il s’agit des rôles imités des conditions communes, s’écartent de la convenance d’habit beaucoup plus que les hommes ; l’à-propos des diamans y vient presque toujours pour elles : dans les Paysannes, elles redoutent extrêmement la grossièreté de l’étoffe, & la simplicité de la coîfure ; elles n’ont encore pu se résoudre à descendre du brillant & du magnifique : on leur sait bon gré d’éviter la malfaçon de l’habit, & le nouveau Théâtre sera même un modèle d’élégance & de bon goût ; mais les Mathurine & les Claudaine couvertes de soie, dont la gorge mutine reflée, par sa blancheur, la transparence d’une gaze à la crème, ne me présentent que la fille de Théâtre : nos Actrices ignoreraient-elles que la belle façon unie à la propreté, rendent une femme plus intéressante que l’éclat ?

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