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58. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre V. Du Luxe des coëffures. » pp. 115-142

On n’oseroit paroitre dans le monde, si on n’est coëffé en Comédien ; aussi les Baigneurs & les Coëffeuses vont assidument au spectacle, & par libertinage, & par intérêt, pour prendre des leçons de leurs bonnes amies, car personne ne porte plus loin la finesse de l’art, & les coups de maître. […] Chacun avoit son Officier, sa charge & son emploi ; tout se faisoit avec le plus grand ordre, pour peu qu’elles manquassent à leur devoir, elles étoient sur le champ fustigées, & pour être plus en état de recevoir les coups, elles avoient les épaules nues ; on peut voir cette belle description dans Juvenal, Sat. […] Absalon y trouva son malheur, ses beaux cheveux le perdirent ; ce Prince meurtrier de son frere, révolté contre son pere, fuyoit après sa défaite, en passant sous un arbre ses cheveux s’embarrasserent dans les branches ; son cheval continua sa course, & le laissa suspendu par ses cheveux ; Joab l’y perça d’un coup de lance ; ce qui avoit fait ses délices fût le chatiment de ses crimes. […] Quoique les perruques artistement élabourées avec des rateaux, frisées, bouclées, boudinées, maronnées, moutonnées, &c. telles qu’on les voit aujourd’hui, & par consequent le noble metier de perruquier n’a guere plus d’un siécle, l’usage des cheveux emprunté est de la plus haute antiquité ; mais comme un art si admirable n’a pu être porté tout d’un coup à la plus haute perfection, il y a eu bien des manieres d’appliquer à la tête des cheveux faux, qu’on ne peut qu’improprement appeller des perruques.

59. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE V. Réforme de Fagan. » pp. 110-128

A mesure que la religion & les mœurs sont attaquées, il n’est pas surprenant qu’il s’élève des défenseurs du théatre, qui porte les plus funestes coups à l’une & à l’autre. […] On n’a donc pas dû frapper les mêmes coups sur tout le monde. […] Ce panégiriste des Comédiens y pense-t-il, & peut-on en donner une idée plus désavantageuse, que de les représenter comme insensibles aux plus grands coups, & s’abandonnant à tout par désespoir ?

60. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre VIII. Du Stile. » pp. 287-319

Il s’en suit des quatre Vers que je rapporte, que l’ame de Lise écoute dans tous les sens, les accens d’un objet qu’elle adore ; c’est-à-dire que chaque sens a la faculté de l’ouie ; ainsi, le toucher, l’odorat & la vue seront frappés des sons d’une belle voix : voilà pour le coup une physique toute particulière, & dont l’antiquité ne s’était jamais doutée. […] Qui pourrait s’empêcher de rire en voyant qu’on fait dire à une jeune fille, qu’un amant flateur, enchanteur, a des armes sûres de leurs coups ? […] Pour le coup le sévère Boileau s’est trop laissé emporter au Phébus.

61. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique —  CHAPITRE VI. Histoire de la Poësie Dramatique chez les Romains. » pp. 145-175

Ce que Boileau a dit, du coup fatal porté à la Comédie, par la mort de Moliere, fut dit par Varron sur la mort de Plaute, Comœdia luget, Scena est deserta, Deinde risus, ludus, jocusque & numeri Innumeri simul collachrymarunt. […] Outre cela le Peuple interrompoit tout à coup une Piéce, & demandoit à voir des Baladins, des Danseurs de Corde, des Animaux. […] On faisoit tout à coup cesser une Piéce pour voir passer Escadrons, Bataillons, Rois enchaînés, Chars, Chariots, Vaisseaux, Villes d’yvoires portées en triomphe, un Chameau, un Leopard.

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