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2. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [M] » pp. 426-430

[M] Danse : mouvemens règlés du corps, sauts & pas mesurés, faits au son des instrumens & des voix. Les sensations ont été d’abord exprimées par les différens mouvemens du corps & du visage. Le plaisir & la douleur en se fesant sentir à l’âme, ont donné au corps des mouvemens qui peignaient au dehors ces différentes impressions : c’est ce qu’on a nommé geste. Le chant si naturel à l’homme, en se dévelopant, a inspiré aux autres hommes qui en ont été frappés, des gestes relatifs aux différens sons dont ce chant était composé ; le corps alors s’est agité, les bras se sont ouverts ou fermés, les pieds ont formé des pas lents ou rapides, les traits du visage ont participé à ces mouvemens divers, tout le corps a répondu par des positions, des ébranlemens, des attitudes, aux sons dont l’oreille était affectée : ainsi le chant, qui était l’expression du sentiment, a fait développer une seconde expression qui était dans l’homme, qu’on a nommée Danse. […] Quand ce Sauteur, ce Voltigeur fait un saut entre deux épées prêtes à le percer, si dans la chaleur du mouvement son corps s’écartait du point de la ligne qu’il doit décrire, il devient un objet digne de toute notre curiosité.

3. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE II. De la Danse. » pp. 30-51

Je m’étonne que le corps de la comédie Françoise, & après lui les Italiens, les théatres de province, les théatres de société, & le corps des Maîtres à danser, ne se soient aussi décorés du nom d’Académie dramatique, Académie de Thalie, de Terpsichore, &c. & n’aient à leur suite, aussi-bien que l’opéra qu’ils valent bien, un corps de danseurs en titre. […] Il faut d’abord former les pas, & ils sont sans nombre, régler les attitudes du corps, les gestes, les regards ; cela seul feroit un art. […] 2.° C’est un étalage du corps humain dans tous les points de vue. […] Chacun en passant lance son trait, & enfonce profondément celui des autres ; c’est un corps d’armée qui agit à la fois sur le cœur, que de blessures !

4. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre I. Des Parfums. » pp. 7-32

Montagne croit que les Médecins pourroient faire plus d’usage qu’ils ne font des odeurs, soit pour connoître, soit pour guérir les maladies, soit parce que les odeurs agissent sur le corps, soit parce que le corps les exhale ; en sorte qu’on pourroit faire une médecine purement d’odeurs. […] Le théatre est tout, & les exercices du corps sont aussi inconnus que l’étoit autrefois l’école du vice. […] Quand Thétis envoya son fils pour arrêter Prothée ; elle oignit tout son corps de cette essence divine ; il n’est pas possible à ce trait de meconnoître les Actrices. […] Cette ridicule préparation du corps des femmes rappele les rafinemens outrés de ces gourmands qui font nourrir la volaille & le gibier avec du lait, du sucre, des pastilles, des gâteaux ambrés & parfumés pour leur en donner le parfum & le goût. […] & les parfums qu’on répandoit par volupté, ou les prodigue par nécessité, & les corps qu’on embeaumoit pendant la vie, avec le plus de sensualité, sont ceux qui plus infects que les autres, en rendent la profusion plus nécessaire.

5. (1664) Traité contre les danses et les comédies « Chapitre IX. Des mouvements déréglés du corps qui se font dans la danse. » p. 36

Des mouvements déréglés du corps qui se font dans la danse. […] le défaut de modération dans le mouvement du corps, et les agitations indiscrètes et excessives, ne soient contraires à la raison, et par conséquent à la vertu, qui ne souffre rien de déréglé. […] Mais si le mouvement du corps est accompagné de quelque sentiment lascif, et impudique ; ou si on s’en sert pour éveiller la sensualité, et pour exciter, ou entretenir quelque mauvais plaisir, ou quelque satisfaction dangereuse dans la chair, et dans les sens ; le même Docteur Angélique nous apprend que c’est un péché mortel ; et saint Bonaventure, Angélus, Roselius, et Sylvestre, après Alexandre de Halès, sont de même avis.

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