L'amour est présentement la passion qu'il y faut traiter le plus à fond ; et quelque belle que soit une pièce de Théâtre, si l'amour n'y est conduit d'une manière délicate, tendre et passionnée, elle n'aura d'autre succès que celui de dégoûter les spectateurs, et de ruiner les Comédiens. […] Le désir de plaire est ce qui conduit le premier, et le second est conduit par le plaisir d'y voir peintes des passions semblables aux siennes: car notre amour-propre est si délicat, que nous aimons à voir les portraits de nos passions aussi bien que ceux de nos personnes. […] Comme ces deux passions ne passent dans l'esprit de ceux qui ne se conduisent pas par les règles de l'Evangile que pour de nobles maladies de l'âme, surtout quand on ne se sert pour les contenter que des moyens que le monde trouve honnêtes.
Il faut qu’ils soient toujours animés et conduits par son esprit : « Qui spiritu Dei aguntur, hi sunt Filii Dei. » Il faut donc que comme ses enfants, ses disciples et ses imitateurs, ils étudient la volonté de leur Père céleste et qu’ils en fassent la règle inviolable de toutes leurs actions. […] On voit dans les anciens Canons que ceux qui conduisaient les Chariots dans le Cirque, et les bouffons qui représentaient par leurs gestes ce qui était exprimé par les vers des Comédiens, étaient obligés de renoncer à ces métiers en se faisant Chrétiens. Cependant conduire un chariot pour le faire courir plus vite que les autres (qui était ce qui se faisait dans les spectacles du Cirque, et où il y avait de l’adresse de l’esprit et du corps) était une chose bien plus innocente, que de réciter des Vers, et de représenter des passions souvent mauvaises, et qui peuvent porter au péché. […] La curiosité est celle qui conduit la plupart de ceux qui y vont. […] « Ce sont les Théâtres qui rendent les chrétiens si déréglés, si corrompus, et si difficiles à conduire, qu’ils sont à présent ; car tout ce que je tâche d’édifier dans l’Eglise, non seulement s’y détruit ; mais c’est une malheureuse nécessité que ceux qui hantent les personnes qui les fréquentent, contractent avec eux une infinité de souillures… car ils deviennent plus corrompus dans leurs mœurs, plus libres dans leurs paroles, plus dissolus dans leurs gestes et leurs ris, et plus paresseux dans le bien….
Esprit les y conduise, ce qui est un blasphème dont personne ne peut être capable, quelque passion que l'on puisse avoir pour la Comédie, et l'Opéra ?
« Si mon âme à mes sens était abandonnée, Et se laissait conduire à ces impressions, Que forment en naissant les belles passions. » Et l'humilité de théâtre souffre qu'elle réponde de cette sorte en un autre endroit : « Cette haute puissance à ses vertus rendue, L'égale presque aux rois dont je suis descendue ; Et si Rome et le temps m'en ont ôté le rang, Il m'en demeure encor le courage et le sang.