Mais on ne peut rendre au Théâtre l’ingénuité de condition, qu’en lui fesant subir des changemens aussi considérables qu’avantageux, sans pourtant adopter tous ceux qu’a proposé Riccoboni. […] En eux-mêmes, les Spectacles sont bons, louables, utiles : tout ce qu’on a dit jusqu’à présent tend à le prouver : & si cela ne suffit pas, le Sage de Genève, lui-même, dans une Note tirée de l’Instruction Chrétienne, convient que non-seulement les Spectacles en général sont bons (ce qui ne pouvait être révoqué en doute) ; mais que nos Pièces de Théâtre, « en tant qu’on y trouve une peinture des caractères & des actions des hommes, peuvent donner des leçons utiles & agréables pour toutes les conditions ». […] Des loix sévères, réprimantes, ne seront jamais aimées par des Histrions ; on en a donné la raison plus haut : il faut donc trouver des Acteurs que leur condition, leur état, leurs espérances obligent à penser différemment de ces gens-là.
C’est un grand malheur pour un État lorsqu’il se trouve beaucoup de gens dans la Capitale qui peuvent y vivre sans rien faire : ces dangereux frelons y corrompent les mœurs ; la contagion gagne les conditions occupées, & de la Ville, elle s’étend jusqu’aux Provinces les plus reculées.
Grand Duc de Toscane, qui avait été dans sa jeunesse Partisan déclaré des Spectacles, ne cessa pas de les proscrire ensuite ; et, si quelques fois il les permit dans le Carnaval, ce fut avec la condition expresse qu’il ne paraîtrait jamais de femmes sur la Scène : Cependant les Florentins ne marquèrent aucune répugnance à se conformer aux ordres de leur Prince.
Les vertus morales persécutées sur notre Théâtre, 248 Les Héroïnes de nos Comédies aussi vertueuses que les Héros avec le même succès qu’eux, 250 Les jeunes personnes de condition ont des mœurs plus saines dans Plaute et dans Térence, 251 Vaine Justification de l’Astrologue Joué, dans sa Préface, 254 Sentiment d’Horace contraire à celui de l’Astrologue joué, 256 Exemple de Ben Jonson inutile pour justifier l’Astrologue Joué, 260 Autorité de Shakespeare opposé à l’Astrologue Joué, 263 Erreur de l’Auteur de l’Astrologue Joué, sur la différence qu’il met entre la Tragédie et la Comédie, 265, 266 Le divertissement n’est point la fin principale de la Comédie, 267 La Comédie et la Tragédie, quoique par une route différente, doivent tendre à une même fin ; qui est la réformation des mœurs, 268, et suiv.