Condamné à cette espèce d’étranglement, je m’exécute à mon ordinaire.
[NDE] Honorius 1er, pape de 625 à 638, condamné par les 6e et 7e conciles œcuméniques (Constantinople, 680 et Nicée, 787) comme un pape hérétique.
Ah M. voilà ce qui fait ma douleur & l’opprobre du Christianisme ; ils sont donc Chrétiens disent-ils ; mais helas quels Chrétiens, qui sont de la même profession que ceux contre lesquels l’Empereur Tybere rendit un arrest de bannissement pour consacrer la septiéme année de son Empire ; quels Chrétiens qui font le métier de ceux que l’Empereur Theodose condamne par les loix de son Code à estre exposés à la fureur des tygres & des leopards, comme étant la corruption des peuples & la peste des Etats ; quels Chrétiens qui sont declarés infames par les saints-Canons, comme on le peut voir dans le troisiéme Concile de Carthage ; quel Chrétiens que S. […] Je ne puis comprendre par quelle juste raison on pretend que les Comediens qui sont les Acteurs qui representent ces faux Dieux sur le theatre, soient marquês d’infamie, & que les Poëtes qui sont les autheurs qui inventent & qui composent ces comedies, soient traités avec honneur, non dit ce Pere, je ne comprens point la raison de cette distinction, comme je ne vois point de difference entre leurs professions, je n’en vois point aussi entre leurs personnes, ainsi il me semble que les loix, selon la veritable intention des Legislateurs, ne sont pas plus favorables aux uns qu’aux autres, mais qu’elles les condamnent également tous deux. […] Or je desire que vous n’ayez aucune part, ny communication avec les demons, non potestis calicem Domini bibere, & calicem dæmoniorum , vous ne pouvez pas boire le calice du Seigneur, & le calice des demons, non potestis mensa, Domini participes esse, & mensa dæmoniorum , vous ne pouvez pas participer à la table du Seigneur & à la table des demons ; cependant c’étoit l’injuste pretention de quelques Chrétiens de Corinthe ; ils se persuadoient qu’il leur étoit permis de manger des viandes immolées aux Idoles, & de manger en suite le pain celeste à la table du Seigneur : il me semble que ce procedé vous paroit si contraire à la foy & à la raison, que vous le condamnez déjà dans vôtre cœur ; & moy je vous dis que le vôtre n’est ny plus Chrêtien, ny plus raisonnable, de vouloir assister aux pompes du monde & aux ceremonies de l’Eglise, de vouloir passer du pied de l’Autel, au pied du theatre, à Dei munere, ad dæmoniorum officiaTertull. l. de Spect. […] Augustin, deprecanda est misericordia Dei , dit ce Pere, ut donet intellectum ad ista damnanda, affectum ad fugienda, misericordiam ad dignoscenda , il faut prier la misericorde du Seigneur qu’il vous donne un esprit droit pour vous faire condamner ces fortes de divertissemens, un cœur bien degagé pour les fuïr, & une grande misericorde pour vous pardonner.
Il me semble qu’on devrait souffrir d’être condamné à un travail si cruel.