Que si l’on trouve quelques Canons de Conciles, et quelques anciens Rituels, qui défendent d’administrer les Sacrements aux Comédiens, ces Canons et ces Rituels ne censurent que les Comédiens scandaleux, qui représentaient des Comédies infâmes avec des postures indécentes. […] Ces ennemis déclarés des spectacles, veulent que l’on s’en tienne aux décisions des Conciles, qui ont souvent fulminé contre les Comédies. Le Concile d’Elvire déclare formellement, que si les Comédiens veulent embrasser la Foi chrétienne, il faut qu’ils renoncent auparavant à leur métier ; et s’ils le reprennent après leur Baptême, qu’ils soient chassés et retranchés de l’Eglise. Le Concile d’Arles excommunie les Comédiens, tandis qu’ils seront dans l’exercice de leur métier. Il est défendu dans le Concile de Carthage, à tous Laïques, d’assister aux spectacles : Les sentiments des Pères de l’Eglise sont conformes aux décisions des Conciles ; et ils ont tous parlé avec de grandes exagérations contre la Comédie, et contre ceux qui y assistaient.
Il ne faut pas omettre ces paroles excellentes du Concile de Fréjus : « Il faut, dit-il, s’abstenir les jours des Fêtes de toute sorte de péché, et de toute sorte d’œuvre sensuelle, ou terrestre ; et ne s’occuper à autre chose en ce saint temps, qu’aux exercices de l’Oraison, et à se rendre fidèlement aux assemblées qui se font dans les Eglises pour les Offices, avec une parfaite ferveur d’esprit Conc. […] « Abstinendum festis diebus ab omni peccato et ab omni opere carnali et terreno, et ad nihil aliud vacare debere, nisi ad orationem concurrere, ad Ecclesiam cum summa mentis devotione. ». » Ajoutons encore le Concile de Mâcon : « Vous, Chrétiens, disent les Prélats assemblés dans ce Concile, qui ne portez pas en vain ce saint nom dont vous êtes honorés, et qui désirez vous en rendre dignes par votre conduite ; écoutez avec attention les avertissements que nous vous donnons, sachant que Dieu ne nous a donné l’autorité que nous avons, que pour veiller sur vos âmes ; pour vous enseigner ce qui sert à votre salut, et pour vous retirer de toute sorte de mal.
Peu s’en faut que vous n’abandonniez les Conciles et les Pères, pour suivre les Théologiens. […] Ce que j’en dis, suffit pour vous faire voir quel est le sentiment de ces Conciles. […] Arel. 1. c.5 [1er Concile d’Arles, canon 5]. […] Cabil. 2. c.9 [2e Concile de Chalon, canon 9.] […] Bitur. 2. c. 4 [Concile de Bourges, canon 4.]
Du temps de l’Empereur Charlemagne, plusieurs Conciles en France voulurent arrêter le cours des Jeux scandaleux que représentaient les Farceurs dans les places publiques ; mais tous leurs efforts n’aboutirent qu’à empêcher les Ecclésiastiques d’y assister : Charlemagne, non seulement approuva le décret des Conciles ; mais, par une Ordonnance de l’année 813, il abolit tout à fait ces Jeux.