Nous avons vu des Génies excellents dans le Sérieux, qui, pour ainsi dire, n’étaient bons à autre chose ; d’autres merveilleux pour le Comique, qui ne pouvaient faire une Scène Sérieuse : mais vous passez du Sérieux au Comique, du Comique à la Morale, de la Morale à la Poésie Lyrique sans être étranger en aucun endroit ; et dans quelque genre que vous écriviez, c’est toujours celui qui vous est propre.
Voltaire est heureux qu’ils soient morts ;) tous deux ayant le même défaut, l’intempérance de l’imagination, & le romanesque incroyable ; Arioste a racheté ce défaut par des allégories si vraies, des satyres si fines, (c’est pour Voltaire un grand mérite) une connoissance si approfondie du cœur humain, par les graces du comique, & des beautés innombrables qu’il a trouvé le secret de faire un monstre admirable, (c’est à peu près le caractère des œuvres de Voltaire. […] Sa mort fut tragique, par les remors, les soupçons, les inquiétudes dont elle fut précédée, & comique par l’enthousiasme & les prédictions dont elle fut accompagnée ; mais ses funerailles furent une vraie farce, par l’excès de magnificence dont elles furent décorées, qui surpasse tout ce qu’on avoit jamais fait pour aucun Roi d’Angleterre & alla jusqu’à la contradiction & au délire.
Avec cet expédient, ils sauvent leur stupidité sous un air de verve Comique ; et leur malice y trouve son compte aussi bien que leur paresse. […] Passons aux Poètes Comiques.
Un vrai Chrétien qui a reçu de Dieu ces yeux de la foi dont parle saint Paul, considère tout dans le véritable point de vue ; et dans cette heureuse situation tout ce qui est dans le monde lui paraît un bagage d’hôtellerie, une vaine décoration de théâtre où ceux qui ont joué les plus grands rôles vont être dépouillés de leurs ornements comiques.