Car c’est un grand combat, ô mon cher Ami, & plus grand qu’on ne sauroit croire que celui qui nous est proposé, dans lequel il s’agit d’être homme de bien ou d’être un méchant. […] Dans une Ville, capable de recevoir des combats de Gladiateurs, il faudroit, disoit un Ancien, abattre l’Autel de la Misericorde.
Si les causes qui occasionnaient des duels autrefois si fréquents ne subsistent plus ; si les hommes ont reconnu qu’ils étaient des fous de s’égorger pour des motifs aussi puérils que ceux qui donnaient lieu autrefois à ces sortes de combats, c’est un degré de sagesse acquis. […] Ce qui aurait coûté la vie à un homme autrefois, ne lui coûte plus qu’un coup d’épée léger, lorsque le hasard du combat a dirigé assez heureusement la main de son adversaire pour qu’il ne soit pas mortel.
Telle serait la loi du combat : si l’agresseur tuait l’offensé, il serait pendu, si l’offensé tuait l’agresseur, il serait libre ; estropié tous deux, une pension de la part de l’agresseur à l’offensé ; l’agresseur blessé seul, tant pis pour lui ; tous deux seraient punis de mort pour s’être battus sans l’aveu du Tribunal. […] Si l’on osait se battre tête à tête, et que les combattants fussent dénoncés, ils seraient sans rémission punis de mort, aussi bien que les témoins volontaires de leur combat.
J’ose remarquer en passant, que si les Théologiens de France, qui voyoient les Princes & le Peuple si amoureux de cet Exercice, eussent représenté dans les Conciles la nécessité de le régler plutôt que de le condamner en général, & que la sévérité des Conciles n’eût tombé que sur ce que l’on appelloit les Combats à outrage & à fer émoulu, ces Jeux, sans doute, n’auroient pas eu des effets ni des suites aussi funestes.