Mandement De Monseigneur l’illustrissime et Révérendissime Evêque d’Arras contre la Comédie. […] Il faut ignorer sa Religion pour ne pas connaître l’horreur qu’elle a marquée dans tous les temps des spectacles et de la Comédie en particulier. […] Il est donc impossible de justifier la Comédie sans vouloir condamner l’Eglise, les saints Pères, les plus saints Prélats ; mais il ne l’est pas moins de justifier ceux qui par leur assistance à ces spectacles non seulement prennent part au mal qui s’y fait, mais contribuent en même temps à retenir ces malheureux ministres de Satan dans une profession, qui les séparant des Sacrements de l’Eglise, les met dans un état perpétuel de péché et hors de salut s’ils ne l’abandonnent. Mais si la Comédie est criminelle dans tous les temps, combien le doit-elle être plus particulièrement dans ceux que l’Eglise consacre d’une manière particulière à la pieté et à la Pénitence tels que l’Avent et le Carême, et où par des Prières et dans des calamités publiques, elle implore, comme on le fait actuellement dans notre Diocèse, la miséricorde de Dieu et travaille à apaiser sa colère si manifestement irritée ; dans un temps en un mot où la nôtre est particulièrement occupé à attirer sa protection sur les Armes de notre invincible Monarque, en n’oubliant rien pour sanctifier ceux qui les portent pour son service, et pour les rendre aussi bons serviteurs de Dieu que du Roi ? […] A ces causes, et attendu la circonstance particulière de l’Avent, de la Mission que nous faisons faire dans cette Ville, et des Prières publiques qui s’y font actuellement pour demander à Dieu la Paix, cette Paix que lui seul peut donner et que nous ne saurions lui demander avec trop d’ardeur ; quoique nous ne puissions ne pas condamner en tout temps la Comédie : Nous défendons particulièrement à tous les Fidèles de notre Diocese d’y aller pendant ce saint temps, consacré par lui-même et par tous les exercices publics de Piété que nous y faisons faire pour des sujets si importants, et ce sous peine d’Excommunication : Nous ordonnons à nos Confesseurs de traiter dans le Tribunal conformément aux Règles marquées par l’Eglise ceux qui contreviendront à notre présente Ordonnance, et particulièrement les personnes de l’autre sexe que la pudeur devrait en détourner avec plus de soin.
Plusieurs Auteurs ne condamnent que la comédie licencieuse, &c. […] Un roman est une comédie ou tragédie en récit, un drame est un roman en action. […] Quelle idée auroit-on d’une mort subite arrivée à la comédie ? […] Sans ces profits il n’y auroit point de comédie. […] Sa doctrine sur la comédie se réduit. 1.° Chacun doit consulter sa conscience.
Or ne serait-ce pas se moquer de Dieu et des hommes, que de dire que l'on va à la Comédie pour l'amour de Jésus-Christ ? Oserions-nous lui offrir cette action, et lui dire, Seigneur, c'est pour vous obéir que je veux aller à la Comédie ; ce sera votre esprit qui m'y conduira ; ce sera vous qui serez le principe de cette action ; c'est par votre Croix que vous me l'avez méritée ? […] Et ceux mêmes qui travaillent le plus à justifier la Comédie, ont-ils jamais osé offrir cette action à Dieu ? […] N'est-ce pas une preuve sensible que leur conscience dément leurs fausses lumières, et qu'ils sont eux-mêmes convaincus au fond de leur cœur du mal qu'il y a dans la Comédie, quoiqu'ils tâchent de se le dissimuler par les faibles raisons que leur esprit leur fournit.
Aujourd’hui c’est une vraie comédie qui se met sur les rangs, & change la face des choses. […] La comédie y demeura pourtant toujours inconnue, jusqu’à l’année 1772, où elle s’y est établie avec autant d’éclat que d’édification. […] Jamais Marie Alacoque ne pensa que cette dévotion contribueroit à faire jouer la comédie. […] Ajoutez à l’Archidiacre un respectable Curé, un vénérable Chapitre, qui vont à la comédie, & la donnent même, en y allant. […] Tout le Royaume à su la terrible leçon que la Justice Divine a donnée à Marseille, dans la tragique catastrophe arrivée à la comédie.