La Grèce sur ses Théatres voulut former des citoyens vertueux dans le sein même du plaisir. […] M. de Chamfort est embarrassé de concilier l’Académie avec elle-même, & avec le gouvernement éclésiastique & civil, & de justifier l’indécence qui priva des honneurs littéraires un de nos plus célébres écrivains, un citoyen vertueux des droits de citoyen & à la vie & à la mort, car il est vrai que Moliere a vécu dans l’infamie légale, & Corneille en homme d’honneur, qu’il est mort sans aucune marque de religion, qu’il a été privé de la sépulture éclésiastique, & Corneille en bon Chrétien. […] Avec des mœurs la république aura des magistrats, des citoyens, des hommes ; sans les mœurs on n’aura que des scélérats. […] Est-il fort intéressant pour Athenes, qu’on rende parfaitement sur la scene Priam, Ulisse, Philoctete, tandis que personne ne sait être citoyen dans la place publique, ni magistrat dans l’aréopage ?
Ainsi en ces vives couleurs vous faites briller l’éclat, le pourpre étincelant, et l’émail des vôtres, et entre mille belles fictions sentez un aise véritable de dire la vérité, qui citoyenne du ciel ne permet qu’aux Déesses la jouissance de sa conversation : Le souvenir du bonheur de la vôtre me tire ces paroles du cœur, Que je suis ravie en l’admiration des perfections, qui vous ont aussi dignement acquis mon esprit, que l’affection dont je vous veux honorer et servir, et ne me laisser non plus égaler en ce désir, que vous aux vertus qui vous élèvent au trône de la gloire, que je loue par mon silence, puisqu’il faut que le pauvre Aristée se taise lorsque le grand Apollon commence à chanter.
Rendez les peuples plus heureux, et par conséquent les Citoyens moins rares, les amis plus sensibles et plus constants, les pères plus justes, les enfants plus tendres, les femmes plus fidèles et plus vraies ; nous ne chercherons point alors d’autres plaisirs que ceux qu’on goûte au sein de l’amitié, de la patrie, de la nature et de l’amour. […] Ne faisons point à nos Françaises l’injure de penser que l’amour seul puisse les émouvoir, comme si elles n’étaient ni citoyennes ni mères. […] Vous prétendiez un moment auparavant, que les leçons de la Tragédie nous sont inutiles, parce qu’on n’y met sur le Théâtre que des héros, auxquels nous ne pouvons nous flatter de ressembler ; et vous blâmez à présent les pièces où l’on n’expose à nos yeux que nos citoyens et nos semblables ; ce n’est plus comme pernicieux aux bonnes mœurs, mais comme insipide et ennuyeux que vous attaquez ce genre. […] Mais si l’âge d’or s’est réfugié dans les rochers voisins de Genève, vos Citoyens en sont pour le moins à l’âge d’argent ; et dans le peu de temps que j’ai passé parmi eux, ils m’ont paru assez avancés, ou si vous voulez assez pervertis, pour pouvoir entendre Brutus et Rome sauvée z sans avoir à craindre d’en devenir pires. […] J’en dis autant des lois somptuaires, dont il est toujours facile de maintenir l’exécution dans un petit Etat : d’ailleurs la vanité même ne sera guère intéressée à les violer, parce qu’elles obligent également tous les Citoyens, et qu’à Genève les hommes ne sont jugés ni par les richesses, ni par les habits.
tant d’anecdotes scandaleuses capables de faire frémir tout Citoyen fidèle & tout sujet soumis ? […] Tais-toi, voix sépulcrale ; Chrétiens & Citoyens, nous croyons que le sang ne doit couler que pour la Religion & la Patrie. […] Je ne fais pas le bien que j’aime Et je fais le mal que je hais. » J’en appelle encore à témoin ce héros citoyen, qui semble ne vivre parmi nous que pour s’élever en témoignage contre nous. […] que de tous les dons que le Ciel peut verser sur une nation, le don de tous, le plus céleste seroit bien la prudence, si le Ciel la rendoit commune à tous les Citoyens ! […] Apprends qu’ il suffiroit d’être homme & Citoyen pour être sensible à tous les maux (p. 2.)