Qu’on joigne à tout cela la voix séduisante, les attitudes étudiées d’une actrice qui n’épargne rien pour séduire le cœur, et s’attirer le tribut d’éloges qu’on peut rendre aux grâces et à la beauté d’un sexe qui n’a pas besoin de tant d’art pour nous séduire.
Si, d’un autre côté, quelqu’un plus hardi voulait retrancher tout à fait l’épisode de Junie (dont en effet Racine n’avait pas besoin) en sorte qu’il ne fût point question d’amour dans cette Pièce, mais seulement de la politique de Néron, qui veut se défaire de Britannicus pour n’avoir point de concurrent à l’Empire ; le travail serait, à la verité, plus difficile ; mais aussi l’avantage en serait plus éclatant et plus sûr. […] Je conclus donc que les personnages qui meurent peuvent être innocents, et que les Spectateurs peuvent s’en affliger tant qu’ils veulent ; pourvu qu’à côté de la compassion marche toujours, suivant le besoin, ou l’horreur du vice, ou l’amour de la vertu ; et c’est l’effet de ce sentiment, qui constitue la catastrophe. […] Dans mes examens précédents j’ai placé, parmi les Pièces que je conserve, des Tragédies qui, sûrement, ont encore plus besoin que celles de Jugurtha, d’une recherche exacte et rigoureuse, pour être purgées de quelques expressions trop vives, j’aurais donc pû conserver celle-ci telle qu’elle est ; mais des gens plus délicats que moi trouveraient peut-être quelque chose à reprendre dans les Scènes d’amour qui se passent entre Artemise, Ilione et Adherbal : c’est ce qui m’a obligé de la mettre dans le rang des Tragédies à corriger, après l’avoir examinée avec la dernière sévérité. […] La Tragédie d’Amasis peut être comptée parmi les meilleures Tragédies modernes que nous ayons ; et, si je la place dans la classe des Tragédies à corriger, ce n’est que pour une seule Scène qui me paraît en avoir besoin.
Je n’ai pas besoin de rappeller ici le discours du célebre Pere Porée. […] Les Sujets à leur tour ont besoin de délassement.
Auroit-elle besoin de quelque chose de plus pour nourrir tous ses pauvres ?