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352. (1781) Réflexions sur les dangers des spectacles pp. 364-386

Princes qui étendez une domination éclairée et prévoyante sur cette belle partie du monde, menacée de perdre des avantages long-temps si marqués, sur le reste du globe, ne souffrez pas que l’ivresse des spectacles dévore une des grandes ressources de votre puissance ? […] Dans les beaux temps de la république on n’avoit point d’idée d’histrions ; de quoi eussent servi les gesticulations et les mignardises de ces gens-là aux Camille et aux Cincinnatus17 ? […] Voyez l’état physique et animal des individus qui constituent la population actuelle des plus belles provinces de l’Europe. […] Toutes ces belles moralités du théâtre, sans sanction et sans appui, on ne sait que trop que le vent les emporte :    Venti Omnia diripiunt, et nubibus irrita donant.

353. (1770) Des Spectacles [Code de la religion et des mœurs, II] « Titre XXVIII. Des Spectacles. » pp. 368-381

Les préceptes peuvent diriger, les récompenses encourager, les menaces intimider, les peines arrêter ; mais un exercice qui, éclairant l’esprit, le formeroit ; qui, touchant le cœur, le corrigeroit ; qui, faisant connoître la vertu, la rendroit aimable ; qui, montrant le vice, en découvriroit la laideur, seroit le plus beau présent qu’on pût faire au public. […] « Quoi de plus odieux à la société, dit un Auteur moderne, que de voir tous les jours des citoyens consacrer leurs plus beaux jours à des filles de théâtre nées dans le libertinage ?

354. (1632) Les Leçons exemplaires de M.I.P.C.E. « Livre III, Leçon X. LA COMEDIENNE CONVERTIE. » pp. 461-479

Car je tiens que ces deux choses ne diffèrent qu’en ce point que la Cour est une Comédie véritable et la Comédie est une Cour feinte, et en l’une et l’autre Scène ce n’est que masque et folie ; Ils eurent beau m’alléguer qu’il s'y trouvait de toute sorte d’Ecclésiastiques même des Religieux et qu’il ne se représentait rien devant leurs Majestés qui ne pût être représenté dans une Eglise tant la modestie et la gravité y étaient observées. […] Mais quand il arrive que Fadrique (dont elle est véritablement aimée) est encore son amant en la Représentation, alors c’est un esteufh entre deux beaux joueurs et il n’y a rien d’égal aux ardeurs de l’un et aux froideurs de l’autre, c’est la figure du mont Etna où la flamme et la glace sont contiguës.

355. (1777) Des divertissements du Carnaval « Des divertissements du Carnaval. » pp. 92-109

Mais quand les beaux jours commencèrent à s’obscurcir, que le Ciel irrité répandait ses torrents et que la mer en courroux ne reconnaissait plus de bornes ; quand les eaux du déluge ayant interrompu tous les plaisirs, portaient l’effroi avec la mort jusques sur le sommet des plus hautes montagnesd : alors pensait-on que la morale avait été outrée, et qu’elle portait à faux ? […] Je sais bien qu’il y a des gens qui, à ce qu’ils disent, courent moins de hasard en ces lieux-là que d’autres ; cependant les gens qui composent ces sortes d’assemblées, ont assez de peine à résister aux tentations dans la solitude ; à plus forte raison dans ces lieux-là où les beaux objets, les flambeaux, les violons, et l’agitation de la danse échaufferaient des Anachorètes.

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