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98. (1634) Apologie de Guillot-Gorju. Adressée à tous les beaux Esprits « Chapitre » pp. 3-16

Il n’y a rien de si conforme au naturel de l’homme que le plaisir, et encore qu’un chacun le nie, on est contraint à la fin de l’avouer, ainsi que ce Berger dans Esope, lequel n’osant dire au Lion l’endroit du bois où s’était cachée la Biche, lui montrait du doigt. […] Tout travail mérite récompense ; et qui ne voit qu’il faudrait détruire le commerce, si les choses se donnaient pour rien : au contraire, il faudrait avouer que les Comédiens seraient infâmes, s’ils prenaient votre argent sans vous donner du plaisir, ou s’ils vous donnaient du plaisir pour rien, qui ne les estimerait gens pleins de grand loisir ?

99. (1690) Entretien sur ce qui forme l’honnête homme et le vrai savant « VII. ENTRETIEN. » pp. 193-227

J’avoue qu’il y a peu de personnes qui se connaissent en raisonnements ; et que c’est cause de cela qu’il faut les surprendre charitablement, pour leur faire recevoir la vérité : mais cela ne dispense pas un Orateur de la prouver solidement. […] J’avoue que voila le fond de la Philosophie : Mais cela n’apprend pas la Physique.

100. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre II. L’Arétin, le Tasse, l’Arioste. » pp. 38-79

Il ne lui eût rien coûté de se rétracter & de s’avouer calomniateur, quand il avoit quelque vengeance à craindre de ceux qu’il avoit infulté, & de leur faire lâchement sa cour. […] Il avoue, dans un grand discours sur l’amour, prononcé à l’Académie de Padoue, que l’amour est un poison : mais, dit-il, c’est un poison sucré. […] C’en étoit une en effet ; & le Tasse, par une autre imbécillité, s’imagina que, pour faire excuser sa passion & obtenir sa liberté, il falloit entrer dans les idées du Duc, s’avouer insensé, & attribuer tout à sa folie, qui par une nécessité invincible, lui avoit arraché ses sentimens. […] Il avoue cependant que dans ce même temps il fut joué une comédie des plus licencieuses, au couronnement de l’Empereur Charles V, devant ce prince & toute la cour, & que bien des Cardinaux s’y trouverent : ce qui n’est pas fort digne de la sainteté du Sacré Collége, si le fait est vrai. […] Le traducteur est forcé d’en convenir ; &, malgré l’apologie qu’il en fait, & le soin qu’il dit avoir pris, d’adoucir les endroits trop libres , il avoue qu’il nous auroit déplu, puisqu’on ne peut le traduire littéralement sans blesser la pudeur .

101. (1667) Traité de la comédie et des spectacles « Sentiments des Pères de l'Eglise sur la comédie et les spectacles — Avertissement » pp. 72-80

Or il faut avouer de bonne foi que la Comédie moderne est exempte d'idolâtrie et de superstition: mais il faut qu'on convienne aussi qu'elle n'est pas exempte d'impureté ; qu'au contraire cette honnêteté apparente, qui avait été depuis quelques années le prétexte des approbations mal fondées qu'on donnait à la Comédie, commence présentement à céder à une immodestie ouverte et sans ménagement, et qu'il n'y a rien par exemple de plus scandaleux que la cinquième Scène du second Acte de l'Ecole des Femmes, qui est une des plus nouvelles Comédies.

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