Ce n’est pas qu’il n’ait fait tout ce que la brièveté du temps et ses occupations de devoir lui ont permis, pour donner à son discours l’air le moins contraint, le plus libre et le plus dégagé qu’il a pu; mais, comme il n’est point de genre d’écrire plus difficile que celui-là, il avoue e bonne foi qu’il aurait encore besoin de cinq ou six mois pour mettre ce seul discours du Ridicule non pas dans l’état de perfection dont la matière est capable, mais seulement dans celui qu’il est capable de lui donner.
Des l’annonce de sa réponse, et sur cette annonce seulement, j’ai presque désiré, je l’avoue, que mes raisonnemens fussent détruits de fond en comble, et qu’il me fùt impossible de répliquer, tant il me semblait doux d’être détrompé et ramené à l’opinion d’un homme aussi éclairé que M. le missionnaire Desmares. […] Au reste, je ne veux pas plus m’écarter aujourd’hui que la première fois du langage qui convient entre gens bien élevés, et je n’en serai pas moins disposé à oublier l’âpreté du vôtre : il est permis, je le conçois, de montrer un peu d’humeur quand on doit, comme vous, s’avouer intérieurement que l’on a trois fois tort.
Je vous avoue, mon cher Comte, que la vie des petites villes est une vraie mort ; point de cafés, point de spectacles ; je me passe de l’un, mais je ne saurois me consoler d’avoir perdu l’autre. […] J’avoue qu’il s’est trouvé quelques écrivains, comme le P.
Il avoue, & Marmontel aussi dans son apologie, que Moliere a fait la même faute, & que s’il revenoit au monde, il adouciroit les traits de son pinceau, respecteroit davantage l’honnêteté publique, & se conformeroit aux loix de bienséance qui distinguent notre siecle. […] On vit par le public un Poëte avoué S’enrichir aux dépens du mérite joué, Et Socrate par lui dans un chœur de nuées, D’un vil amas de peuple attirer les huées. […] Je l’avoue en gémissant, aucune nation n’a fourni tant de Comédiens & de si habiles, tant de spectateurs & de lecteurs, & de si éclairés ; j’en rougis pour ma patrie, aucune n’a imaginé tant de genres de décoration, de machines, de spectacles, aucune n’enfante tant de musiciens, instrumens, danseurs, sauteurs, machinistes, tabarins, &c.