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185. (1855) Discours sur le théatre, prononcé dans l’assemblée publique de l’Académie de Pau, où se trouvoient les Députés des Etats du Béarn et les Dames de la ville pp. 1532-1553

On ne va à la comédie que pour s’amuser, on ne s’y remplit que de passions de bouffonnerie, la foule ne goûte et n’est capable de goûter que les folies qui la font rire ; elle attend la soubrette avec impatience, quand le héros parle raison sur la scène, vouloir en faire une école de bon goût, c’est une chimère. […] Il énerve son style, affadit ses grâces, affaiblit son génie, et celui de tous ses élèves ; n’en attendez rien de mâle et de nerveux.

186. (1702) Lettre de M. l’Abbé de Bellegarde, à une Dame de la Cour. Lettre de Lettres curieuses de littérature et de morale « LETTRE. de M. l’Abbé de Bellegarde, à une Dame de la Cour, qui lui avait demandé quelques réflexions sur les pièces de Théâtre. » pp. 312-410

Péripétie est un changement de fortune, ou le passage d’un Etat à un autre, contre ce qu’on avait attendu, différent de ce que nous avons appelé terreur. […] Cette Princesse conçoit un amour violent pour Hippolyte, fils de Thésée, son mari : Après bien des combats, elle prend enfin la résolution de découvrir à son Amant une flamme si criminelle : Ce jeune homme, plein de vertu, bien loin de répondre à cet amour incestueux, est épouvanté d’une déclaration si peu attendue : L’amour de Phèdre se change en fureur, et dans la crainte d’être prévenue, elle se hâte d’accuser son Amant, et se résout à le perdre par une calomnie horrible ; enfin elle se livre toute entière à son désespoir, et se donne à elle-même la mort qu’elle n’avait que trop méritée.

187. (1760) Sur l’atrocité des paradoxes « Sur l’atrocité des paradoxes —  J.J.L.B. CITOYEN DE MARSEILLE, A SON AMI, Sur l’atrocité des Paradoxes du Contemptible J.J. Rousseau. » pp. 1-128

Qu’attendre d’un fanatique singulier qui se plaît à hipercritiquer l’Univers entier, & qui souvent pousse l’extravagance au point de ne pas être de son avis ? […] Mais sitôt que ce même peuple commença à s’agrandir par ses victoires qu’il se vit obligé d’étendre l’enceinte de ses murs, & qu’il se donna impunément la liberté de passer les jours de fête à boire & à se divertir, la licence s’empara des Vers & de la Musique ; car que pouvait-on attendre d’un Villageois ignorant qui n’avoit plus rien à faire, & qui se trouvait mêlé avec le citoyen ? […] » Tu ne te serais pas attendu à ce subterfuge : tu n’aurais jamais cru que s’intéresser à un malheureux qui va recevoir le salaire dû à ses crimes sur un échaffaut, se délivre de ses gardes, perce la foule, & trouve le moyen, par une fuite précipitée, de tromper ceux qui le poursuivent, soit se mettre à sa place, quand même j’aurais servi à lui faire un passage à travers la populace ; ce sentiment est chez tous les hommes pensans, hors chez des barbares, comme Jean-Jacques Rousseau ; être l’instrument innocent de son évasion, n’est point s’associer à ses forfaits ; l’humanité en est garant, quoiqu’ennemie des voleurs & des assassins. « Un peuple (dit-il) voluptueux veut de la musique & des danses ; » il veut parler des Français ; son Devin de Village est la preuve qu’il connaît l’esprit & le goût de la nation ; il a donc contribué lui-même à corrompre nos mœurs. […] je vous demande pardon, je ne m’attendais pas à ce trait ; je vous suis obligé, me voilà totalement convaincu… la peste !

188. (1781) Lettre à M. *** sur les Spectacles des Boulevards. Par M. Rousseau pp. 1-83

Si la raison particuliere était toujours nécessairement & invariablement conforme à la raison universelle, à la nature des choses, aux loix de la société, si la droiture naturelle était inaltérable, & les passions incorruptibles, alors, & seulement alors, il faudrait se fier entierement à la nature, laisser mûrir la raison, & en attendre ces vertueuses habitudes qu’on a tant de peine à former… Mais, où trouver des enfans si heureusement nés, d’une organisation si pure, d’un esprit si parfait, que les habitudes les plus nobles & les plus généreuses croissent & se fortifient d’elles-mêmes en eux, sans le secours de l’instruction, & malgré la contagion du mauvais exemple ? […] On doit s’attendre, toutes les fois que l’on dit la verité, à se faire autant d’ennemis qu’il y a de gens intéressés à la combattreLettre de Mylord, Comte de Rochester, à son fils. […] Voilà, Monsieur, ce que j’ose attendre de la suppression des Spectacles Forains. […] J’apprens dans l’instant, avec la plus vive satisfaction, qu’un Ministre aussi distingué par ses qualités personnelles, que par ses talens supérieurs, & une modestie que je craindrais de blesser en le nommant, s’occupe serieusement de cette réforme, & qu’il va faire rendre aux Auteurs toute la justice qu’il avaient lieu d’attendre de lui.

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