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76. (1694) Lettre d’un théologien « Lettre d'un théologien » pp. 1-62

Je sais bien que comme elle était un peu trop hardie, les Athéniens eurent raison de lui ôter cette liberté et de l’empêcher de s’attaquer immédiatement à personne ; mais on lui permit de s’attacher généralement à reprendre les mœurs, et ce n’a été que par un abus, dont les choses même les plus saintes ne sont pas exemptes, que depuis, au lieu de les reformer elle a pu contribuer à les corrompre. […] Nous voyons que ce qu’il y a d’Abbés, de Prêtres, d’Evêques et d’Ecclésiastiques, ne font point de difficulté de jouer, et qu’ils prétendent que toutes ces Censures des Pères de l’Eglise se doivent entendre de l’excès du jeu, et non pas de celui qui est modéré, sans attache, et seulement pour passer un peu le temps. […] Mais, s’il est permis et louable d’user quelquefois de récréations et de divertissements, rien n’est plus illicite, ni même plus criminel que d’en jouir toujours, sans modération et sans mesure ; d’y avoir une attache désordonnée ; et de ressembler à certaines Gens dont il est parlé ans le Livre de la Sagesse, qui croyaient que la vie même n’était qu’un jeu. […]  : « que les Chrétiens de son temps et de son Diocèse n’allaient pas simplement à la Comédie, mais qu’ils y étaient si attachés qu’ils demeuraient des jours entiers à ces infâmes Spectacles, sans se mettre en peine des Divins Offices, ni d’aller un moment à l’Eglise rendre leur devoir à leur Créateur. » S. […] [NDUL] Josias de Soulas, sieur de Primefose, dit Floridor, était fils d’un ministre protestant qui s’était converti à la religion catholique après avoir été attaché à la maison de Catherine de Navarre, duchesse de Bar et sœur de Henri IV.

77. (1838) Principes de l’homme raisonnable sur les spectacles pp. 3-62

Puissent-ils plus mûrement calculer la terrible responsabilité qu’impose le scandale donné, et comprendre l’énergie de ces paroles redoutables : Si quelqu’un scandalise un de ces petits qui croient en moi, il vaudrait mieux pour lui qu’on lui attachât au cou une meule de moulin, et qu’on le jetât dans le fond de la mer… Malheur à l’homme par qui le scandale arrive ! […] Ce qui doit résulter de là, c’est qu’ils sont au moins suspects ; et, puisque ceux qui soutiennent que l’innocence y est blessée, sont du reste les plus réglés dans leur conduite, les plus attachés à leurs devoirs, les plus versés dans la science des voies de Dieu, n’est-il pas plus sûr et plus sage que je m’en rapporte à eux, et que je ne risque pas si légèrement mon Salut ? […] Dieu attache quelquefois le salut de certaines personnes à des paroles de vérité qu’il a semées dans leur âme vingt ans auparavant, et qu’il réveille pour leur faire produire des fruits de vie. […] « Communément,36 jusqu’à l’âge de dix ans, dit-il, les enfants sont bien élevés : depuis dix ans jusqu’à quinze, l’éducation faiblit, et les enfants commencent à être gâtés, souvent même par leurs pères et mères ; enfin, depuis quinze ans jusqu’à vingt, les jeunes gens, maîtres de leurs actions, achèvent eux-mêmes de se corrompre. » « Les parents, pour l’ordinaire, plus occupés de l’extérieur que du fond de l’éducation de leurs enfants, ne s’attachent qu’à leur apprendre les manières et l’usage du monde où ils ont grand soin de les produire. […] Il leur persuade que, pour être honnête homme ; il suffit de n’être pas un franc scélérat. » « J’aurais trop d’avantage, si je voulais passer de l’examen de Molière à celui de ses successeurs, qui, pour mieux suivre ses vues intéressées, se sont attachés dans leurs pièces à flatter une jeunesse débauchée et des femmes sans mœurs. » « La belle école que le Théâtre !

78. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre III. Suite de Mêlanges. » pp. 84-120

Ce seroit le comble de la perfection, si la perruque pouvoit s’appliquer si immédiatement à la peau, & s’y attacher si étroitement, qu’elle y parût incorporée & en naître, comme les cheveux naturels. […] En se séchant elle s’attache à la peau, on ne peut tirer la perruque sans peine, & on risque de s’écorcher : il faut du temps pour tirer la colle desséchée, & en mettre d’autre ; elle gâte la perruque par des croutes qui s’épaississent tous les jours. […] Commens depuis Homere tous les poëtes , jusqu’au grand Corneille, au grand Racine, au grand Voltaire, se sont-ils servilement attachés à copier de siecles barbares ? […] Les leçons qu’on donne à la jeunesse ne doivent être ni pompeuses, ni tumultueuses ; on ne s’attache qu’aux dehors qui frappent : ainsi la Comédie Françoise, qui quelquefois débite une bonne morale, ne fait aucune impression ; l’attention se partage entre les gestes & la déclamation, les habits, les visages, au lieu de se réunir toute vers les préceptes qu’on y débite. […] & quel enlévement peut faire un vieux homme attaché à la Cour, chargé d’un théatre où il montoit tous les jours ?

79. (1667) Traité de la comédie et des spectacles « Traité de la comédie et des spectacles » pp. 1-50

L'idée qui y est attachée par l'institution des hommes, est ce qui nous en peut faire connaître la nature; car, ce qu'on entend par le mot de Comédie n'est autre chose que la représentation d'une aventure agréable et gaie, entre des personnes communes. […] Les femmes de qualité et de vertu en auraient de l'horreur, au lieu que l'état présent de la Comédie ne faisant aucune peine à la pudeur attachée à leur sexe, elles ne se défendent pas d'un poison aussi dangereux et plus caché que l'autre qu'elles avalent sans le connaître, et qu'elles aiment lors même qu'il les tue. […] Cette estime pour Comélie que le Poète a voulu donner en cet endroit aux spectateurs, après l'avoir conçue lui-même, vient du fonds de cette même corruption qui fait regarder dans le monde comme des enfants mal nés et sans mérite, ceux qui ne vengent pas la mort de leur Père, ou de leurs parents, en sorte que le public attache souvent leur honneur à l'engagement de se battre contre les meurtriers de leurs proches ; qu'on les élève dans de si horribles dispositions, et qu'on mesure leur mérite à la correspondance qu'on trouve en eux aux sentiments qu'on prétend leur donner, que ces sortes de représentations favorisent encore d'une manière pathétique, et qui s'insinue plus facilement que tout ce qu'on pourrait leur dire d'ailleurs.

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