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30. (1764) Comédie pp. 252-254

De ces principes, j’ai conclu ailleurs qu’on ne peut pas même permettre d’assister à la première représentation d’une Comédie. 1°. […] Parce que l’exemple d’un homme réglé, qu’on verrait au spectacle, autoriserait une infinité de personnes d’une vertu plus que médiocre, à y assister.

31. (1666) De l’éducation chrétienne des enfants « V. AVIS. Touchant les Comédies. » pp. 203-229

Ils déplorent l’aveuglement de ceux qui croient qu’il n’y a pas de mal à assister avec plaisir et avec applaudissement à des représentations, d’où ils ne peuvent remporter que des imaginations honteuses et des desseins criminels. […] Ils appellent ces assemblées des écoles et des sources publiques d’impureté ; ils les décrient comme des fêtes du diable ; ils obligent ceux qui y ont assisté à se purifier par la pénitence avant que d’entrer dans l’Eglise ; enfin ils font des peintures si tristes et si horribles de l'état où l’on se trouve au sortir de ces divertissements, qu’on ne les peut voir sans frémir, et sans s’étonner de l’effroyable aveuglement des hommes, à qui les plus grands crimes ne font horreur, que quand ils ne sont plus communs, et qui non seulement cessent d’en être choqués, mais souvent même les font passer pour des actions innocentes. […]  » Mais supposé qu’il n’y ait rien dans les comédies qui puisse blesser l’innocence des jeunes gens, ni exciter en eux des passions dangereuses : supposé que de trente pièces de théâtre il y en ait une qui ne blesse point ouvertement la pureté, et l’innocence : supposé qu’il n’y ait rien dans les ajustements, dans la nudité, et dans les gestes des Comédiennes, qui blesse la modestie, et qui ne réponde à la pureté et à la piété des vierges qu’elles représentent : supposé que les personnes qui y assistent ne puissent inspirer aux jeunes gens l’esprit du monde et de la vanité qui éclate dans leur manière de s’habiller, dans tous leurs gestes, et dans toutes leurs actions : supposé que tout ce qui se passe dans ces représentations malheureuses ne porte point au mal ; que les paroles, les habits, le marcher, la voix, les chants, les regards, les mouvements du corps, le son des instruments, les sujets mêmes et les intrigues des comédies, enfin que tout n’y soit point plein de poison, et n’y respire point l’impureté : Vous ne devez pourtant pas laisser d’empêcher vos enfants, de s’y trouver ; Hom. […] Mais lorsqu’ils vous voient tous les jours quitter vos occupations, vos travaux, et l’argent qui vous en revient, en un mot renoncer à tout pour assister à ces spectacles, ils redoublent leur ardeur, et ils s’appliquent bien davantage à ces niaiseries. […] Chrysostome, aussi bien que Tertullien, ne condamne pas seulement les comédies à cause de leur dissolution et de leur impureté, mais encore à cause qu’il n’est pas permis aux Chrétiens de passer le temps dans les ris, dans les divertissements, et dans les délices qui sont inséparables de ces spectacles ; qu’il les condamne, parce qu’on ne peut s’empêcher d’y donner de l’approbation et de l’applaudissement à des choses pour lesquelles les fidèles doivent avoir une souveraine horreur, et comme il ajoute en suite, « parce que ce sont ceux qui assistent à ces spectacles qui entretiennent la vie libertine de ceux qui les représentent, qui les animent par leurs ravissements, par leurs éclats et par leurs louanges, et qui travaillent en toute manière à embellir et à relever cet ouvrage du démon ».

32. (1772) Sermon sur les spectacles. Pour le Jeudi de la III. Semaine de Caresme [Sermons pour le Carême] « Sermon sur les spectacles » pp. 174-217

J’ajoute que quand même on pourrott le regarder comme indifférent en lui-même, encore ne pourroit-on sans crime y assister, à raison seulement du risque où s’y trouve toujours l’innocence. […] J’assiste à tous les spectacles, dit-on, & j’en sors toujours innocent. […] On en voit encore quelques-uns de ce caractere ; mais ce ne sont point eux qui le diront : j’assiste tous les jours au spectacle & j’en sors toujours innocent. […] Je ne suis pas surpris qu’ils nous le disent : J’assiste tous les jours au spectacle, & j’en sors toujours innocent. […] J’assiste tous les jours au spectacle, & j’en sors toujours innocent.

33. (1700) IV. Sermon des spectacles, comedies, bals, etc. [Sermons sur tous les sujets de la morale chrétienne. Cinquiéme partie] « IV. Sermon des spectacles, comedies, bals, &c. » pp. 95-126

JE commence par ce qu’il y a de plus important, & de plus difficile à décider sur cette matiere ; sçavoir, si c’est un peché grief de se trouver au bal, d’assister à la comedie, & aux autres spectacles publics, & enfin de se trouver dans ces assemblées du beau monde, pour contribuer au divertissement les uns des autres. […] C’est pourquoy l’on insiste ordinairement à demander, s’il y a peché mortel d’assister au bal & à la comedie, qui sont maintenant les deux sortes de spectacles qui sont le plus en usage, & où l’on fait le moins de scrupule de se trouver. […] Premierement la disposition de ceux qui y assistent, lorsque par leur foiblesse, ils sont susceptibles de toutes les impressions, que ces spectacles sont capables de faire sur leurs esprits ; c’est ce qu’on appelle s’exposer à l’occasion du peché. […] Mais à la bonne heure, me direz-vous, que ceux qui connoissent leur foible, s’en éloignent, en cherchant dans une vie retirée, un asile à leur innocence, & qu’ils ne chargent point les autres du soin de leur salut ; mais ceux qui n’ont rien à craindre de ce côté là, ne peuvent-ils pas y assister sans s’en faire un point de conscience ? […] Car pourquoy, dira-t-on, se feroit-on un point de conscience d’assister à ces spectacles, puisque les gens d’une vertu plus reguliere, & d’une probité plus reconnuë, ne font point de scrupule de s’y trouver ?

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