Il y en eut une à Angers qui dura quatre jours, & qui fut précédée par une Grand-Messe, dont on avança l’heure, de même qu’on retarda celle de Vêpres, afin que le Clergé y pût assister.
Depuis ce temps-là on voit distinguer dans les Auteurs les jeux sacrés qui se donnaient en l’honneur des Dieux, et les jeux ordinaires du théâtre ; les jeux sacerdotaux, où devait toujours se trouver quelque Prêtre qui offrît des sacrifices, et où il était défendu aux bouffons et aux mimes de se trouver, et les jeux profanes, auxquels Julien l’Apostat défendait aux Prêtres d’assister, pour imiter, disait-il, la retenue et la modestie des Prêtres Galiléens (c’est-à-dire Chrétiens).
Enfin, dans la même Lettre Pastorale, le Cardinal Querini fait connoître qu’il avoit toujours refusé d’assister aux représentations dramatiques qui se faisoient dans les Colleges. […] Il faut y éprouver ce plaisir, ou s’y ennuyer, à moins qu’on n’y assiste que comme des automates. […] Il pensoit que personne ne pouvoit jamais assister à aucun Spectacle, sans s’y corrompre82. […] Mais ne peut-on pas assister les indigens, sans aller à la Comédie ? […] Caffaro fit pour prouver qu’il étoit permis, non seulement de composer des Pieces de Théatres, mais de les jouer, & d’y assister.
Jean Jacques, quel motif pourrait alors empêcher nos plus pieux Ecclésiastiques d’y assister ? […] On opposera vainement que non seulement un Ecclésiastique mais même un simple particulier ne peut jamais assister au spectacle parce que le vice au Théâtre est toujours en opposition avec la vertu et que l’image du vice est toujours scandaleuse ; je réponds à cela qu’il faudrait donc bannir de l’éloquence sacrée ces peintures énergiques et frappantes du crime qui semblent le mettre sous les yeux des Auditeurs, dont on veut que l’imagination soit puissamment affectée par les images oratoires.