Perse fait allusion à cette couleur, lorsque se moquant d’un amant transi auprès de sa maîtresse qui le méprisoit, elle répondra, dit-il, à vos fleurettes en vous donnant des coups avec sa pantoufle rouge : Solea objurgabere rubra. […] Un gentilhomme en Poulaine, un amant à Poulaine étoient les élégans du tems. […] C’étoit son amant qui les lui avoit pris ; elle s’en consola quand elle eut découvert le voleur. […] Le Roi, qui admiroit tous les pas de la Comtesse, car alors on disoit comme aujourd’hui, Tous vos pas sont des sentimens, tous vos pas sont des graces, le Roi, avec l’empressement & la frivolité d’un amant, court le ramasser, & l’arbore à la boutonniere de son habit comme un monument de victoire, & le plus précieux des ornemens royaux. […] Son amant en fut irrité, & pour la consoler s’écria avec chagrin : Honni soit qui mal y pense ; je jure que tel qui se moque de cette jarretiere se trouvera fort heureux de la porter ; & aussi-tôt il créa un Ordre de Chevalerie, dont la marque est une jarretiere bleue, couleur de la Dame.
Ce cantique ne respire qu’un amour céleste, et cependant parce qu’il y est représenté sous la figure d’un amour humain, on défendait la lecture de ce divin poème à la jeunesse : aujourd’hui on ne craint point de l’inviter à voir soupirer des amants pour le plaisir seulement de les voir s’aimer, et pour goûter les douceurs d’une folle passion.
Toute sa plaisanterie consiste dans les naïvetés d’un paysan, méssager de l’amant, qui découvre le secret de l’intrigue au mari même, sans le connoître, comme dans l’École des Femmes le galant se décelle au jaloux, qu’il ne connoît pas, & dans des grossieretés du mari, de sa femme, des domestiques, dont on ne riroit qu’à la Place Maubert, si la Place Maubert étoit la seule corrompue. […] L’École des Femmes est moins révoltante ; c’est là une fille libre, ici une femme mariée qui s’oublie jusqu’à recevoir des lettres de son amant & lui donner des rendez-vous. Surprise avec lui dans sa chambre, & ensuite pendant la nuit dans un bois, au lieu d’en être couverte de confusion, elle se moque de son mari & l’insulte, & se tire si bien d’affaires par ses fourberies, qu’elle en est récompensée & passe pour une Lucrèce, & le mari est forcé de lui demander pardon à genoux, ainsi qu’à son amant, sous le bâton du beaupère, vieux gentilhomme ridicule, qui avec sa femme porte l’entêtement de sa noblesse à un excès sans vrai-semblance. […] La femme de théatre, bien mieux avisée, ira se consoler avec son amant, & se moquer de son incommode mari. […] Il y découvre même une autre indécence : la fille de l’Avare, au risque de tout, de concert avec son amant, le fait entrer au service de son père, pour être à portée de le voir & d’en être vûe : Ce qui est contraire à la bienséance ; on ne doit jamais exposer de pareils modelles aux yeux des spectateurs.
., soit afin qu’elle ne soient pas confondues avec les personnes de condition par des ornements et des habits si peu assortis à la bassesse de leur métier, et qu’elles affectent plus que d’autres, soit pour arrêter leurs folles dépenses et celles de leurs amants. […] Cette Nymphe, célèbre par ses intrigues, son luxe, et ses amants, qu’elle avait ruinés pour y fournir, qui même par ses talents en coquetterie avait mérité que les autres Actrices vinssent recevoir ses leçons, et la prendre pour modèle ; cette fée, dis-je, comme l’Auteur l’appelle, avait tellement enchanté un riche Financier, que par ses profusions excessives il la mit sur le pied des Dames du plus haut rang, lui assura par contrat, sous le titre de dette une pension considérable, et enfin fut accablé de dettes. […] On voit ici le manège d’une fille de théâtre, les subtilités et l’effronterie d’une danseuse de l’Opéra, pour escroquer l’argent de ses amants qu’elle vole à toutes mains. […] Enfin quand la bourse de cet amant fut épuisée, elle le renvoya honteusement : promesses, serments, bienfaits, etc., on ne tint compte de rien. […] Au souper qui suit le spectacle, on ne parla que des intrigues des Actrices, de dix amants ruinés, de trente trompés, de quarante assez imbéciles pour se croire aimés, etc. » Ne sont-ce pas bien là des objets dignes d’occuper le Conseil d’Etat, d’être soigneusement retenus dans leurs nobles fonctions, de n’obtenir que très difficilement la liberté de priver le public de leurs importants services ?