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64. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE VII. Du Père Porée. » pp. 149-177

Mais voici Thalie qui d’un air enjoué vient vanter sa réforme prétendue. […] quel air de tendresse & de passion ! […] Des pas cadencés sur la mesure d’un air sont des choses indifférentes. […] L’ennemi est trop rusé pour proposer grossierement le mal ; son intérêt est de rassurer par un air de paix & de décence. Les Pasteurs lâches & complaisans, qui par ignorance ou par foiblesse laissent dévorer leurs brebis, ou les laissent paître dans des champs agréables dont l’air contagieux ou les herbes venimeuses leur donnent la mort, ces Directeurs si peu dignes de l’être, qui pour ne pas aigrir ceux qu’ils ont intérêt de ménager, les laissent passer du spectacle au sacré Tribunal, & de la sainte Table au spectacle, ces faux Prophètes qui s’étudient à ne dire rien qui ne plaise, quel compte ne rendront-ils pas des ames qu’ils ont perdues ?

65. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE III. Est-il à propos que les jeunes gens aillent à la Comédie ? » pp. 55-83

Il y porta cet air, ce style comédien qui amuse et fait rire, et mena toujours une vie fort dissipée. […] comment peut-il justifier jusqu'à l'opéra, la danse, la musique, parce qu'on peut faire de beaux motets pour l'Eglise, comme s'il y avait un seul air à l'opéra qui n'inspire la mollesse et la passion, et comme s'il convenait de les chanter à l'Eglise, et de rappeler l'idée de cette morale lubrique que Lully réchauffa des sons de la musiqueo  ? […] Ces Demoiselles prirent si bien les airs de la Cour, et représentèrent si naturellement Andromaque, que la Fondatrice s'en aperçut et craignit des effets opposés à ses vues. […] Je ne parle point du temps qu'emportent les rôles qu'il faut apprendre, des distractions que donne le charme des vers, de l'orgueil de celles qui jouent, de la jalousie de celles qui ne jouent pas, des airs de hauteur qu'on prend au théâtre et qu'on ne quitte pas dans la suite ; tous les couvents ont les yeux attachés sur S. […] Cyr rapportent dans les provinces des airs de hauteur, un goût de luxe, un fonds de paresse et d'oisiveté, des sentiments de mépris pour les petits détails du ménage, d'autant plus déplacés que la plupart, d'une fortune très médiocre, sont obligées avec toute leur noblesse de vivre très bourgeoisement.

66. (1715) La critique du théâtre anglais « CHAPITRE II. L’Impiété du Théâtre Anglais. » pp. 93-168

 »  Diable et orthodoxe joints ensemble font un effet qui répond assez au caractère de l’Auteur : car rien n’a plus l’air d’une imprécation contre la morale chrétienne. […] Et quel est l’homme Chrétien qui puisse envisager d’un air tranquille tant de désordres inouïs ? […]  » Véritablement, un Auteur pour qui le blasphème n’aurait pas un attrait extraordinaire, ou qui ne croirait pas qu’il fût du bel air de blasphémer, n’affecterait point ainsi de faire sortir de l’organe d’un furibond les oracles de Jésus-Christ. […] En effet, ce sont ici comme des exhalaisons échappées du cachot ténébreux d’Asmodée et de Belzébuth, comme des vapeurs mêlées de soufre et de feu capables d’infecter l’air qui nous environne. […] Périplectimene répond à Pleuside d’un air sévère : « C’est une grande ignorance et une insigne folie que de trouver à redire à la conduite des Dieux, et de leur manquer de respect.

67. (1607) Recit touchant la comédie pp. 2-8

Le deuxième jour (dit-il) comme l’on eût mis le feu au premier pétard, voila l’air auparavant bien clair qui se va couvrir d’une nuée si épaisse, et une pluie si impétueuse survient, qu’on ne pouvait aller par les rues de Lyon. […] La représentation avait lieu en plein air, dans la cour des classes (voir Récit touchant la comédie…, par Antoine Péricaud, éd. cit., p. 100-103).

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