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2. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre IV. Du Législateur de Sans–souci. » pp. 93-109

Un objet bien essentiel, c’est le droit que le Prince s’arroge d’accorder seul la dispense des empêchemens du mariage, même à l’exclusion du Consistoire & des Ministres. […] Les Canons du Concile de Trente sont plus équitables ; ils accordent cinq ans pour réclamer à ceux qu’on a forcé de se faire Religieux, & ce temps même ne commence à courir que dès que la cessation de la violence aura fini. […] Si les parties demandent la dissolution d’un commun accord, on fera bien quelques façons pour les ramener ; mais s’ils persistent un an, on l’accordera. […] Il faut pourtant qu’il ait l’humeur jalouse ; il accorde le même privilege au mari, lorsque la femme a un commerce suspect avec des hommes, si elle leur écrit des billets doux ; car quoiqu’on ne puisse pas la prouver d’adultere, ces indices, ces présomptions suffisent pour dissoudre le mariage . […] C’est le privilege brillant des gens de qualité, de s’attacher par la main gauche, & l’appanage glorieux & inaliénable du Roi d’en accorder la permission.

3. (1687) Avis aux RR. PP. jésuites « VI. » pp. 27-35

 » Le Prélude de votre Ballet, mes Pères, ne s’accorde guère avec ces Règles saintes qui sont celles de l’Eglise. Là vous y faites paraître des Génies qui se jettent incontinent sur la Pomme, qui représente une des plus grandes Dignités Ecclésiastiques ; Vous dites, que chacun tâche de s’en saisir, qu’ils ne peuvent s’accorder entre eux ; mais qu’enfin le seul Génie de votre Héros demeure, et que les autres s’enfuient ; Ici l’on est indigne de l’Episcopat, si on ne s’enfuit, si on ne résiste et si on ne se laisse faire violence pour l’accepter. […] Il consulte la volonté de Dieu, il fait demander quelle est celle de son Souverain, et après avoir vu que tout s’accorde à le faire monter plus haut, il se fait un devoir d’obéir à un ordre si exprès et si légitime.

4. (1691) Nouveaux essais de morale « XXI. » pp. 186-191

C’est pourquoi ce Docteur est si en peine de savoir comment on peut accorder les commandements que Dieu fait d’obéir aux Puissances, avec ces paroles de saint Pierre : « Qu’il vaut mieux obéir à Dieu qu’aux hommes ». […] Si ces Messieurs avaient tant soit peu de ce que j’ai déja dit ; de l’esprit de la Religion de Jésus-Christ, et qu’ils eussent lû en Disciples les Pères de l’Eglise, comme nous le faisons, et comme ils le devraient faire, il ne leur faudrait pas de grands discours ni de longues preuves pour décider juste sur ce chapitre ; et pour accorder les paroles de l’Ecriture sur l’obéissance qui est dûe à Dieu et aux hommes.

5. (1698) Théologie du cœur et de l’esprit « Théologie du cœur et de l’esprit » pp. 252-267

On veut aujourd’hui que la conscience s’accorde avec le crime, afin qu’elle ne soit point troublée par ses remords. […] & peuvent-ils accorder ces impressions avec la sainteté de notre Religion ? […] Elles excitent en nous des mouvemens semblables à ceux qui tombent sous nos yeux ; & c’est-là le but des Acteurs : car la fin qu’ils se proposent, c’est de plaire à ceux qui les écoutent ; & pour leur plaire ils exposent des sentimens qui s’accordent avec la corruption de ceux à qui ils parlent : & comme ils parlent à des gens dont la plupart ont l’esprit perverti, & le cœur gâté, ils leur representent des emportemens violens, ou de vengeance, ou de jalousie, ou d’ambition : ils joignent à cela de pernicieuses maximes, capables de corrompre les ames les plus innocentes. […] La pauvreté, la patience, l’humilité n’ont rien dont la représentation puisse divertir ceux qui aiment les Comedies : aussi n’en parle-t-on jamais dans ces spectacles prophanes : il y faut quelque chose de plus vif, qui se sente d’une fausse grandeur, d’un amour aveugle, ou de quelque pareil sujet ; & c’est ce qui ne s’accorde point avec la sagesse chrétienne.

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