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55. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE V. Des Pièces tirées de l’Ecriture sainte. » pp. 96-119

Racine converti était si persuadé que la tragédie la plus sainte suffisait pour le damner, que si on ne l’eût retenu, il allait brûler, comme indigne d’un Chrétien, son Athalie, la plus belle et la plus honnête des pièces de théâtre, seule capable de réconcilier le théâtre avec la religion, si cette paix était possible. […] Qu’on parcoure le cabinet d’un amateur, on trouvera peut-être le livre des Rois et d’Esther auprès de Boyer et de Racine, comme on y trouvera Euripide et Sophocle. […] Racine est celui qui l’a le plus respectée ; il y a pourtant ajouté dans Esther et dans Athalie. […] L’enflure de Corneille ne sauve pas le ridicule de ce mélange, Racine, plus sage, n’a eu garde, quoique plus tendre, de donner de la galanterie à ses deux pièces, et de mériter la juste censure de Boileau contre le Romancier « Qui peint Caton galant et Brutus dameret. » M. […] Quand les Comédiens voulurent la donner, elle tomba dès la première représentation, parce qu’elle fut jouée par des Actrices qui n’étaient pas faites pour elle : Rectos decet collaudatio. » Voltaire, qui déprécie mal à propos cette pièce, et Racine le fils, qui la loue beaucoup, donnent d’autres raisons de sa chute, qui peuvent y avoir contribué.

56. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE VI. Du sérieux et de la gaieté. » pp. 128-149

Le voyage dans un pays inconnu, ou le Temple de la piété (il fallait dire au temple), livre nouveau, où le sieur Compan tâche d'égayer la piété par de petites aventures, comme le voyage de Jean de Palafox, les romans immenses de l'Evêque du Bellay, d'un Minime d'Avignon, le château de l'âme de Sainte Thérèse ; ce pieux Roman trouvant la piété ennuyeuse, malgré toutes ces aventures, imagine de la faire divertir au théâtre, et lui forme jusque dans son temple la cour la plus singulière ; il lui donne pour favoris Borromée, François de Sales, Corneille et Racine. […] Cet ouvrage soi-disant fait pour l'instruction de la jeunesse, lui apprendra à faire la lecture spirituelle dans Corneille, et comme la Visitandine de Gresset, son oraison dans Racine, et à devenir un Père de l'Eglise en composant des comédies. […] Le sieur Patte dans ses Monuments est plus excusable en confondant ainsi les grands hommes, parce qu'il n'envisage que le mérite littéraire, qui, sans mériter l'apothéose, peut être distingué dans Pétronne, Ovide, l'Arétin, Boccace, quoique en vérité Bossuet et Molière, Fénelon et Quinault, Pascal et Racine, Arnaud et Corneille, sont peu faits pour figurer ensemble. […] On n'a besoin ni de Molière pour faire rire, ni de Racine pour faire pleurer. […] On a tant crié contre les Casuistes relâchés qui avancent de faux principes ; mais jamais Escobar, Tambourin, Diana, Busembaum n'ont approché de la morale de Molière, Quinault, Racine, Dancourt, etc. et ne l'ont jamais si bien pratiquée.

57. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre XIV. De l’usage de composer des Pièces, ou des Rôles pour un ou plusieurs Acteurs. » pp. 219-233

Du tems des Moliere, des Corneille, des Racine, le Théatre étoit rempli des meilleurs sujets. […] Mademoiselle Chanmêlé, cette brillante Elève de Racine, avoit une voix sonore, pleine & harmonieuse même dans le haut.

58. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — SIXIEME PARTIE. — Comédies a corriger. » pp. 295-312

M. Racine, est la Pièce la plus singulière que j’ai trouvée dans tous les Théâtres de l’Europe : il y corrige deux passions, qui à la vérité paraissent rarement dans le monde, mais qui ne sont jamais médiocres dans ceux qui s’y laissent entraîner. […] M. Racine, avec tout l’art dont il était capable, a tourné ces deux passions en ridicule ; en forte que depuis Molière, j’ai peine à croire que le vrai style de la Comédie se soit conservé nulle part aussi bien que dans la Comédie des Plaideurs.

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