Corneille, Racine, Quinaut, qui dans leur genre valent bien Moliere, ne prétendent point au privilege exclusif, & les autres théatres n’ont pas porté le délire jusqu’à le leur accorder.
Il faut donc que le Poëte qui a su rendre théatral un pareil caractere, ait eu un génie très-rare : ce qui devroit faire changer de langage ceux qui ne savent que dire, le sublime Corneille & le tendre Racine, parce qu’ils n’ont étudié ni l’un ni l’autre.
On cessa de venir s’instruire & s’amuser à ces Spectacles, où quelques Citoyens préservés de la contagion générale & fermes partisans du Goût, ne cesserent d’aller applaudir aux chef-d’œuvres immortels des Corneille, des Racine, des Crébillon & des Voltaire. […] Comment ose-t-on, d’abord, comparer les chef-d’œuvres de Moliere, de Corneille, de Racine, de Voltaire, & toutes les Pieces charmantes des génies qui ont illustré la scene Française, aux farces, aux pantomimes plus ou moins indécentes de tel ou tel mauvais Jeu des Boulevards ?
Vous Auteurs, à qui le Ciel n’a accordé que du Génie et de l’esprit, ne prêchez que que la morale et la sagesse et vous ferez bien ; mais lorsque vous ne craindrez plus que votre Plume n’altère par sa faiblesse, la sublimité des idées de notre Sainte Religion, consacrez lui vos talents ; perfectionnez, peignez comme Racine, l’enthousiasme divin des Prophètes, et vous ferez encore mieux.