C’est le grand Art d’Aristophane & de Moliere. […] Moliere avoit peut-être moins étudié son Art, mais l’Art d’être plaisant ne s’apprend point. […] Le Stile que Moliere imita dans ses Précieuses Ridicules, étoit alors à la mode, & avoit séduit des gens d’esprit. […] Moliere, au Sel Attique joignit aussi, comme Aristophane, les graces naturelles du Stile. […] Lorsque Moliere qui nous avoit accoutumés à une censure enjouée du Ridicule, mourut, Boileau regarda la Comédie comme morte avec lui.
Cependant on fait honneur à Moliere d’un grand nombre de conversions ; on débite sérieusement qu’il a fait lui seul plus de conquêtes dans l’ordre des mœurs, que les plus grands Prédicateurs de son siécle. […] Tels sont, Mademoiselle, selon ce fameux Sceptique, les grands succès des Comédies de Moliere ; il a réformé des Petits Maîtres, des Précieuses ridicules, des manieres que les bienséances du monde ne pardonnent jamais, il est vrai, mais qui ne blessent en rien la Loi de Jesus-Christ. Ce foible avantage est balancé par une multitude de fausses maximes qui n’ont pas peu contribué au déreglement de son siécle & du nôtre ; l’indulgence des parens à souffrir les galanteries d’une fille, la scandaleuse liberté que les maris accordent à leurs épouses, sont un fruit des Œuvres de Moliere. […] C’est le reproche que nous sommes en droit de faire à Moliere. […] Les obscénités que Moliere a supprimées, n’ont point reformé le Théâtre : l’expression ne change rien au fond des choses ; elle ajoute quelquefois certaines idées qui marquent la passion, c’est-à-dire, l’affection ou le mépris ; mais ces idées accessoires ne suivent pas constamment, elles varient selon le changement des tems & des usages.
Si jamais il monte en chaire, on comparera les deux apothéoses de Moliere & de St. […] Moliere. […] il a voulu faire une parodie de Moliere, en traitant un Tabarin d’Auguste. […] Je défie tous les antiquaires passés, présens, & à venir, d’y deviner Moliere. […] De quelle couronne le grand Moliere a-t-il ceint le front des vertus, des mœurs de la nation ?
Réformation de Moliere, page 3. […] L’Esprit de Moliere, 71. […] Eloge de Moliere, 153.