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144. (1705) Pour le Vendredy de la Semaine de la Passion. Sur le petit nombre des Elûs. Troisiéme partie [extrait] [Sermons sur les Evangiles du Carême] pp. 244-263

Quoi donc un Dieu crucifié autoriseroit ces plaisirs ? Un Dieu mort en croix se trouveroit sur ces infames theatres ? […] diriés-vous, l’état que j’ai embrassé dans le Baptême, exige de moi une vigilance si exacte, un courage si infatiguable, des exercices si saints, une retenuë si grande, une haine du monde si absoluë, un amour de Dieu si universel : une legere partie de ce tems qui m’a été donné pour travailler à mon salut, ou passé inutilement, ou emploié à des choses profanes, est capable de me rendre un serviteur criminel, ou du moins inutile. […] Ce sera cette femme Chrétienne, qui renfermée dans l’enceinte de son domestique, éleve ses enfans dans la crainte de Dieu, laisse au Seigneur le soin de leur destinée, les aime tous d’une égale tendresse, ne leur marque d’autre place que celle où Dieu les appellera, ne s’abandonne point aux modes de luxe & de vanité, ne se trouve point dans les cercles de railleries & de médisances, ne s’assied point dans la Chaire du mensonge, ne paroît gueres qu’au Temple, & n’y va que pour y prier & y adorer, qui ne suit point les usages, les coûtumes, les maximes du monde, & qui par son rang & ses exemples donne du credit à la vertu. […] A Dieu ne plaise, mes Freres, que je veuille ici aigrir vos plaies, en voulant les guerir ; mon dessein est seulement de vous detromper de ces funestes erreurs, qui vous font croire qu’en suivant les Usages, les Coûtumes, les Maximes, & la multitude du monde, vous êtes dans la voie du salut.

145. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre IX. Sentiments de S. Ambroise. » pp. 200-211

Il a composé plusieurs ouvrages sur la virginité, et en faveur des vierges et des veuves il prêchait fréquemment sur cette vertu, avec tant de zèle et de succès, qu’un très grand nombre de personnes se consacrèrent à Dieu dans l’état religieux. […] La maison de Dieu est abandonnée, et vous logez dans les plus riches appartements ! […] Plût à Dieu, dit-il, que ces réflexions pussent détourner les hommes des jeux du cirque et des représentations du théâtre !  […] Tout cela n’est que vanité, dont vous devez prier Dieu avec le Prophète de détourner vos yeux : « Averte oculos meos, ne videant vanitatem. » Celui qui marche dans la voie de Dieu, n’estime, n’aime point les vanités du siècle : comment daignerait-il les regarder ? […] Ils ont attiré pourtant les anathèmes du Fils de Dieu, qui maudit le monde et nous ordonne de nous en séparer.

146. (1687) Avis aux RR. PP. jésuites « VIII. » pp. 42-43

Je l’ai quitté, mes Pères, à l’endroit où vos génies ne pouvant s’accorder entre eux, prient le Dieu qui a fait naître le différend de venir le terminer. Ce Dieu que vos Génies invoquent, ne peut être que Jupiter qui a paru à l’Ouverture du Ballet, élevé au milieu de l’air plein de bonne volonté pour les peuples. […] Il faut par conséquent que Mercure soit le R.P. de la Chaise, le personnage que l’on fait jouer à ce faux Dieu ne pouvant convenir qu’à sa Révérence.

147. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XII. De l’autorité des Pères.  » pp. 49-51

Ils blâment dans les jeux et dans les théâtres l’inutilité, la prodigieuse dissipation, le trouble, la commotion de l’esprit peu convenable à un chrétien, dont le cœur est le sanctuaire de la paix ; ils y blâment les passions excitées, la vanité, la parure, les grands ornements qu’ils mettent au rang des pompes que nous avons abjurées par le baptême, le désir de voir et d’être vu, la malheureuse rencontre des yeux qui se cherchent les uns les autres, la trop grande occupation à des choses vaines, les éclats de rire qui font oublier et la présence de Dieu et le compte qu’il lui faut rendre de ses moindres actions et de ses moindres paroles ; et enfin tout le sérieux de la vie chrétienne. […] Parmi ces commotions où consiste tout le plaisir de la comédie, qui peut élever son cœur à Dieu ? […] Que si on veut pénétrer les principes de leur morale, quelle sévère condamnation n’y lira-t-on pas de l’esprit qui mène aux spectacles, où pour ne pas raconter ici tous les autres maux qui les accompagnent, l’on ne cherche qu’à s’étourdir et à s’oublier soi-même, pour calmer la persécution de cet inexorable ennui qui fait le fond de la vie humaine, depuis que l’homme a perdu le goût de Dieu ?

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