Corneille. […] Corneille. […] Enfin, si Corneille est coupable, il est plus à redouter dans la solitude d’un cabinet, que dans la cohue du théâtre.
Le Poëte Hardi ; le premier protecteur des talens du grand Corneille, étoit de cette troupe. […] Il étoit contemporain de Rotrou son éleve, que Corneille appelloit son pere, & qui fut ensuite un des cinq Auteurs qui travailloient sous les ordres du Cardinal de Richelieu. […] En 1632, Corneille donna sa tragédie de Clitandre, sa seconde piece & la premiere où il n’y a rien de licencieux. […] Mais bientôt les Comédiens se plaignirent qu’ils ne gagnoient point autant d’argent depuis les pieces de Corneille qu’auparavant, quand ils donnoient des nouveautés moins bonnes, mais plus fréquentes, & dont le public se contentoit. […] Six acteurs de la troupe du Marais se joignirent, par ordre du Roi, à celle de Bellerose, acteur célèbre qui servit d’original à Corneille pour le rôle de Cinna, & à qui le Cardinal de Richelieu fit présent d’un habit magnifique, pour jouer le Menteur.
Racine est tendre jusques dans sa haine, Crebillon, sombre jusques dans l’amour, Corneille boursoufflé jusque dans les valets, Scarron burlesque jusques dans les Princes. […] Un Empire est plus ou moins illustre, à mesure qu’il produit un plus grand nombre d’hommes immortels, un Corneille, un Moliere, un Baron , c’est-à-dire, plus de comédiens. […] Les poëmes de Corneille, de Racine, de Crebillon, de Voltaire, de Belloi ne sont pas moins de vraies tragédies, que Cominge, Euphémie & Fayel. […] Arnaud n’en fut le grand Corneille, ou le sombre Crebillon ; car il ne sera jamais le tendre Racine ; & le tendre Racine ne seroit point goûté dans ces affreux climats, où les piéces & le genre de génie de Mr. […] Corneille rend orgueilleux, Racine efféminé, Crebillon & Arnaud rendent barbare.
Les bustes de Corneille, de Racine, de Moliere avoient été placés sans cérémonie ; mais-est-il assez de distinction pour le Roi, pour le Dieu Arouet ? […] Du ton sublime de Corneille ; Il a fait parler les Romains ; Racine a formé son oreille, Et mis son pinceau dans ses mains. […] Le portrait de la famille de Corneille n’est pas plus juste ; quel glaive l’a abattue ? […] Doit il sa gloire à la petite Corneille, comme à la Clairon ? […] Ont-ils donné à Melpomêne & à Thalie un théatre complet, de plus de vingt pieces plus belles l’une que l’autre, & un très-beau commentaire sur le théatre du grand Corneille ?