Il auroit fallu, d’après ce principe, empêcher Racine de donner les Plaideurs ; Corneille, le Menteur ; Voltaire, Nanine ; Piron, Gustave ; Destouches, le Rapatriage, etc. […] Corneille, Racine, Moliere, ont travaillé pour leur siecle et pour la postérité, pour la France, pour l’Europe entiere, et non pas pour les comédiens.
Corneille [né en 1606] la mit ensuite tellement en faveur, que dans l’enthousiasme de l’admiration des chefs-d’œuvres de ce Poëte, on obtint de Louis XIII la Déclaration du 16 Avril 1641, dont les Comédiens s’autorisent tant. […] C’est dans cette espece de comparaison qu’on trouvera que Corneille, par exemple, s’est approché de cette élévation de style & de pensées qu’on admire dans Sophocle, & que Racine respire ce ton de tendresse qui caractérise Euripide. […] C’est pourquoi les succès des Corneille, des Racine, des Moliere & des Quinault n’en ont pas imposé aux Sages du dernier siecle.
C’est du moins l’opinion de Corneille.
Mais Corneille, Racine, Molière, Voltaire et tous les poètes modernes ne se sont occupés dans leurs drames qu’à exciter l’amour.