Ils n’avaient qu’à aller trouver quelque Comedien, entrer dans leurs maximes, apprendre qu’on peut sans péché se trouver à la compagnie des femmes agréables, les considerer amoureusement, penser aux manières de les aborder avec un visage passionné, leur protester qu’on les adore ; tantôt rire, tantôt pleurer avec elles, les poursuivre pour en avoir quelque regard favorable, ou quelque permission d’espérer : Car les Comédiens ont un secret merveilleux pour penser en sureté de conscience à toutes ces choses ; mais l’Évangile a oublié de nous l’apprendre. […] Péché d’autoriser par votre présence des assemblées profanes, où toute la morale de l’Évangile est renversée, où toutes les maximes de l’amour se débitent au scandale de la Religion, où l’on entend des chansons qui amolissent et qui corrompent peu à peu le cœur, Péché dans la complaisance que vous avez pour ces airs languissants et amoureux, quand vous seriez même exempts de toutes passions….
eux à qui Jésus-Christ avait dit si expressément, que les joies du monde n’étaient pas pour les disciples de la Croix ; eux à qui ce Divin Sauveur avait recommandé de se tenir sur leur garde, de veiller et de prier sans cesse ; eux qui brûlant du désir du Martyre, ne se trouvaient parmi les Païens que pour y prêcher l’Evangile ? […] Toutes les maximes de l’Evangile y sont entièrement opposées, et l’exemple des premiers Chrétiens doit assez nous en convaincre. […] Ephrem, Diacre d’Edesse, a composé un discours pour montrer que les Chrétiens ne doivent point employer le temps à des divertissements comiques, il se fonde principalement sur cette autorité de l’Evangile : « Væ vobis qui ridetis nunc quia lugebitis et flebitis. […] La raison que Zonare, Ecrivain du même siècle, donnait de cette pratique, est que l’Eglise portant toujours les Chrétiens à l’exacte observation de l’Evangile, leur défend les plaisirs qui ne sont pas nécessaires à la vie, et qui peuvent quelquefois porter au mal. « C’est pourquoi, dit-il, elle ne veut point qu’on s’amuse aux badineries de ces sortes de bateleurs, qui à force de folâtrer sur le Théâtre, excitent les spectateurs à des ris immodérés, et qu’elle défend encore d’assister aux danses ou à tous autres jeux qui se font sur le Théâtre, parce que, soit qu’on y fasse paraître des hommes ou des femmes, les uns et les autres portent quelquefois dans le cœur des spectateurs, des sentiments contraires a la pureté. […] Car qui est-ce qui ne verra pas, que les pièces de Théâtre contiennent des maximes d’amour, et d’ambition condamnées par l’Evangile : Que la Comédie n’est pas compatible avec la prière continuelle et l’action de grâce inséparable des actions Chrétiennes : Qu’elle interrompt la suite des bonnes œuvres : Qu’on n’est pas plutôt Préface des œuv[res]. de Molière.
La richesse des habits, la magnificence des ameublemens, la somptuosité des repas & des équipages sont un luxe, sur-tout dans l’emploi des revenus ecclésiastiques, où il est si aisé, & si ordinaire de passer les bornes que la charité & l’humilité prescrivent à un Ministre de l’Evangile ; mais un prodigue, qui par ostentation renverse la maison, un joueur qui met tout son bien sur une carte, Alexandre qui dans l’ivresse de la passion brule la ville de Persipolis & le palais des Rois de Perse, ne sont-ils coupables que de luxe ?
C. a laissé répandre du parfum sur ses pieds & sur sa tête, il a approuvé cette action, il est vrai, mais tout cela n’est point du fard, il n’en fut jamais question dans l’Évangile ; au contraire l’hypocrisie des Pharisiens, ces sépulchres blanchis sont rigoureusement condamnés ; les Apôtres réprouvent tous les ornemens qui sentent la vanité ou la galanterie, les cheveux frisés, les riches habits, &c.