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121. (1725) Mr. de Moliere [article des Jugemens des savans] « Mr. de Moliere, » pp. 339-352

Moliére est un des plus dangereux ennemis que le Siécle ou le monde3 ait suscité à l’Eglise de Jesus-Christ : & il est d’autant plus redoutable qu’il fait encore après sa mort le même ravage dans le cœur de ses Lecteurs, qu’il en avoit fait de son vivant dans celui de ses Spectateurs. […] Il faut être bon jusqu’à l’excès pour s’imaginer qu’il ait travaillé pour la discipline de l’Eglise & la réforme de nos mœurs. […] Rapin nous fait connoître qu’il est aussi dans le même sentiment, & il est allé même encore plus loin que ces deux Critiques, lors qu’il dit, qu’à son sens c’est le plus achevé & le plus singulier de tous les Ouvrages Comiques qui ayent jamais paru sur le Théâtre2 Nous avons vû la plus célébre des Piéces de Moliere ; mais ceux qui souhaiteront voir la plus scandaleuse, ou du moins la plus hardie, pourront jetter les yeux sur le Tartuffe, où il a prétendu comprendre dans la juridiction de son Théâtre le droit qu’on les Ministres de l’Eglise de reprendre les Hypocrites, & de déclamer contre la fausse dévotion. […] Les Comédiens & les Bouffons publics sont des personnes décriées de tout tems, & que l’Eglise même par voie de droit considére comme retranchées de son corps, parce qu’elle ne les croit jamais dans l’innocence. Mais quand Moliere auroit été innocent jusqu’alors n’auroit-il pas cessé de l’être dès qu’il eut la présomption de croire que Dieu vouloit bien se servir de lui pour corriger un vice répandu par toute l’Eglise, & dont la réformation n’est peut-être pas même reservée à des Conciles entiers ?

122. (1666) Lettre à l’auteur des Hérésies Imaginaires et des deux Visionnaires « [Chapitre 2] » pp. 1-7

Je prendrai pourtant la liberté de vous dire, que l’Eglise ne nous défend point de lire les Poètes, qu’elle ne nous commande point de les avoir en horreur. […] Est-ce à dire qu’il ne faut plus aller à l’Église ? […] Comme ils la disaient, M. de Bagnolsm entre dans l’église, et fut bien surpris de trouver le visage d’un Capucin de ses parents dans celui que l’on prenait pour le Père Maillard. […] Les Capucins furent conduits avec honneur de l’Église dans le Réfectoire, où ils trouvèrent un bon déjeuner qui les attendait, et qu’ils mangèrent de fort bon cœur, bénissant Dieu qui ne leur avait pas fait manger leur pain blanc le premier. […] Mais vous m’avouerez que ce n’est pas cette inégalité de sentiments qui l’a mis au rang des Saints et des Docteurs de l’Eglise.

123. (1667) Traité de la comédie et des spectacles « Sentiments des Pères de l'Eglise sur la comédie et les spectacles — 8. SIECLE » pp. 183-184

Ils courent, où plutôt ils volent aux Théâtres pendant que nous voyons les Spectacles de l'Eglise : Nous y voyons Jésus-Christ reposant sur la Table sacrée; nous y entendons l'Hymne que les Séraphins chantent dans le Ciel en l'honneur de Dieu ; nous entendons les paroles de l'Evangile ; nous y jouissons de la présence du Saint Esprit ; nous y entendons la voix des Prophètes ; l'Hymne dont les Anges glorifient Dieu, et ce chant de joie qui nous excite à louer sa divine Majesté. […] Ce sont là les Spectacles que l'Eglise donne à ceux qui y vont : Mais quels sont au contraire les Spectacles de ceux qui vont à la Comédie ?

124. (1687) Avis aux RR. PP. jésuites « XIV. » pp. 66-67

Paul à être fortement attaché à la parole de vérité, c’est-à-dire, à l’Ecriture et à la Tradition qui comprennent toute la doctrine de l’Eglise, telle qu’on la lui a enseignée, non dans l’école de vos Casuistes et de vos Auteurs profanes, mais en méditant l’Ecriture sainte aux pieds de Jésus Christ en s’appliquant à la lecture des Conciles et des Pères, afin qu’il soit capable d’exhorter selon la saine Doctrine, et de convaincre ceux qui s’y opposent ; afin qu’il soit véritablement une lumière du Monde, un Dépositaire et un Juge de la doctrine de l’Eglise et un parfait observateur de ses Canons.

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