Le mot d’Empire par lequel vous exprimez la conduite future de votre Archevêque, fait voir que vous n’êtes guère accoutumés au langage ni de l’Ecriture ni de l’Eglise, n’y ayant rien dans l’une et dans l’autre qui soit davantage condamné dans un Evêque, que cet Esprit de domination et d’Empire avec lequel il voudrait gouverner les âmes que Jésus Christ a mises en liberté.
Il y a encore bien des traits contraires à l’Ecriture. […] On n’a jamais condamné les poésies sur des sujets pris de l’Ecriture, il y en a une infinité : mais on a toujours blâmé la comédie, comme très-dangereuse à la Religion & aux mœurs. […] Dans le poëme d’Abel, où l’on fait profession de suivre l’Ecriture sainte, c’est une erreur contre la Religion. […] L’Ecriture, qu’il fait profession de suivre, n’en est pas si prodigue, on les y voit très-rarement, & ce n’est qu’entre un pere & ses enfans.
Elle a altéré en vingt endroits le récit de l’Écriture seulement dans le premier poëme, la Chûte d’Adam. […] Tout cela sans doute a été fait à bonne intention ; mais assurément c’est mal s’y prendre pour élever de jeunes filles ; que d’en faire des Actrices & les accoûtumer à regarder le théatre comme une bonne chose, les histoires de l’Écriture comme des comédies. […] On fait ici d’un théatre un livre classique, & de la profanation des Écritures un catéchisme. […] Il faut que ce goût, ou plûtôt cette fureur soit bien dominante, pour avoir fait penser à une personne qui paroît d’ailleurs sage & pieuse, qu’une éducation théatrale formera de bonnes mœurs, qu’en dégradant l’Écriture on donnera de la religion, qu’une tête pleine depuis l’enfance de décorations, de parures, de farces, fera une bonne fille, une bonne mère, une femme chrétienne, & que les Communautés Religieuses porteront l’aveuglement jusqu’à adopter un systême d’éducation qui choque les premiers principes de la religion & de la vertu.
La quatriéme, parce que, comme remarque Tertulliene, l’Ecriture condamne la Comédie & les Spectacles dans les passages qui nous défendent de suivre les desirs deréglez de la convoitise & de satisfaire nos passions ; dans ceux qui nous obligent de tendre toûjours à la perfection, laquelle consiste dans l’assujetissement des passions à la grace, ce qui ne se peut acquerir qu’en éloignant de l’esprit tout ce qui peut servir à les fortifier & à les y entretenir ; Et dans ceux qui nous défendent les moindres impuretez & les moindres paroles deshonnêtes ou frivoles. […] Ne sera aussi loisible aux Fidéles d’assister aux comedies, tragedies, farces, moralitez, & autres jeux joüez en public ou en particulier, vû que de tout temps cela a été défendu entre les Chrêtiens, comme apportant corruption de bonnes mœurs, mais surtout quand l’Ecriture Sainte y est profanée. » Ils le sont encore plus particulierement aux Ecclesiastiques. […] Mais l’Ecriture, les Conciles, & les Saints Peres en jugent bien d’une autre maniere. L’Ecriture maudit les hommes qui se déguisent en femmes, & les femmes qui se déguisent en hommes. […] Ce qui doit suffire pour les en détourner, puisque l’Ecriture nous apprendd que celui qui aime le danger perira dans le danger.