Je ne dis pas que ç’a été la morale de gens foibles et instruits, bornés dans leurs vues et timides ou précipités dans leurs décisions : outre leur sainteté qui nous les rend vénérables, nous sçavons que c’étoient les premiers génies du monde ; nous avons en main leurs écrits, et nous y voyons la sublimité de leur sagesse, la pénétration de leur esprit, la profondeur et l’étendue de leur érudition. […] Je sçais ce qu’en a dit Saint Ambroise dans cet excellent ouvrage de l’instruction des vierges ; je sçais ce que Saint Jerôme en a écrit, non pas une fois, mais en divers traités sur cette matiere.
Quoique ce Poète n’ait point écrit de Comédies, nous pouvons néanmoins l’admettre pour Juge au regard de l’usage et de l’opinion générale de son siècle touchant le Sacerdoce. […] Nous lisons dans l’histoire écrite par Joseph, que la race d’Aaron était l’une des plus illustres, et que les Prêtres en général étaient comptés parmi la principale Noblesse.
modérez-vous, Madame, & lisez, sans émotion, un poulet qu’on écrivait hier, & que finement j’ai surpris, avant qu’il fût achevé. […] Si les écrits sont obscurs, la conduite ne l’est pas tant. […] Il y a pourtant encore une autre indécence de geste, plus recherchée, plus fine, dont on n’est pas absolument corrigé ; elle consiste à accompagner une expression à double sens, d’un mouvement des yeux, des bras, ou du corps, qui fasse naître dans l’esprit du Spectateur, l’idée nondécente exclusivement à l’autre ; il arrive par-là, qu’une Pièce en apparence fort sagement écrite, très châtiée, devient néanmoins dangereuse à la représentation. […] Mais, dira-t-on, quel pauvre genre ce fera que notre Lyrique, & qu’avec raison nos voisins écriront, que l’ouvrage de littérature le plus ridicule, est un Opéra Français ? […] J’ai ouï dire que monsieur Moore, auteur de la Fausse-délicatesse, avait écrit à son élégante Traductrice, qu’elle avait embelli la Comédie, & qu’il allait la traduire de nouveau, pour la remettre au Théâtre.
Ce Théologien sur le bruit que fit cette lettre dans le public, la désavoua dans une autre lettre qu’il écrivit à M. de Harlay pour lors Archevêque de Paris : et c’est ce qui produisit tous ces Ouvrages qui parurent alors sur cette matière. […] Il faut remarquer que Saint Thomas écrivait dès ce temps-là, et que ce Prince prenait ses avis en beaucoup de choses, comme il est marqué dans la vie de ce saint Docteur, qui est au commencement de ses ouvrages In vita S. […] On peut dire en cet endroit, pour fortifier davantage ce qui a été remarqué ci-devant de la doctrine de Saint Thomas touchant la Comédie, qu’il n’y a guère d’apparence que ce saint Docteur eût voulu parler dans ses écrits de la Comédie selon l’usage commun et ordinaire dont on la représentait de son temps, et la justifier : pendant que Saint Louis qui estimait sa doctrine, qui prenait autant qu’il pouvait ses avis, et les suivait toujours, chassait les Comédiens de son Royaume, Il est donc constant que quand Saint Thomas a dit que l’exercice des Comédiens et de la Comédie était licite, il n’a jamais voulu parler que de cet exercice, considéré en lui-même, et non de la manière dont on le pratique ordinairement. […] Cet Auteur s’en est expliqué par ce qu’il en a écrit dans la troisième partie, et par ces paroles qui suivent immédiatement celles qu’on vient de citer Ibid.