Je ne le trouve que dans le mouvement que nous nous donnons lorsque notre âme se livre à de grands transports, & qu’il est certain que la musique imite ; mais elle ne saurait aller plus loin. […] Le silence des forêts qu’interrompt le zéphir qui se joue entre les feuilles des arbres, nous élève l’âme, nous remplit d’un sentiment majestueux.
Que s’il y en a d’opiniâtres qui par une subtilité perverse essaient d’éluder ces lieux, nous les renvoyons à débattre contre les Anciens, et contre l’Eglise de tous les âges, qui les a interprétés comme nous, et n’estimons pas qu’ils doivent être reçus à opposer leurs sentiments particuliers, tout notoirement passionnés et intéressés, aux suffrages et déterminations confiantes, de tout ce qu’il y a eu de fidèles Serviteurs de Dieu, depuis les saints Apôtres jusques à nous, qui en ont parlé d’un sens froid, et sans intérêt, que celui du salut des âmes qui leur étaient commises. […] Mais il vaudrait beaucoup mieux, fussent-ils mélancoliques au double, qu’ils écoutassent le Sage pour aller en la maison de Dieu plutôt que de se rendre en ces lieux de joie du monde, où ils ne peuvent assister sans se blesser l’âme, et préjudicier à leur conscience. […] Combien que de soi-même tout cela soit libre, vu qu’au fond il est indifférent devant Dieu à quelle heure on s’assemble, ou de quel geste nous accompagnerons la prière, ou si on sera vêtu de telle ou de telle étoffe ; Cependant après que ceux auxquels il a donné la charge d’aviser à cette ordredy, s’étant assemblés, du consentement des troupeaux fidèles, et son nom Saint invoqué, ont fait des règlements là-dessus, lesquels le corps de l’Eglise a ensuite généralement approuvés, les choses ainsi arrêtées, ne demeurent plus comme auparavant entre les simplement libres, mais il y a obligation à tous les fidèles de se tenir à ce qui leur y a été prescrit, de sorte qu’il y faut rapporter l’avertissement de l’Apôtre, « Obéissez à vos Conducteurs, et vous y soumettez, Car ils veillent pour vos âmes, Comme ceux qui en doivent rendre compte »Heb. 13. 17. […] er , auquel ils disaient que « comme le rayon du Soleil peut donner sur de la fange, sans toutefois s’y infecter à cause qu’il est pur, eux de même, ayant les âmes nettes, ne recevaient nulle atteinte de tout le mal qui pouvait être ès Théâtres ».
Par exemple, Monsievr, & cecy se remarque plus particulierement dans leurs Tragedies, s’ils sont de la Secte d’Epicure, tous leurs personnages sont generalement Epicuriens, voire mesme les Femmes & les Enfans, qui blasphement contre la Prouidence de Dieu, & nient l’Immortalité de l’Ame.
Ce qui même ne suffisoit pas pour satisfaire une passion insatiable, dont la jouissance même irrité la soif : les spectateurs, au milieu de la pièce s’écrioient en furieux, que les actrices soient dépouillées, nudentur mimæ : ce qui ne coûtoit rien à ces âmes qui ne montoient sur la scène que pour exciter les passions.