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17. (1675) Traité de la comédie « XXXIII.  » pp. 328-329

L'âme ne saurait conserver une véritable piété sans le secours d'une crainte salutaire, qu'elle conçoit à la vue des dangers dont elle est environnée. […] L'expérience de tant d'âmes qui se perdent à ses yeux, et le dérèglement général qui règne partout, lui fait connaître qu'il n'y a rien de plus rare que la vertu Chrétienne, rien de plus facile que de se perdre, rien de plus difficile que de se sauver. […] N'est-il pas visible que comme l'effet naturel de la Comédie est d'étouffer cette crainte si salutaire, aussi l'effet de cette crainte doit être d'étouffer le désir d'un divertissement si inutile et si profane, et de faire conclure à l'âme qu'elle a bien d'autres choses à penser et à faire dans ce monde, que d'aller à la Comédie ; que le temps que Dieu lui donne est trop précieux, pour le perdre malheureusement dans ces vains amusements.

18. (1777) Des Spectacles « Des Spectacles. » pp. 75-92

Tout y concourt à séduire l’âme et à l’amollir : le cœur conduit par les oreilles et par les yeux, s’attache à tout ce qui le charme ; la raison, suspendue par tant d’enchantements, se tait. La Religion n’est pas entendue dans un si grand fracas de plaisirs ; rien n’est du goût que ce qui flatte les sens, et parmi tant d’objets si capables de plaire, et qui plaisent en effet, l’âme sera-t-elle maîtresse de ses désirs ? […] Les sens ne sont-ils pas d’abord pris par ce fracas de décorations, de voix, d’instruments, de machines ; et les sens, d’intelligence avec les passions, peuvent-ils laisser l’âme tranquille ? Tout ce que l’harmonie a de charmes, tout ce que l’art peut donner de merveilleux à un concert de voix et d’instruments, tout est employé pour attendrir, pour toucher l’âme ; il n’en faudrait pas tant pour la rendre sensible. […] On ne sent, dit-on, nulle impression dans l’âme : les âmes les plus pures et les plus mortifiées, les plus grands Saints même n’en diraient pas tant.

19. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre V. Le but des auteurs et des acteurs dramatiques est d’exciter toutes les passions, de rendre aimables et de faire aimer les plus criminelles. » pp. 51-75

Un homme fait à ces spectacles sera moins étonné, moins frappé d’un grand crime qu’une âme neuve qui n’a jamais vu que l’image touchante de la vertuab. […] Qu’il eût, si l’on veut, une âme forte : en était-il moins un scélérat détestable ? […] Ils passent bientôt de l’image à la réalité, et finissent par s’énerver l’âme et le corps. […] Qui consolera la patrie en proie à des âmes de boue ? […] A combien d’écueils une âme sensible et chrétienne n’est-elle pas continuellement exposée par l’imprudence de ceux qui devraient la garantir des dangersaf ! 

20. (1824) Du danger des spectacles « DU DANGER DES SPECTACLES. » pp. 4-28

« Lorsque l’âme s’abandonne à de faux plaisirs, elle perd bientôt le goût des jouissances spirituelles, et ne trouve bientôt plus que dégoût et qu’ennui dans la parole de Dieu. […] Il y a des degrés dans la corruption ; et l’on conviendra qu’il est extrêmement fatal à l’âme de briser les remparts qui la protégeaient contre les attaques de la tentation. […] trouvez-vous que l’amour de Dieu opère dans votre âme avec une égale force ? […] Ces plaisirs dangereux amollissent notre vertu, la détruisent insensiblement, et ouvrent notre âme à tout le cortège du vice et du dérèglement. […] Les personnes qui fréquentent les spectacles ne vont pas y chercher, et n’y trouvent pas en effet, des impressions graves et sérieuses ; tout au contraire, leurs âmes s’y énervent et n’y puisent que des sentiments frivoles ou romanesques.

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