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39. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE V. Réforme de Fagan. » pp. 110-128

est-ce à l’Eglise, qui lance toujours les mêmes anathêmes ; à l’Etat, qui a toujours toléré ? Si l’Etat n’est pas d’accord avec l’Eglise, est-ce à nous à leur faire le procès ? […] L’Etat souffre le mal pour des raisons que je respecte. L’Eglise blâme, instruit, fait ce qu’elle peut pour diminuer le mal que l’Etat croit ne pouvoir empêcher ; il n’est pas obligé de corriger tous les abus : l’Eglise elle-même tolère bien des choses qu’elle condamne. […] Au reste l’Etat n’a jamais fait que tolérer, sans approuver la comédie ; jamais il n’a ordonné d’y aller.

40. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre VI. Du Cardinal Mazarin. » pp. 89-108

Toutes ces pièces politiques qui font allusion aux affaires d’Etat, où l’on tâche de rendre ridicules et odieux aux peuples les Souverains ennemis, sont contraires à la sagesse du gouvernement : on doit respecter la majesté du Trône, même dans des ennemis ; la faire mépriser au peuple, c’est l’accoutumer à ne pas respecter son propre maître. […] Qu’en revient-il à l’Etat ? […] Une si basse vengeance et une si puérile sensibilité sont indignes d’un grand cœur ; combien sont-elles au-dessous d’un grand Prince, qui tout occupé des grands intérêts de l’Etat, doit ignorer les bas artifices de l’amour propre ? […] La Sorbonne ne parle que quand on l’interroge, et le Cardinal ne la consulta pas, Elle ne parle jamais de la conduite de personne, encore moins des Ministres d’Etat. […] Je sais bien que Melpomène n’avait point alors tous les atours dont à su la parer Racine, ni le Clergé petit-maître toutes les grâces que répand sur leur tête la main d’un habile baigneur ; mais je ne sais par quelle fatalité le théâtre et l’Eglise, la comédie et la sagesse, les airs d’un actrice et les affaires de l’Etat, ne furent jamais d’intelligence, quoiqu’une mauvaise politique ou des passions criminelles aient souvent essayé de les réunir.

41. (1825) Encore des comédiens et du clergé « CHAPITRE XI. De l’excommunication considérée comme injuste et par conséquent nulle, de la part des prêtres qui anathématisent les Comédiens, morts sans les secours spirituels de l’Eglise. » pp. 186-211

On verrait alors de nouvelles dragonnades qui, justifiées par des lois d’Etat, iraient de nouveau convertir les protestants à coups de sabre. C’est ainsi que les jésuites parviendraient à obtenir l’exécution des lois d’Etat, qui sur terre anticiperaient l’enfer et rempliraient dès ce bas monde l’office des démons. […] Quoi qu’il en soit de ce livre des crimes de la presse ; de ce manifeste des missionnaires de la foi ; de cet avant-coureur de l’anéantissement de la liberté de la presse et de l’établissement d’une censure inquisitoriale, il n’en est pas moins vrai, que ce libelle mériterait à plus juste titre, d’être poursuivi par un réquisitoire, comme contenant des principes dangereux et véritablement nuisibles à l’Etat et à la religion. […] Les ministres d’Etat, et le ministère public, n’auraient-ils pas dû s’opposer plutôt au refus scandaleux du Clergé, d’assister aux obsèques de Louis xviii, de glorieuse mémoire ?

42. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre IV. Le Peuple doit-il aller à la Comédie ? » pp. 60-74

Mais sans être artisan ou laboureur, y a-t-il personne qui ne doive avoir une profession honnête et utile à l’Etat, et en remplir les devoirs ? […] L’Etat qui nourrit tant de personnes inutiles, a-t-il moins raison de se plaindre ? Tout homme volontairement oisif est un voleur public : quel tort ne fait pas à l’Etat l’école où il se forme ? […] Dans les premiers temps de la République, où la comédie était inconnue, tous les citoyens s’établissaient et peuplaient l’Etat ; le divorce, quoique permis, y fut inconnu pendant cinq siècles.

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