Le Roi, par un Arrêt du Conseil d’Etat du mois d’Août 1749, a confié à perpétuité l’administration du grand-Opéra à la Ville de Paris ; ainsi dit un Auteur45, les Ediles avaient à Rome le soin des Spectacles. […] Florentin, ministre & Secrétaire d’Etat 47.
Combien de jeunes Demoiselles victimes de l’ambition de leur famille traînent dans une prison perpétuelle une vie malheureuse, languissent dans une oisiveté préjudiciable à l’Etat, dont on pourrait faire d’excellentes Comédiennes ? […] L’Epoux n’aurait point à rougir d’une mésalliance et quand il aurait servi l’Etat en qualité de Militaire ou de Magistrat, il viendrait recueillir la récompense de ses services au spectacle.
Vos Adorateurs sont peut-être ce qu’il y a de plus brillant dans le Royaume ; mais aussi tout ce que la Religion & l’Etat ont de moins solide, la partie la moins saine & la moins utile en tout genre ; ce sont des génies frivoles à qui la passion fascine les yeux, & qui ne voyent aucun objet en son vrai point de vûe.
Qu’il considère combien la Calomnie est préjudiciable à la réputation des hommes, et comme elle opprime la vertu des plus justes actions, que sa rigueur a troublé les plus grands des siècles passés, qu’elle a décoché ses traits contre les plus vertueux, qu’elle a été le fusil de la division des choses, qu’elle a ruiné l’harmonie de l’amitié des hommes, qu’elle a pris l’innocence à partie, qu’elle a essayé de corrompre toute la terre, bref qu’elle n’a rien exempté du joug de son pouvoir, puisque Dieu même a subi la force de sa tyrannie ; par le blasphème des Juifs, qui l’appelaient séducteur, corrupteur des lois, ennemi de l’Etat, un séditieux, un larron, et autres impiétés opposées diamétralement à l’éclat de ses belles vertus.