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271. (1666) De l’éducation chrétienne des enfants « V. AVIS. Touchant les Comédies. » pp. 203-229

On demeure même d’accord que dans l’endroit, où le zèle pour Dieu, qui occupe l’âme de Théodore, devrait éclater le plus, c’est-à-dire dans sa contestation avec Didyme pour le martyre, on lui a donné si peu de chaleur, que cette Scène, bien que tres courte, ne laisse pas d’être ennuyeuse. […] Ce qui est reconnaître d’assez bonne foi, qu’une vierge véritable fait un tres méchant personnage sur un théâtre ; qu’il demande plus de galanterie et plus de chaleur, qu’il n’y en a dans une vierge chrétienne ; et que si les autres Scènes de cette pièce ne sont pas si ennuyeuses, c’est qu’en effet Théodore n’y parle ni en vierge, ni en martyre.

272. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « Discours préliminaire. » pp. -

Je demande d’abord, si l’on peut donner le nom de Poème dramatique à l’Ouvrage informe qui ne contient que des Scènes mal-cousues, & dans lequel on ne voit ni intrigue, ni caractère principal ?

273. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XIII. L’Opéra est le plus dangereux de tous les spectacles. » pp. 111-117

Il serait difficile de montrer avec plus d’évidence la séduction de la scène lyrique, et d’en mieux décrire les funestes et inévitables influences sur la femme la plus pure, qu’on y conduirait, que ne le fait Boileau dans les vers que nous venons de citer.

274. (1639) Instruction chrétienne pp. -132

Or ce qu’ils ont appelé Scène, regardait nommément les Comédies et Tragédies, esquelles certains, qu’on appelait mimos imitateurs et bateleurs, ou histrions, c’est à dire, joueurs en l’ancienne langue Toscane ; en latin ludiones, représentaient divers personnages, et diverses actions et aventures pour donner plaisir au peuple. […] On ne peut révoquer en doute que ces jeux de la scène et du Théâtre, ne soient institués et pratiqués, pour donner du plaisir et entretenir les voluptés, qui touchent ces deux sens ; et allument la convoitise par gestes et paroles d’impudicité et de plaisanteries. […] « Pour passer, dit-il, aux plaisanteries et bouffonneries impudentes de la scène, j’ai honte d’accuser ce qui s’y fait. […] Citation tronquée d’un article du droit canonique : « Neque illum qui in scena lusisse dignoscitur clericum esse ordinandum » (« Celui dont on sait qu’il a joué sur scène ne doit pas être ordonné clerc »). […] Le Concile in Trullo se réunit en 691-692, le canon 51 excommunie qui assiste à des mimes, combats de bêtes et danses sur scène.

275. (1709) Mandement de M. L’Evêque de Nîmes contre les Spectacles pp. 3-8

Convient-il, Mes très-chers Frères, d’étaler sur des théâtres un attirail de vanité; d’y jouer des Scènes divertissantes, et d’y remplir l’esprit et le cœur des peuples de frivoles et ridicules passions, dans des conjoncturesh où chaque citoyen doit prier pour son Prince j ; où le Roi s’humiliant le premier lui-même sous la main toute-puissante de Dieu, implore ses anciennes miséricordes ; et touchék d’une guerre que la justice et la Religion l’obligent de soutenir, met tout son Royaume en prière Prières ordonnées partout.

276. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Livre second. » pp. 2-7

Nous avons vu dans le premier livre combien la religion alarmée lançait d’anathèmes sur le théâtre, jusques dans les pièces où il semble que par respect la scène ait emprunté d’elle la matière.

277. (1643) Les Morales chrétiennes « Des Théâtres. » pp. 511-519

Les disgrâces qui entrecoupent les grands desseins ; contentent, parce qu’elles excitent la miséricorde dont la nature a mis les semences dans notre cœur ; elles servent de consolation à la misère des affligés, et de lustre à la fortune des plus heureux : la magnificence des Théâtres, les changements des scènes ; la beauté, les ornements des personnages, contribuent beaucoup au plaisir, et une secrète sympathie fait que les mouvements du cœur sont plus forts, néanmoins plus doux, en ce qu’ils paraissent plus justes étant communs dans les assemblées.

278. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE II. Melanie. » pp. 29-71

C’est-à-dire que c’est un drame impie qui joue l’état religieux & les Ministres des Autels, les fait paroître sur la scène contre le respect qui leur est dû, contre les loix de la décence & les dispositions des ordonnances, & les y fait parler d’une maniere indigne d’eux. […] Je ne sçais pourquoi M. de la Harpe, sans nécessité & contre toute vrai-semblance, a mieux aimé ensanglanter la scène bourgeoise. […] Elle est contre toute vrai-semblance. 1.° Le temps & le lieu de la scène. […] M. de la Harpe n’est pas au fait des couvents ; il n’en a peut-être jamais vu, il est pardonnable d’ignorer le costumé monastique, qui ne s’apprend pas au Théatre ; mais il n’est pas pardonnable d’avoir blasphemé ce qu’il ignore, mêlé sur la scène & combattu ce que l’Eglise, l’Etat, la Religion & la prudence lui ordonnent de respecter. Il est ridicule d’avoit placé la scène dans Paris, où toutes ces choses sont connues des moindres enfans, & d’avoir choisi pour Acteurs un Curé de Paris, un Conseiller au Parlement, que tout respecte, que tout connoît, & qu’il est moins possible de défigurer.

279. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE IV. Pieces singulieres. » pp. 107-153

En effet le modele qu’il offre sur le regne très-court de François II, n’est qu’une file de conversations ingénieuses sur les Affaires du Temps, qu’il appelle des scènes. […] Il n’est pas fait pour être sur la scène, ni l’Histoire de France pour être racontée sur le Théâtre sous l’habit d’un Acteur. […] On a changé les noms des Acteurs, quelques vers où les anciens noms faisoient la rime, le temps & le lieu de la scène ; & Amélie ou le Duc de Foix a été bien accueilli. […] Froissard ajoûte, pour embellir l’Histoire, que dans un mouvement de colere, le Roi d’Angleterre demande six des principaux habitans pour les faire mourir : cruauté peu vraisemblable & inutile, puisqu’il étoit maître de Calais, & que la Reine obtint leur grace : circonstance dont le Poëte auroit pu tirer parti, qui, comme dans Cinna, lui auroit fourni de grandes scènes, en faisant parler & agir la Reine, mais qu’il a négligé ; qu’Eustache de S. […] Diderot dans son Père de famille avoit commencé de répandre ce germe sur la scène, qui ne peut manquer de fructifier on de si habiles mains.

280. (1781) Réflexions sur les dangers des spectacles pp. 364-386

Mais qu’on les regarde, qu’on les observe à leur retour de ces scènes funestes, où leur innocence a reçu le premier ébranlement. […] Sinon que le mépris et le dégoût des bonnes mœurs doivent avoir pénétré bien avant dans le cœur des hommes pour qui de telles scènes sont des objets de satisfaction et de jouissance. […] Sans rappeler ces deux scènes épouvantables (de Fidenes et d’Amsterdam) ; voyons ce qui s’est passé au su de tout le monde dans ces dernières années.

281. (1788) Sermons sur les spectacles (2) « Sermons sur les spectacles (2) » pp. 6-50

Les héros qu’on introduit sur la scène tragique, les simples citoyens qui parlent & qui agissent dans la comédie, ne paroissent-ils pas également asservis à cette passion impérieuse ? […] Tel est le ton qu’a donné à la scène Françoise cet homme trop fameux, auquel ses aveugles disciples rendent aujourd’hui une espèce de culte fanatique, & qui est devenu leur idole pour avoir prostitué à l’impiété & au blasphême les grands talens qu’il avoit reçus de l’Auteur de la nature. […] S’il est dangereux de se former l’idée de la vertu sur ces héros de l’antiquité payenne qu’on introduit sur la scène tragique, est-il plus sûr, mes Frères, de prendre pour règle de sa conduite & de ses mœurs les maximes qu’on débite dans cet autre spectacle, qui est destiné à représenter les actions les plus ordinaires de la vie ; je veux dire la comédie ?

282. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre IV. Maurice de Saxe. » pp. 118-145

Qu’il ne se flatte pas de l’honneur de la scène. […] Décoration théatrale à laquelle les soldats ajoutent une scène ridicule : ils vont éguiser leurs fabres au tombeau ; comme si les cendres de Maurice, répandant leurs influences à travers le marbre, devoient donner du tranchant à leurs épées, de la force à leurs bras, du courage à leur cœur : à-peu-près comme à Montpellier on fait endosser la robe de Rabelais aux jeunes docteurs en médecine, laquelle aussitôt les rend aussi habiles qu’Hypocrate & Galien. […] La vieille redoubla ses cris, la sentinelle accourut, les acteurs furent découverts, & la scène divulguée par toute la ville.

283. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE III. Immodestie des Actrices. » pp. 57-84

vous êtes une Actrice qui monte sur la scène : An saltatura scenica ad Ecclesiam pergis ? […] Une femme découverte est plus persuasive que toutes les scènes de Regnard. […] Quand je les vois s’avancer sur la scène, il me semble voir les athlettes à Rome venir sur l’arène.

284. (1789) Lettre à un père de famille. Sur les petits spectacles de Paris pp. 3-46

Dans l’Avocat chansonnier, nom donné au premier personnage à cause de deux couplets sans esprit qu’il fait contre une femme, l’action principale est étouffée par quatre ou cinq scènes épisodiques entre le maître et son valet, entre le maître et son perruquier. […] C’est parce qu’on disoit à Le Sage qu’il falloit plaire au peuple ; c’est parce que le Sage croyoit, suivant son mot, qu’il valoit mieux faire de méchantes pièces que d’être Commis, qu’on l’a vu, avant de produire Turcaret, enfanter une centaine de médiocrités en Vaudevilles, louer son talent à des joueurs de Marionettes, s’épuiser en parodies forcées, en scènes à tiroirs, faire chanter des êtres métaphisiques incompatibles avec toute mythologie, charger Arlequin de la défense d’Homere, et malgré toutes ses ressources, essuyer souvent des chûtes à la foire. […] Vous savez, Monsieur, sur quoi roule le sujet de toutes ces pièces, le jeu répond au sujet ; la volupté, pour mieux séduire, met ses conseils dans la bouche de l’innocence ; et de peur que les leçons qui se débitent sur la scène ne soient perdues, il arrive de tous les quartiers de la ville, d’amples recrues de filles qui se répandent dans l’amphithéâtre, dans les loges, dans l’orchestre ; et font ensorte de se partager les spectateurs.

285. (1686) Sermon sur les spectacles pp. 42-84

Comment ne redoutez-vous pas un plaisir, qu’on ne vous fait sentir qu’en remettant sur la Scène des empereurs, des Rois, des Héros qui ne sont plus, c’est-à-dire, des hommes dont la mémoire doit vous avertir de votre dernière fin, et vous dégoûter pour jamais de tout ce qui respire la mollesse et la vanité ? […] Les vers se gravaient dans votre mémoire, et les sentiments dans votre cœur, de sorte que vous ne respiriez plus que les mêmes vices et les mêmes erreurs qu’on mettait sur la scène, et qu’on travestissait. […] Or, je vous le demande, mes Frères, peut-on dire qu’elles ne règnent pas aux Spectacles, ces Scènes malheureuses où l’on ne déclame que pour séduire ; où l’on ne gesticule que pour mieux insinuer les vices et les faire fermenter ?

286. (1761) Les spectacles [Querelles littéraires, II, 4] « Les spectacles. » pp. 394-420

Gresset prive la scène des caractères qu’on s’attendoit d’y voir, de la peinture vive & saillante, de plusieurs ridicules de la société. […] Cromwel, sans périr sur la scène, mais toujours tourmenté par sa propre conscience, toujours environné de spectres, toujours défiant & livré à une agitation plus cruelle que la dissolution même de son être, ne seroit-il pas un sujet théâtral ?

287. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE IV. » pp. 68-81

Ce Comédien, Disciple de Lucrece, qu’il avoit traduit en bonne partie, introduit sur la Scène, le plus perfide & le plus scélerat de tous les hommes, avec tous les dehors de la piété ; son but dans cette piéce odieuse, est de tourner la Religion en ridicule, ou du moins ceux qui la professent : il met dans la bouche d’Orgon, ces paroles que les Epicuriens ont dû entendre avec une très-grande satisfaction.

288. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre VIII. Réfléxions sur le plaisir qu’on ressent à la représentation d’un Poème comique, & sur la douleur qui déchire l’ame des Spectateurs d’un Drame sérieux. » pp. 113-123

A fin de terminer ce cinquième Livre par quelque chose d’utile, je vais hazarder des réfléxions sur les divers sentimens qu’éprouvent les Spectateurs d’un Poème dramatique ; je vais tâcher de découvrir les causes de l’intérêt qu’ils prennent aux aventures fabuleuses représentées sur la Scène, & au plaisir qu’ils ressentent à une Tragédie, quoiqu’elle les pénètre de la plus vive douleur, & qu’elle leur fasse souvent répandue des larmes.

289. (1749) Maximes pour se conduire chrestiennement « Des Plaisirs, et en particulier des Spectacles. » pp. 233-248

Je vous avoue, répondit la Princesse, que quelque gaie que je sois en allant à la Comédie, sitô t que je vois les premiers Acteurs paraître sur la scène, je tombe tout à coup dans la plus profonde tristesse. « Voilà, me dis-je à moi-même, des hommes qui se damnent de propos délibéré, pour me divertir.

290. (1760) Critique d’un livre contre les spectacles « FRAGMENT D’UNE LETTRE A ME. DE ****. SUR LES SPECTACLES. » pp. 82-92

Venons-nous continuellement infecter la Scène d’un Radamistek, d’un Cinna37, d’un Oreste, ou d’une Médée ?

291. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre VI. Dorat. » pp. 141-175

La Déclamation embrasse la Chaire & le Barreau, aussi-bien que la Scène : elle n’est de l’Art Dramatique qu’une partie extérieure. […] Baron, jeune & fêté dans ce monde frivole, En sortant de la Scène alloit jouer son rôle. […] Qui damnoient la moitié du globe, Et vouloient en être adorés, Enfin ces mortelles aimables Qui savent charmer nos loisirs, Et sur la Scène par des fables, Nous donnent de si vrais plaisirs, Ces Sirenes enchanteresses Trouveront des juges plus doux, Heureux si leurs tendres foiblesses Pouvoient arriver jusqu’à nous ; Nous, le Clergé de St.

292. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE VII. » pp. 115-130

Les passions se produisoient sur la Scène destituées de vraisemblance, on n’offroit aux Spectateurs que des intrigues froides, sous des masques ridicules, dont le jeu étoit plus injurieux à la raison, que contagieux pour la chasteté.

293. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [O] » pp. 436-440

Cependant on a vu en Angleterre, & sur le Théâtre de l’Opéra-comique à Paris, quelques-uns de ces Comédiens jouer des Scènes muettes que tout le monde entendait.

294. (1715) La critique du théâtre anglais « AVERTISSEMENT DU TRADUCTEUR. » pp. -

Les autres au contraire qui s’écartent de la voie des Anciens, et qui commencent à salir la Scène par une licence inconnue à leurs prédécesseurs, rougiront de dégénérer de ces grands Hommes ; et se corrigeront peut-être dans la crainte qu’on ne leur fasse bientôt les mêmes reproches que M.

295. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XVIII. Eprouver par soi-même si les spectacles sont dangereux, c’est vouloir tomber dans les dangers qu’ils offrent. » pp. 154-163

On accoutume son cœur à tout ; on lui apprend en secret à ne rougir de rien : on le dispose à ne pas condamner, à son égard, des sentiments qu’il a excusés et peut-être loués dans les autres ; enfin on ne voit plus rien de honteux dans les passions, dont on craignait autrefois jusqu’au nom, parce qu’elles ont toujours été déguisées sur le théâtre, embellies par l’art, justifiées par l’esprit du poète, et mêlées à dessein avec les vertus dans des personnes que la scène nous présente comme des héros.

296. (1697) Histoire de la Comédie et de l’Opéra « PENSEES SUR LES SPECTACLES. » pp. 1-12

Enfin on ne voit plus rien de honteux, dans les passions dont on craignait autrefois jusqu’au nom, parce qu’elles ont toujours été déguisées sur le Théâtre, embellies par l’art, justifiées par l’esprit du Poète, et qu’elles ont été unies à dessein avec les vertus et le mérite dans des personnes que la Scène nous représente comme des Héros.

297. (1760) Critique d’un livre contre les spectacles « EXTRAIT DE QUELQUES PENSEES SAINES. Qui se rencontrent dans le livre de J.J. Rousseau contre le Théâtre, ou condamnation de son système par lui-même. » pp. 66-77

 » « L’amour du beau est un sentiment aussi naturel au cœur humain que l’amour de soi-même : il n’y naît pas d’un arrangement de Scènes, l’Auteur ne l’y porte pas, il l’y trouve ; et de ce pur sentiment qu’il flatte, naissent les douces larmes qu’il fait couler.

298. (1760) Sur l’atrocité des paradoxes « Sur l’atrocité des paradoxes —  J.J.L.B. CITOYEN DE MARSEILLE, A SON AMI, Sur l’atrocité des Paradoxes du Contemptible J.J. Rousseau. » pp. 1-128

J’aime ce qu’il dit d’un valet sur la scène, qui cherche adroitement à duper le père de son maître pour lui arracher de l’argent. […] Il faut des supplices pour contenir les scélérats, il faut des tyrans sur la scène pour les faire haïr. […] Le dégoût s’empare de son ame, indignée elle abandonne la scène, & la laisse en proie à la débauche émanée d’un public luxurieux. […] Ce fut dans un excès de vin qu’il fit mourir son Fils dans les tourmens les plus affreux ; s’il eut été naturellement cruel, obéi comme le sont les Empereurs des Russes, il eût pû de sang froid jouir des mêmes scènes ; il n’avait qu’à vouloir. […] Ce fut lui qui introduisit les Muses sur la scène, & qui prêta la parole à ces beautés qu’on voit briller dans les Pièces des habiles de son temps : mais alors ces Muses étaient chastes, retenues & pleines de pudeur.

299. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE IX. Sentiments de Saint Augustin sur les Spectacles. » pp. 180-198

Le christianisme leur fut donc toujours opposé, la scène était donc alors réformée, et la licence des Païens ne subsistait plus. […] Non, ajoute Cicéron, il ne convient à la scène de parler ni bien ni mal de personne : « Veteribus displicuit laudari quemquam in scena vel vituperari. » Les Grecs étaient ici plus conséquents que les Romains.

300. (1759) Lettre sur la comédie pp. 1-20

J’ai tout lieu d’espérer que ce sujet, s’il doit être de quelque utilité, y parviendra bien plus sûrement sous cette forme nouvelle, que s’il n’eût paru que sur la Scène, cette prétendue école des Mœurs où l’Amour-propre ne vient reconnoître que les torts d’autrui, & où les vérités morales, le plus lumineusement présentées, n’ont que le stérile mérite d’étonner un instant le désœuvrement & la frivolité, sans arriver jamais à corriger les vices, & sans parvenir à réprimer la manie des faux airs dans tous les genres, & les ridicules de tous les rangs.

301. (1579) Petit fragment catechistic « Que les jeux des théâtres et les danses sont une suite de la science diabolique, opérante par philaphtie et amour de soi-même contraire à la foi opérante par charité, fondement de la Cité de Dieu. » pp. 20-26

[NDE] Chapitre au sujet des fêtes : que les jours fériés consacrés à la majesté suprême, nous voulons qu’ils ne soient occupés d’aucun plaisir; ce même jour la scène théâtrale ne réclamera rien pour elle, ni le combat du cirque ou les spectacles pleins de larmes des femmes.

302. (1819) La Criticomanie, (scénique), dernière cause de la décadence de la religion et des mœurs. Tome II « La criticomanie. » pp. 1-104

Et en vérité, je ne puis le concevoir autrement, la tête a dû tourner aux bons humains qui n’auraient pas voulu passer pour tartufes, ni pour vauriens, ni pour misantropes ; non, je ne vois pas où ils pouvaient se retrancher avec sûreté pendant la plus grande action de ces productions contradictoires, destructives les unes des autres, qui enseignent ou nécessitent ce qu’elles blâment, qui exposent sur la scène pour les réprimer des désordres qu’elles augmentent, ou qui n’existaient point, et dont elles deviennent l’exemple et la cause. […] Il ferait lui-même sentir leur inconséquence à beaucoup de ses admirateurs, aussi intolérants qu’aveugles, qui vantent sans restriction et regrettent le fouet de sa critique, lorsqu’ils ne voient aucun des bons effets par où il doit être principalement apprécié ; lorsqu’ils n’aperçoivent au contraire partout où il a frappé que désordres, que masques jetés, freins rompus, jougs secoués ; lorsqu’ils approuvent tous les jours les censures les plus fortes, les tableaux les plus hideux, inouïs des temps qui ont suivi ce grand moyen de correction et de perfectionnement ; enfin, lorsqu’ils applaudissent, avec transport, et sur la scène même où ils font éclater les témoignages constants de leur reconnaissance envers le remède, cette publication de l’effrayante augmentation du mal : Et les vices d’autrefois sont les mœurs d’aujourd’hui ! […] Au lieu de scènes qu’il faut mêler de tant de scandales, dans lesquelles Molière, votre guide, a cru devoir donner des tours gracieux aux vices, avec une austérité ridicule à la vertu (ce reproche lui est fait par ce respectable prélat lui-même) ; divisez votre travail en chapitres, faits avec sagesse et sans artifice, comme les siens ; répandez aussi doucement que lui des lumières aussi pures, et vous serez cité de la manière qu’il l’est tous les jours, avec une reconnaissance et un respect que nul partisan de la marche opposée n’inspire au même degré.

303. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE V. De la Parure. » pp. 107-137

Quels hommes, mais aussi quelles scènes différentes ! […] Ils mettent, pour ainsi dire, nuit & jour leur esprit dans le pressoir pour en exprimer, l’un en pensées, en sentimens, en rimes, en scènes, en actes, l’autre en habits, en coiffures, en couleur, en attitudes, tout ce qui peut réjouir le spectateur. […] Tout ce qu’on a mis en œuvre, & dans tous les siecles & dans toutes les nations, passe en revue sur la scène, & se répand rapidement dans le beau monde.

304. (1715) La critique du théâtre anglais « CHAPITRE III. L’insolence du Théâtre Anglais à l’égard du Clergé. » pp. 169-239

Deux choses sont nécessaires pour introduire des personnages sur la Scène sans préjudice de leur réputation ; l’une, qu’ils n’y soient point décriés par autrui, et l’autre qu’ils ne s’y décrient pas eux-mêmes : cette dernière voie de flétrir les gens est la pire ; parce qu’il semble alors qu’un homme soit de son propre fonds ce qu’on le fait paraître. […] Homère ouvrira la Scène, vu qu’il est le premier en date pour l’ordre du mérite aussi bien que pour celui des temps. […] J’apprends que la même retenue s’observe en Espagne et en Italie, et qu’il n’y a dans l’Europe que le Théâtre Anglais qui se fasse un amusement d’exposer des Prêtres sur la Scène.

305. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE VII. De la Dévotion des Comédiens. » pp. 160-179

Il est vrai que pendant la maladie de M. le Dauphin ils firent cesser le spectacle, ce qui n’est pas trop conséquent, & que de leur côté les Acteurs du Concert établi sous la protection de M. l’Evêque, au lieu des scènes d’Armide, de Roland, d’Hypolite, chantèrent le Miserere, sans pourtant prendre la discipline, non plus que nos saints Pénitens. […] Il est vrai que par ordre du Prélat un Grand Vicaire ad hoc examine toutes les scènes d’opéra qu’on y chante, & pour écarter les mauvaises pensées a grand soin de substituer les mots d’ami & d’amitié aux termes profanes d’amant & d’amour, souvent, il est vrai, aux dépens de la mesure & de la rime, mais au grand profit des bonnes mœurs.

306. (1758) Réponse pour M. le Chevalier de ***, à la lettre de M. des P. de B. sur les spectacles [Essais sur divers sujets par M. de C***] « Réponse pour M. le Chevalier de***, A la lettre de M. des P. de B. sur les spectacles. » pp. 128-142

Si vous craignez de voir un homme furieux, si vous fuyez l’aspect du jaloux, si vous redoutez les tristes effets de la haine, retirez-vous de la scène du monde où vous êtes sans cesse exposé à voir de pareils objets ; c’est au théâtre, à la vérité, qu’on vous en présente le spectacle le plus accompli ; mais c’est aussi là que vous voyez vos foiblesses au grand jour ; l’esprit apperçoit les défauts du cœur ; & la connoissance des vices est le germe des vertus.

307. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Seconde partie « Causes de la décadence du goût sur le théatre. — Chapitre XIX. Des Talens mal-à-propos attribués aux Comédiens. » pp. 45-62

Une fait autre chose que de se mettre à la place des héros que le Poëte introduit sur la scène.

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