Si Corneille eût pris cette liberté dans le Cid, le mariage de Chimène s’accomplirait aux yeux des Spectateurs, qui n’auraient plus rien à désirer. […] Combien les Drames du nouveau Théâtre n’ont-ils pas de peine à prendre, lorsqu’ils contiennent trois Actes ?
Si monseigneur l’archevêque de Rouen avait eu pour le roi cette déférence qui doit germer et se développer dans le cœur de tout bon Français, et s’il eût pris l’avis du Gouvernement avec lequel il aurait dû se concerter sur le mandement qu’il a fulminé, certes, cet acte qui a réveillé tant de passions, tant de craintes et d’alarmes aurait subi de sages modifications ; la société n’en aurait pas été ébranlée aujourd’hui, car le gouvernement, qui connaît à fond le génie, l’esprit et le moral des Français, aurait, il n’en faut pas douter, fourni à ce prélat les moyens d’arriver à son but, sans heurter l’esprit du siècle et causer de nouveaux troubles. Le Clergé doit savoir d’ailleurs que l’institution d’un ministère des affaires ecclésiastiques est une voie que le Gouvernement a sans doute voulu ouvrir pour faire concorder les lois ou usages de l’Eglise avec les lois ou usages de la nation, et il me paraît tout naturel qu’il eût été du devoir de M. l’archevêque de Rouen, avant de lancer son acte fulminatoire, de prendre conseil du ministre qui est chargé de ce département, et je ne fais aucun doute que, dans le secret du cabinet, son excellence ne l’eût invité ou à modifier, ou à supprimer un pareil acte.
Telle dans ces jardins d’où l’œil au loin découvre, On voit dans le Printemps la Vénus de nos jours, Sous un berceau de myrthe assembler les Amours, Pour surprendre Zéphire au lever de l’aurore, Sur le sein d’une fleur, qu’il vient de faire éclore ; Les Grâces et les Ris accompagnent ses pas ; La fraîcheur du matin ajoute à ses appâts ; La Nature sourit en la voyant si belle, Et Zéphire la prend pour une fleur nouvelle ; Mais où court mon esprit ? […] Ainsi dans ces jardins embellis pour te plaire, Qu’on prendrait pour Paphos, Amathonte, ou Cythère ; Couppée, ac quand un regard lancé de tes beaux yeux, A donné le signal d’un combat amoureux ; Sous ces ombrages frais, asiles du mystère, Sur un lit de gazon qui touche à la fougère, Tu suis un Prince aimable, et les jeux, et les ris, Tandis que chaque mois, pour cinq fois dix louis, D’un paillard impuissant, Poupone avec adresse.
Voici comment la Tragédie prit naissance chez les Grecs, où il faut toujours recourir pour trouver le berceau de tous les Arts. […] Il étoit réservé à ces derniers temps de voir plusieurs Poëtes oser attaquer dans leurs Vers la Religion, & la prendre pour l’objet de leurs railleries. […] Ils pouvoient d’autant moins y prendre goût, qu’ils n’entendoient ni la langue Latine, ni la Romance rustique, qui étoient les seules langues en usage dans les Pays qu’ils avoient conquis. […] de Fontenelle a remarqué que Bocace lui-même avoit pris les originaux de ses Contes dans le Ménestrel, Rutbeuf, Habert, & d’autres Fabliaux. […] Les Clercs de la Chambre des Comptes qui prirent le titre de Jurisdiction du Saint-Empire, & ceux du Châtelet éleverent aussi des Théatres ; mais ils furent moins fréquentés.
« On peut donc dire à ceux qui se vantent que la Comédie & les Romans, (tout ce qui a été dit jusqu’à présent de l’une, peur s’appliquer aux autres,) n’excitent pas en eux la moindre mauvaise pensée, qu’ils attendent un peu, le diable saura bien prendre son tems, quand il en trouvera l’occasion favorable.
Or tout cela depend du devoir des Censeurs, attendu que les juges et autres officiers n'y prendront jamais garde.
Si Lulli a excellé dans son art, il a dû proportionner, comme il a fait, les accents de ses chanteurs et de ses chanteuses à leurs récits et à leurs vers : et ses airs tant répétés dans le monde, ne servent qu’à insinuer les passions les plus décevantes, en les rendant les plus agréables et les plus vives qu’on peut par le charme d’une musique, qui ne demeure si facilement imprimée dans la mémoire, qu’à cause qu’elle prend d’abord l’oreille et le cœur.
Le caractère de bienfaisance que Beauchâteau a déployé dans la circonstance que je viens de décrire, et qui a pris son origine dans la pratique d’un des devoirs que la religion nous impose, doit couvrir et honorer sa mémoire de l’estime générale.
Cette Oriflamme de Dragon prend son origine, ce dit Suide, Indicto Ινδοί.
Brumoy dit que Racine a pris de Sénèque l’endroit de l’épée. […] Les passions doivent être assorties aux caractères, en prendre les traits, l’empreinte, & pour ainsi dire la couleur. […] Ce même art exige que dans la peinture des mœurs, le pinceau soit si exact à différencier les Nations, qu’on ne puisse jamais prendre l’une pour l’autre, ni les confondre dans les ressemblances générales. […] Dans toute question littéraire, on ne prend jamais que les extrêmes. […] Je ne sais où l’on a pris que Boileau trouvoit les Vers de Bajazet moins travaillés que ceux des autres Pièces de Racine.
Il dit à cette infortunée : Je mourrai devant vous, voilà votre supplice La Reine se frappe ; je ne sais avec quoi, car étant gardée à vûe, où a-t-elle pris un poignard ?
Qu’on ne dise point qu’on ne va au Spectacle que pour s’y divertir, & non pas pour prendre des leçons de morale, & que par conséquent celles qu’on y reçoit ne font aucune impression.
L’amusant & le beau prennent, sans doute, à ses yeux des formes désagréables.
« On peut mettre, dit-il, & faire agir dans une Scène tant d’Acteurs que l’on voudra28. » Je crois pourtant qu’on aurait tort de prendre ses paroles à la lettre.
Six infirmes, boiteux, aveugles, ou estropiés qui sont guéris, dites-vous, et qui prennent une nouvelle vigueur pour danser à l’honneur de celui de qui ils ont reçu un si bon office.
Les enfants du monde se réjouissent et prennent leurs ébats, dit le saint homme Job2.
Ils prennent sans respect le titre de Troupe Royale & de Comédiens du Roi : ce qu’ils n’ont jamais osé faire à Athenes ni à Rome, & ce que la majesté de l’Empire auroit pris pour un attentat & une insulte. […] Ce vers pouvoit être pris pour un éloge ou une censure. […] Pepin, dans tout son regne, son pere Charles-Martel, ni Chilpéric qu’il avoit détrôné, n’avoient jamais touché à la magistrature, qui même alors étoit toute militaire, Charles-Martel, Maire du Palais, avoit usurpé l’autorité souveraine, saus prendre le titre de Roi, & relegué Chilpéric dans un couvent. […] Tout ce qui peut prendre quelque intérêt aux vers n’est déja que trop frivole, grace au goût dominant du théatre.
Depuis que les Espagnols ont pris un style plus naturel, ils ne nous méprisent point. […] Pourquoi prirent-ils une route si différente de celle de Shakespear, & de Lopes de Vega ? […] Enfin comme il étoit plus aisé de faire parler aux Passions tout autre langage que le leur, ont prit un style outré, & voici la troisiéme cause du désordre général.
Silvestre a pris la peine de me le faire tenir. […] Silvestre a pris la peine de me le faire tenir.
Apprendra-t-il à être chaste, lorsqu’il se trouve tout transporté, et comme enivré du plaisir qu’il prend à la Comédie ? […] Ce saint Docteur examine d’abord, dans l’Homélie 15. au peuple d’Antioche cette question, si c’est un péché d’aller à la Comédie, par ces paroles : « Plusieurs s’imaginent qu’il n’est pas certain que ce soit un péché de monter sur le Théâtre, et d’aller à la Comédie : mais quoiqu’ils en pensent, il est certain que tout cela cause une infinité de maux ; car le plaisir que l’on prend aux spectacles des Comédies, produit l’impudence, et toutes sortes d’incontinences.
Je sais bien qu’un nouvel Auteur peut traiter le même sujet que l’ancien, mais de peur de passer pour plagiaire, il évitera de copier les plus belles scènes et de se servir des plus beaux vers ; il fera peut-être mieux à tout prendre que l’ancien Auteur, qui a traité le même sujet, mais sa pièce aurait été beaucoup meilleure, s’il avait pu sans scrupule et sans rien diminuer de sa réputation se servir de tout ce qu’il a trouvé d’excellent dans l’ancienne pièce ; or pour cela il faudrait qu’il lui fût imposé par un prix proposé de perfectionner telle pièce, alors il ne perdrait rien des beautés de telle pièce de Corneille, de Racine, de Molière et de leurs successeurs, ou s’il se trouvait forcé de perdre quelques-unes de ces beautés, il leur en substituerait de plus grandes et y en ajouterait de nouvelles. […] Quand les poètes comiques auront pris soin de jeter de la haine, du mépris, ou du ridicule sur les crimes, sur les vices et sur les défauts que produit ou l’injustice, ou la paresse, ou la vanité, il sera bien plus facile aux Poètes sérieux de mettre en œuvre à l’égard des spectateurs le ressort ou le motif de la belle gloire ; car il faut bien que l’homme marche vers quelque espèce de gloire, ou de distinction entre ses pareils ; c’est son penchant naturel, c’est un de ses grands plaisirs de se sentir distingué parmi ceux avec qui il a à vivre ; ainsi quand les bons Comiques nous auront bien dégoûtés de toutes les sortes de distinctions qui gâtent le commerce, nous marcherons naturellement vers la distinction vertueuse qui naît de l’acquisition des talents et de la pratique des vertus qui rendent le commerce agréable.
« Il suffit qu’on soit homme, & qu’on soit malheureux. » Voilà ma façon de penser ; elle ne sera pas du goût de tout le monde ; on pourra soupçonner trop d’orgueil dans l’aveu que j’en fais, mais je répondrai que je ne la détaille pas pour en être loué : tant d’autres ont pris ce tour, que j’aurais mauvaise grace de m’enservir ; ce n’est point là mon caractère : non, Messieurs, & vous pouvez m’en croire.
La meilleure musique, celle qui doit nous charmer davantage, est, selon moi, la musique Française ; c’est-à-dire, celle qui ne contient que des airs légers, & celle dont la noblesse & l’énergie nous frappe, & qui prend toujours la Nature pour guide.
On ne saurait donc trop recommander au Poète d’être parfaitement d’accord avec le Musicien, de prendre souvent ses conseils, de le consulter sur la coupe, la marche d’une Ariette ; & de ne point refuser de suivre en tout ses avis.
Mais ces Jeux Scéniques des Romains ne furent pas tellement abandonnés au divertissement de la populace, que les Patrices et les personnes d'honneur et de qualité n'y pussent prendre quelque plaisir ; car on y joignit dans la suite des temps trois sortes de représentations plus magnifiques, plus ingénieuses et plus honnêtes.
défendu en la loi, que les hommes ne vêtent point les habits de femme, et que ceux qui le font sont maudits : c’est bien plus grand crime, de non seulement prendre et vêtir les accoutrements des femmes, mais aussi avec ceb, représenter et exprimer les gestes déshonnêtes, et efféminés des femmes, selon que cet art impudique l’enseigne.
» Il est bien vrai que l’on y rend l’avarice ridicule, et que l’on y condamne les débauches des jeunes gens et leurs folles amours ; mais ce n’est point par des railleries que l’on détruit le vice, particulièrement celui de l’impureté ; ce mal est trop grand pour être gueri par un remède si faible, et même souvent on prend plaisir à s’en voir railler.
« Entrainé par ses amis à l’amphitéatre Vous pouvez, leur dit Alipe, faire violence à mon corps & me placer parmi vous ; mais vous ne disposerez pas de mon esprit ni de mes yeux, qui ne prendront assurément aucune part au spectacle.
» Que si la raison seule peut faire avoir ces sentiments, combien en doit-on plutôt avoir de semblables dans l’école de Jésus Christ, qui est une école de mortification et de renoncement à tous ces vains plaisirs ; Et que peut-on concevoir de plus indigne de la Religion d’un Dieu mourant sur la Croix, que de prétendre honorer un de ses Pontifes par une troupe de baladins, que Cicéron aurait pris pour une troupe de fous ou de gens ivres.
On prendrait moins de part à la joie de ce hardi jeune homme, si elle n’était imprévue, inespérée, défendue, et emportée par la force.
Parce que c’en est un de prendre d’autres habits que ceux de son sexe. 2°.
Les comédiens du troisième âge, ayant reçu leur institution du prince et des lois du royaume, ne sont point comptables de leur profession au clergé ; L’abjuration de cette profession, exigée par le clergé, est un véritable délit, parce que aucune autorité dans l’Etat n’a le droit de vouloir le contraire de ce qui a été créé et autorisé par les diplômes du prince et la législation du pays ; Le refus de sépulture, fait par le clergé aux comédiens, est encore un délit manifeste et réel, puisque c’est infliger une action pénale, imprégner un mépris public à une profession que le prince, les lois du royaume, les ordonnances de police ont instituée et régularisée ; et en cette circonstance l’outrage est non seulement fait à la personne et à la profession du comédien décédé, mais encore aux autorités suprêmes qui ont autorisé et commandé son exercice : voilà pour ce qui concerne l’état politique et celui de la législation ; c’est aux procureurs du roi qu’il appartient de faire respecter, par toutes les autorités existant dans l’Etat, ce qui a été institué et par l’action du prince et par le fait de la législation et des règlements de la police du royaume ; Le refus de sépulture est encore un autre délit envers les lois ecclésiastiques même, puisque, pour avoir lieu d’une manière canonique, il faut que les individus auxquels on veut l’appliquer aient été excommuniés, dénoncés dans les formes, et que jamais les comédiens du troisième âge ne se sont rencontrés dans cette catégorie ; Le clergé de France est d’autant moins fondé à frapper les comédiens de ses sentences exterminatoires, qu’il a lui-même aidé à leur institution, et que dans le principe de leur création les prêtres ont rempli des rôles dans les mystères que les comédiens représentaient ; que les obscénités, les scandales qui se pratiquaient alors dans les églises, ou dans ces comédies pieuses, étant tout à fait nuisibles à la religion, l’autorité séculière a fait défendre aux prêtres de remplir désormais des rôles de comédiens, et à ceux-ci de ne plus prendre leurs sujets de comédie dans les mystères de la religion ; Le clergé, dans l’animadversion qu’il témoigne contre les comédiens, signale son ignorance, son injustice, son ingratitude, et démontre en outre qu’il agit avec deux poids et deux mesures, ce qui est on ne peut pas plus impolitique pour un corps aussi respectable ; car on a vu que c’étaient des papes et des cardinaux qui avaient institué des théâtres tant en Italie qu’en France ; on a vu un abbé, directeur de notre Opéra à Paris, on a vu les capucins, les cordeliers, les augustins demander l’aumône par placet, et la recevoir de nos comédiens ; on a vu les lettres où ces mêmes religieux, prêtres de l’Eglise apostolique et romaine, promettaient de prier Dieu pour la prospérité de la compagnie des comédiens.
L’esprit a son libertinage et son désordre ; il doit se plaire naturellement où il est le plus à son aise, et le plaisir machinal et grossier qu’il y prend sans réflexion, émousse en lui le goût des choses simples et décentes.
Mais on ne prend plus la peine de rien cacher. […] » D’Alembert voulut prendre la défense du théâtre, mais il fut forcé d’avouer que les spectacles sont un poison dangereux. […] Louis XV, qui à ce trait, que les courtisans lui donnaient pour indubitable, ne reconnaissait pas son saint, prit le parti de lui faire écrire pour apprendre de lui ce qui en était. […] Jeunes personnes, à qui le Seigneur a accordé le grand bienfait d’une éducation chrétienne, vous dont le cœur a été si souvent touché par la grâce de Jésus-Christ, prenez courage.
Cependant ce désordre, qu’on pourroit considérer comme une calamité publique, vu l’importance d’une bonne éducation par rapport à la société civile, n’est rien en comparaison d’un système qui ayant pris naissance dans la licence républicaine d’un pays où le mélange de toutes les sectes modernes a remplacé la religion antique, s’étend d’une manière effrayante dans les pays catholiques ; et menace d’une révolution prochaine dans les mœurs, plus générale et plus subversive de toute décence, que tout ce que la vicissitude des siècles et des nations nous présente dans le tableau des folies et des prévarications humaines. […] Les chevaliers romains ne prirent la fuite que par la crainte d’être désigurés ; les Gaulois, par ordre de César, ne les frappant qu’au visage. […] Quand l’ame une fois est épanchée et répandue hors d’elle-même, elle prend de la haine contre tout ce qui pourroit l’y faire rentrer. Se regardant comme identifiée aux objets qui l’attachent, elle croit prises sur son être toutes les privations qu’elle essuie.
qui en ménageant notre honneur ne prendroit presque rien sur nos plaisirs ? […] Pourquoi ne pas dire que Venus étoit fille d’un premier Roi de l’Univers, que les hommes ne connoissoient alors que les loix de la nature, ignoroient ce que c’est que le choix & le goût, se livroient à leurs besoins sans délicatesse comme les animaux, & se multiplioient en aveugles, sans que jamais les pères reconnussent leurs enfans, & les femmes leurs époux (ce temps n’a jamais existé, un Chrétien qui croit à la Genèse n’avance point de si grossières absurdités) ; que cette Venus que le Ciel avoit doué d’une beauté divine, sentant des sentimens bien différens des femmes, le dessein de faire connoître aux hommes une union plus parfaite, qu’elle assembla les plus belles femmes, & que connoissant son sexe moins difficile à conduire que les hommes (peu de maris en conviendroient) : elle commença à publier par lui les loix, persuadée que les femmes porteroient bientôt les hommes à les suivre, lorsqu’elles se donneroient la peine de les en instruire (ces institutrices de chasteté sont à naître, à moins que ce ne soit les Actrices de l’opéra), dans cette nouvelle école cette Princesse leur fit voir l’horreur de se livrer à la nature sans que le cœur y prit aucune part ; que cette partie étant la plus belle & la plus noble, devoit conduire toutes les actions de la vie (quand on n’a que des sentimens platoniques, on n’en veut pas plus à la femme qu’à l’homme, la femme touche le cœur par d’autres endroits). […] Hébreu, Grec, Latin, Allemand, on ne voit rien de si ridicule dans aucune langue ; on ne le connoît qu’en France, soit qu’on y croye les complimens sans conséquence, & un verbiage frivole qui semble tout dire, & ne dit rien comme ils le font en effet sur-tout en galanterie, soit que l’entousiasme pour les femmes y soit porté à l’excès & à une sorte d’adoration ; l’usage a consacré ces termes, ils sont devenus de style ; c’est le protocole de Cithère, platitude puérile, plus basse que respectueuse de se mettre à genoux devant les femmes, qui ne convient qu’envers Dieu & à un criminel qui demande grâce : cette attitude a un autre principe, c’est pour les contempler à son aise, & être à portée de prendre avec elle des licences ; les femmes sont communément assises, il faut se baisser pour les mieux voir, prendre & recevoir avec plus de facilité des libertés indécentes dont elles peuvent moins se débarrasser.
est-il bien saint, s’il prend plaisir à s’occuper des actions criminelles ? […] Mais, direz-vous, ce ne sont là que des amusements que je prends pour me divertir. […] Des légions de démons qui l’infestent, y répandent tant de plaisirs et si séduisants, que les âmes les plus chastes peuvent à peine s’en défendre : « Honestæ mentes superare non possunt. » Comme à la guerre, on creuse des fosses, on plante des pieux, on sème des chausses-trapes, on tend des embûches sur la route de l’armée ennemie, où toujours quelqu’un est pris : « Tam multæ illecebrarum insidias ut aliqua capiatur. » Il serait impossible d’épuiser le détail de tous ces prodiges d’impureté, « portentis ». […] « Majoris prævaricationis labe peccamus. » Nous préférons le théâtre à l’Eglise, et si le service divin et la comédie se font dans le même temps, je vous en prends tous à témoin, où est la foule ?