Ce sexe naturellement crédule lorsqu’il aime, se laisse aller à sa passion sur l’espoir de promesses purement chimériques ; combien de filles abusées par une bonne foi composée ! […] Si l’yvresse a ses fureurs, quelle passion n’a pas la sienne ? […] Le devoir de l’Homme le plus noble, est sans doute de travailler à se rendre maître de lui-même (par lui-même, j’entens les passions où le mortel le plus parfait est exposé :) qui les pallie ? […] Quelque raison qu’il allègue pour rendre ce Spectacle innocent, il ne pourra me convaincre ; l’Homme de sang froid n’est souvent pas le maître de ses passions, regorgeant de vin, peut-il espérer d’en triompher ? […] Les richesses de tout temps ont été la passion dominante des Hommes, & comme je l’ai déjà dit, on sacrifie pour en avoir, père, mère, frère, parent, religion, honneur, bonne foi, & fort souvent soi-même.
La Tragédie qui excite en nous les deux Passions qui nous sont données pour notre conservation & celle des autres, en les excitant nous fait jouir d’un Bien. […] Outre cela cette tristesse que cause la Tragédie est un chatouillement de l’Ame : & Descartes remarque dans son traité des Passions, que de même que le chatouillement, quand les nerfs ont assez de force pour le soutenir, cause un sentiment agréable qui deviendroit douloureux, si les nerfs n’avoient pas assez de force pour y resister, la tristesse que nous causent les Représentations Tragiques ne pouvant nous nuire en aucune façon, semble chatouiller notre ame en la touchant, & ce chatouillement cause un plaisir.
C’étoit un des mysteres des confreres de la Passion, dans le goût du tems. […] Ces lettres, ni pour l’esprit, ni pour les sentimens, ni pour le style, n’ont rien que de très-commun, & ne sont pas toujours décentes ; elles ne servent qu’à montrer les foiblesses de ce Prince, & à élever un nuage qu’on auroit pu lui épargner, supposé même qu’elles soient vraies, ce qui est fort douteux ; car on aime à justifier les passions par des grands noms. […] Que cette passion d’un héros si célebre, auroit produit de belles scénes ! […] La Maupin dont les passions furent toujours violentes, voyant que la danseuse la Marville, la suplantoit dans le cœur du Prince, lui donna un duel ; elles se battirent, on les sépara ; mais bientôt après la Maupin se poignarda réellement sur le théatre, sous les yeux du Prince infidele, jouant le rôle de Didon, dans l’opéra d’Enée. […] On joua pour la premiere fois la comédie en Suéde sous le Roi Jean III, on y joua la Passion selon le goût du tems.
» « Les Auteurs concourent à l’envi […] à donner une nouvelle énergie et un nouveau coloris à cette passion dangereuse [l’amour] ; et, depuis Molière et Corneille, on ne voit plus réussir au Théâtre que des Romans [...]. »dv Racine, Crébillon, Voltaire, la Grange, Regnard, Destouches, Piron, Gresset, Marivaux, Boissy, vous n’êtes que des faiseurs de Romans. […] En vain Horace et Despréaux chanteraient que vous n’avez produit que des caractères ignorés ou entièrement négligés par les Anciens, en vain ils applaudiraient à l’usage que vous avez fait de l’Amour, en vain vous aurez justifié cette passion en ne lui donnant que la Vertu pour principe, en vain vous aurez peint des couleurs les plus noires toute passion qui n’a pas la Vertu pour objet, votre Censeur atrabilaire trouvera que tous vos ouvrages sont des Romans, il le dira, il l’écrira, et ses zélés Catéchumènes l’en croiront sur sa parole. […] C’est ce qu’il n’a pas dit : au contraire, il trouve mauvais que vous donniez tant d’appas à cette vertu ; ce n’est pas là selon lui le moyen de la faire aimer : ce n’est pas, à son avis, savoir faire une Pièce que d’y proposer à détester un scélérat, que d’y faire rire aux dépens d’un vicieux ou d’un ridicule, que d’y proposer à imiter un homme d’une vertu extraordinaire : notre bilieux Genevois ne veut pas vous permettre de peindre les miracles de la nature, ni le triomphe de la raison, il veut au contraire que l’un et l’autre soient renfermés dans les bornes étroites où l’extravagance des hommes et leurs passions les resserrent ordinairement. […] Bien plus, il me semble qu’il serait héroïque de préférer à l’Empire une femme vertueuse comme Bérénice et Titus cédant à l’ambition plutôt qu’à une passion si légitime se dégrade à mes yeux.
Lorsque le Théâtre s’introduisit en France, il y a près de quatre cents ans, à l’occasion d’une troupe de Pèlerins, qui s’occupaient à réciter les Actes de la Passion de Jésus-Christ ou de quelque Martyr célèbre, il y avait lieu de douter si cet exercice ne serait pas avantageux. […] or poursuit ce Père, vous vous aimez d’un mauvais amour, ou plutôt vous vous haïssez, si vous suivez vos passions et vos vices, puisque selon le Prophète, "celui qui aime l’iniquité, hait son âme". […] On veut des sujets qui excitent les passions, et on ne manquera pas de prendre des endroits366 que l’Eglise ne permettait autrefois de lire qu’avec des précautions qui ne sauraient s’observer à la Comédie. […] , « nous rejetons loin de nous les passions qui se cachent, comme étant honteuses, nous n’usons point d’artifice, et nous n’altérons point la parole de Dieu. […] » Ne faut-il pas dire au contraire de ceux qui travaillent pour le Théâtre, ou qui le fréquentent, qu’ils admettent les passions honteuses, pourvu qu’elles soient cachées, admittunt occulta dedecoris, toute leur joie est d’avoir inventé de nouvelles manières de les déguiser, pour faire trouver agréable ce qui aurait fait rougir, ambulantes in astutia, ne craignant pas même d’altérer l’Ecriture, adulterantes verbum Dei.
L’opprobre des familles, la discorde dans les maisons, les larcins, les jalousies, les meutres ne sont-ils pas les suites funestes des passions qu’il excite ?
Il me semble que quand on réfute des opinions qui plaisent aux gens du monde il faudrait étudier les tours et les manières qui peuvent les rendre attentifs et leur faire goûter les raisons qui ruinent des préjugés favorables à leurs passions.
Boll, Histoire pittoresque des passions, 1846 • Boll, Jules : Histoire pittoresque des passions chez l’homme et chez la femme, et particulièrement de l’amour. […] Le catalogue BnF note un autre titre : Mimicologie, ou Règles du geste et de l’éloquence dramatique fondées sur l’analyse philosophique et physiologique des passions. […] Senault, De l’Usage des Passions, 1641 • Senault, Jean-François (1599-1672 ; oratorien) : De l’Usage des Passions, Paris, Veuve Jean Camusat, 1641, (87 p.) 564 p. […] → Texte : « Second Discours : Que la plus grande partie des Arts seduit l’homme par le moyen de ses Passions », p. 179-190 [notamment p. 183-185].
Toute la morale tend à excuser la foiblesse, à familiariser avec la passion, par cette vue affoiblir l’horreur de l’adultere, & donner une liberté entiere aux femmes, & à faire retomber, non sur le coupable, mais sur le mari innocent, qui en est la dupe, la honte & le ridicule, à faire craindre les devoirs, les embarras, les dégoûts de cette sainte union. […] Mais quand on saura que la loi ratifie ces infamies, à quels excès ne se précipiteront pas la passion & la fourberie ? […] L’unité l’indossubilité du mariage est une loi aussi ancienne que le monde ; c’est la premiere qui fut donnée à l’homme, & la plus nécessaire au genre humain pour sa conservation & sa propagation, pour la paix de la société, l’union des familles, l’éducation des enfans, l’état des femmes, pour fixer la légéreté de l’homme, réprimer ses passions, arrêter le débordement de ses vices, le rendre utile à ses semblables & à lui-même ; il n’est pas bon que l’homme soit seul , dit en le formant son adorable Créateur, donnons-lui une compagne qui lui ressemble .
Mais, quoiqu’il ne soit pas en état de faire comme Novere un piece entiere en pantomime, tous les hommes, mêmes les enfans, le peuple, les muëts & les étrangers, qui ne savent pas la langue du pays, parlent & entendent naturellement ce langage : la passion l’enseigne, les femmes sur-tout y sont éloquentes, parce qu’elles ont plus de délicatesse & de sensibilité. […] Ce qui même ne suffisoit pas pour satisfaire une passion insatiable, dont la jouissance même irrité la soif : les spectateurs, au milieu de la pièce s’écrioient en furieux, que les actrices soient dépouillées, nudentur mimæ : ce qui ne coûtoit rien à ces âmes qui ne montoient sur la scène que pour exciter les passions.
Non-seulement il faut que l’action soit une & qu’on soit averti de ce qui va se passer ; mais il faut aussi que les sentimens des principaux personnages soient toujours les mêmes, & qu’ils ne parlent que d’après les passions qu’on nous annonce qu’ils vont ressentir. […] Ce n’est pas par un mot ou par un seul Vers, qu’on amène les événements & les passions : il faut que le prémier Acte d’un Drame offre une idée parfaite de ce qui doit arriver, & de ce qu’on va dire. […] En un mot, les événemens d’un Poème bien fait, & les passions qu’on y fait naître doivent tous tirer leur source de ce qui s’est passé au prémier Acte, & de l’action principale, qui ne peut être une, qu’autant que les incidens & même les paroles des personnages, se rapportent entiérement à elle.
Je me trouvai l’autre jour chez vôtre ami Monsieur *** Nous parlâmes sur le fatal present de la Comedie qu’on a fait à la ville : cependant, me dît-il, les fauteurs de la Comedie soûtiennent, que saint Thomas leur est favorable, en ce qu’il semble dire, que la profession des Comediens n’est pas mauvaise de sa nature, & que l’on peut même contribuer à leur subsistance, pourvû que ce soit d’une maniere moderée : j’aurois souhaité, que nôtre cher ami nous eût donné la solution à cette objection ; car quoique je sois convaincu, que cet Ange de l’Ecole n’a jamais approuvé les Comedies, telles qu’on les représente aujourd’hui ; cependant il faut le montrer à ces gens, qui se saisissent de toute couleur pour couvrir leur passion.
Ils ne les défendent pas en particulier quelque part, parce qu’ils les condamnent partout : car que signifie autre chose tout ce que l’Evangile et l’Ecriture sainte nous disent de la pureté du cœur, qui est la base de la vie chrétienne, tout ce qu’ils nous disent de la mortification des sens, de la légèreté de l’esprit, de la faiblesse de la chair, de la force des passions, de la malice et des ruses du tentateur, du danger de s’exposer aux moindres occasions d’être tenté ; tout ce qu’ils nous disent de l’attention et de la vigilance sur les désirs, de la modération des plaisirs, de la perversité des maximes et des joies mondainesbq ?
La comédie, entreprenant de traiter les grandes passions, ne peut en quelque sorte se dispenser de remuer les plus dangereuses qui sont aussi les plus agréables.
En troisième lieu, non seulement il vous est impossible de les vaincre, mais même vous ne sauriez les convaincre ; car, comme dit le même Tertullien, la sensualité des hommes est fort ingénieuse à trouver des raisons, à forger des arguments pour se maintenir en ses droits, et fort éloquente à plaider une cause qu’elle affectionne avec passion.
Leurs joies sont vaines et frivoles, et les vôtres seront solides et véritables ; l’objet de leur joie n’est que quelque chétive créature, et l’objet des vôtres sera le Créateur, vrai océan et abîme de tout bien ; leurs joies sont détrempées de mille amertumes, d’envie, de jalousie, de crainte, de défiance ou d’autre passion, les vôtres seront pures et sans aucun mélange d’aigreur ; leurs joies ne sont que pour quelques heures, quelques jours ou quelques années, les vôtres seront sans fin, sans pause et sans aucune diminution en toute l’étendue des siècles.
J’ai toujours pensé que la Tragédie ne doit pas être un simple spectacle, qui touche le cœur sans le corriger : qu’importe au genre humain les passions et les malheurs d’un Héros de l’Antiquité, s’ils ne servent pas à nous instruire.
La voilà donc la grande Pythonisse, vêtue de blanc, pour marquer la pureté de ses mœurs ; car depuis la défunte Daphné, Apollon n’aime que les vierges ; aussi les muses font-elles appellées les chastes sœurs ; pere des poëtes, aussi chastes qu’elles ; la voilà l’intime amie de Voltaire, l’héroïne de toutes les pieces, qui a rempli de son nom tous les théatres, depuis Rouen jusqu’à Vienne, à Varsovie, à Petesbourg & au Palais de délices ; qui a fait résonner tous les échos, de sa voix mélodieuse, qui a allumé tant de passions, fait composer tant de vers, fait tourner ; la tête à l’Avocat Huerne, qui voit à ses pieds toutes les autres actrices, comme un grand chêne porte sa tête chenue au-dessus des nuages, & daigne à peine régarder les petits arbrisseaux qui croissent au tour de lui ; qui a formé pour le théatre sa chere fille, la charmante Hus, vestale comme elle ; en un mot, & c’est tout dire, ce mot renferme tous les éloges ; la voilà l’incomparable Clairon, qui à pas lents, & d’une démarche majestueuse, d’un air de reine, accompagnée des graces, des jeux, des ris, des talens, s’avance vers la statue du Dieu Voltaire. […] On n’a qu’à voir les choses de près, sans les lunettes de l’ivresse & de la passion ; Voltaire & les Voltairistes ne sont que des hommes très-mediocres, couverts du vernis, de l’élégance petillante de quelque étincelle d’esprit, pétris d’un orgueil & d’une presomption inépuisables, pleins d’une aveugle estime d’eux-mêmes, & d’un souverain mépris pour le genre humain. […] Tout est plein d’ouvrages galants, aussi bons que ceux de Petrarque ; il ne faut point de génie, il ne faut qu’une passion. […] La nature, la société, la coutume, la vanité-même, & les passions, en arborent partout les trophées, aussi bien que la Réligion, qui ne cesse de crier, tenez-vous prets, car vous ne savez ni le jour ni l’heure.
Dans le royaume de Golconde, il y a des milliers d’Actrices qui font à la fois deux métiers fort semblables, dont l’un est le fruit de l’autre ; après avoir joué la comédie, elles servent à satisfaire les passions qu’elles viennent d’exciter. […] On prodigue tout à la passion ; les passions seules rendent prodigue. […] le plus honteux, le plus criminel, pour représenter des passions, des folies, des fourberies, des crimes.
Car partout où il y a du plaisir, il y a de la passion, sans quoi le plaisir serait insipide : partout où il y a de la passion, il y a de l’émulation, sans quoi la passion serait désagréable. Or l’émulation amène la fureur, l’emportement, la colère, le chagrin, et cent autres passions semblables, qui sont incompatibles avec les devoirs de notre religion. Je veux même qu’une personne assiste aux spectacles avec la gravité, et la modestie qu’inspire ordinairement une dignité honorable, ou un âge avancé, ou un heureux naturel ; il est néanmoins bien difficile, que l’âme ne ressente alors quelque agitation, quelque passion secrète. On n’assiste point à ces divertissements sans quelque affection ; et on n’éprouve point cette affection, sans en ressentir les effets, qui excitent de nouveau la passion.
Le but de la Comédie est de rendre les hommes meilleurs ; j’ai prouvé que pour parvenir à ce but, elle devoit moins s’attacher à peindre la maniere d’être extérieure des passions, que le fond même de ces passions.
Ces tableaux raprochés montreroient, sous un seul point de vûe, la marche générale de la pièce ; les diverses passions qui la soutiennent & le jeu des caractères. […] Les autres sont dans l’homme, & expriment la nature de son esprit, de ses sentimens, de ses passions.
« Moi-même, si je puis me citer, s’écrie M. le Chevalier du Coudray, en entrant dans le monde je me sentois, ou du moins croyois me sentir, un goût décidé pour la composition des Poëmes Dramatiques, une noble passion pour le Théâtre ; mais né, malheureusement pour moi, avec de la timidité, des sentimens, de l’ame, sans intrigues, sans cabale, d’ailleurs avec de la naissance & un nom, je n’ai pû avoir ces viles complaisances, ces basses flatteries que certains Auteurs semblent avoir pour ces Messieurs & ces Dames ; par conséquent ma noble passion s’est éteinte, & mes talens ont été avortés : sans cela, peut-être aurois-je été loin dans la carriere dramatique. » Lettre à M.
Parce que le propre de la vertu, est de régler et réprimer les sales passions les soumettant à la raison : où la Comédie les produit et les étale de toute leur force, en approuve tous les succès, et y donnent des récompenses. […] Vous dites vrai : car autrefois quelques habitants de Paris représentaient la Passion de Notre Seigneur, dont la figure est encore restée en relief sur la porte de cet Hôtel, et il appartenait à des Confrères, qui eussent peut-être mieux fait de la laisser inutile, que d’y mettre des infâmes qui détruisent ce que les premiers y avaient établi à bonne intention.
le Batteux soutint que les plaisirs & les passions du Théatre ne sont, & ne peuvent être que nuisibles aux mœurs.
Ils prendroient sans doute ce parti, si leurs passions ne s’y trouvoient point intéressées.
Les vices & la passion, dit-on, contribuent au bien public, leur ressort fait l’héroïsme ; c’est-à-dire, que la sagesse de Dieu tire le bien du mal, & fait tout servir à sa gloire, même le péché. […] L’esprit de débauche, dangereux par-tout, l’est encore plus à Bordeaux qu’ailleurs, par l’affluence des étrangers, qui, aux foiblesses du pays, viennent joindre les vices des deux hémispheres & les passions brûlantes du nouveau monde. […] Alexandre s’apperçut de cette intelligence : il est rare que la passion ne se trahisse elle-même, & les yeux de l’amour sont perçans. […] Les éloges que les papiers publics ont prodigué à cette étrange composition, sont le langage de la passion dont elle a excité les mouvemens criminels. […] La passion leur devoit ce tribut de reconnaissance.
Le polithéisme est aboli, on n’adore plus le bois & la pierre ; mais on adore les passions, on adore les actrices, on se livre à toutes les impudicités que le théatre enseigne, réalise, présente, fait commettre par ses suppots & ses amateurs. […] Il est certain que c’est lui fare un tort irréparable, d’entretenir, d’exalter ses passions, de concentrer le vice dans son caractere, par la représentation de son personnage. Quelques écrivains ont imagine que c’étoit un bien de renforcer ainsi le caractere de la nation : c’en seroit donc un aussi de renforcer les vices des particuliers ; mais ce n’en est un qu’aux yeux de ceux pour qui les passions, les vices sont des biens. […] Il faut s’identifier avec son rôle, en prendre fortement les motifs, les passions, les allures, se monter sur son ton ; par un enthousiasme artificiel qui donne du feu à tous ses mouvemens, ménager les nuances, préparer les transports, distribuer l’ame dans tous l’extérieur, qui la rendre à la fois, & naturelle, & supérieure à la nature. […] Les fables ne flattent point les passions, l’amour n’entre point dans ces aventures.
Mais on ne peut trop charger les passions & les ridicules. On ne se plaindra donc pas que je charge trop les passions & les ridicules qui caractérisent ce discours. […] Mais, quoiqu’on doive marquer chaque passion dans son plus fort degré & par les traits les plus vifs, pour en mieux marquer l’excès & la difformité, on n’a pas besoin de forcer la nature & d’abandonner la vrai-semblance. […] Cet indécent galimathias, qui habille le libertinage d’un langage de religion, ne dévoile que trop un cœur corrompu qui sacrifie à sa passion le Prélat qu’il fait semblant de louer, & la pudeur qu’il fait rougir. […] Mais la philosophie ni l’ascendant de son esprit sur les passions n’a pu empêcher l’homme qui a le plus fait rire de succomber à la mélancolie.
Non : on peint l’homme par l’homme même, les mœurs par leur caractére, les sentimens par leur ton, les passions par leur langage. […] Toutes les passions enfin avec leur caractére. […] Ne jugeons pas du Jeu par son attrait particulier pour l’esprit de désœuvrement, le goût décide, l’intérêt, ou la passion. […] Le goût particulier vous fait du jeu un besoin, l’intérêt une loi, la passion une nécessité. […] Les facultés qu’ils intéressent chez-nous, ne sont point susceptibles de ces mouvemens grossiers auxquels, on reconnoît les passions.
Comment permettrait-elle les spectacles dans ce temps qu'elle appelle un temps favorable, et des jours de Salut, puisqu'elle en a banni les plaisirs permis en d'autres temps, et qu'elle a même retranché de ses offices toutes les démonstrations d'une sainte réjouissance, principalement pendant le carême qui est un temps consacré à la mémoire de la Passion de Jésus-Christ.
La passion excessive des théâtres a produit l’oisiveté et le luxe : ces deux causes réunies ont occasionné le débordement d’une licence effrénée.
Un Espagnol ayant trouvé la nuit une Indienne dans les rues, voulut la mener chez lui ; elle ne s’en défendoit pas, mais elle lui dit : entendez cette flûte de laquelle mon amant joue, sur la prochaine colline, elle m’appelle avec tant de passion & de tendresse, qu’il faut nécessairement que je m’y en aille ; laissez-moi, car la violence de mon amour m’emporte de ce côté-là . […] Ils crurent qu’il étoit d’un très-mauvais exemple de laisser représenter des crimes & des passions même par jeu, de tenir de mauvais discours même pour remplir un rôle, ou pour amuser le public. […] Pour une bonne piece il y en a cent mauvaises ; pour une applaudie avec justice, il y en a cent qui ne le méritent pas, parce qu’on ne peut ni juger ni composer de bons ouvrages qu’autant qu’on est exempt des passions. […] Le Mercure de novembre, qui rapporte ce grand événement comme une affaire d’Etat, ne fait pourtant qu’un éloge modeste de cette Actrice : Elle est utile, agréable, joue avec aisance, avec agrément, avec distinction, mais ne t’éleve point à l’énergie des passions. […] Les Napolitains ont beaucoup de passion pour ce genre de comédie.
Sur votre Théâtre, Mademoiselle, on représente les passions ; un Comédien s’efforce de le faire aussi naturellement qu’il est possible ; on ne peut réussir sans les exciter en soi, il faut se pénétrer d’une ardeur qui ne s’efface pas aisément, après la représentation. […] Cependant les passions se débordent, comme un fleuve empoisonné, & les vérités les plus consolantes & les plus terribles ne sont point capables d’en arrêter le cours : Dieu se répent d’avoir créé l’homme, il est forcé d’en noyer l’espéce dans les eaux du déluge ; une seule Famille est jugée digne de vivre, & de perpétuer sur la terre la race infortunée des Mortels. […] Vos Adorateurs sont peut-être ce qu’il y a de plus brillant dans le Royaume ; mais aussi tout ce que la Religion & l’Etat ont de moins solide, la partie la moins saine & la moins utile en tout genre ; ce sont des génies frivoles à qui la passion fascine les yeux, & qui ne voyent aucun objet en son vrai point de vûe.
Envie, jalousie, soupçons, haine, vengeance, dépit, rage, fureur, désespoir &c. en un mot toutes les passions s’emparent du Théâtre. […] Ramire ; il y ajoute une réfléxion dont la vérité & la simplicité doit frapper ses adversaires : c’est qu’en plaidant pour les Spectacles ils en montrent le danger, leur langage favorise trop les passions pour ne pas trahir leur cause : le Spectacle est pour la jeunesse, ce qu’est un peu d’eau pour un brasier ardent, elle ne suspend d’abord l’activité du feu que pour la rendre bientôt plus vive.
Envie, jalousie, soupçons, haine, vengeance, dépit, rage, fureur, désespoir &c. en un mot toutes les passions s’emparent du Théâtre. […] Ramire ; il y ajoute une reflexion dont la vérité & la simplicité doit frapper ses adversaires : c’est qu’en plaidant pour les Spectacles ils en montrent le danger, leur langage favorise trop les passions pour ne pas trahir leur cause : le Spectacle est pour la jeunesse, ce qu’est un peu d’eau pour un brâsier ardent, elle ne suspend d’abord l’activité du feu que pour la rendre bientôt plus vive.
Ce fut cette petite personne qui troubla le bonheur d’une épouse vertueuse, en inspirant une passion violente au jeune Magistrat. […] Elle était inconnue ; son mari dépuis sa nouvelle passion venait plus rarement ; elle osa former le projet, & l’exécuter, de se rendre à la Ville, les jours où la *** devait jouer, & de se modeler sur cette Rivale odieuse qui lui enlevait un cœur qu’elle n’avait pas mérité de perdre.