Sans nous arrêter à discuter les diverses opinions de ces trois Auteurs, disons en peu de mots quel est notre sentiment.
Il était libre enfin, d’après ses opinions jésuitiques, de justifier le fanatisme de quelques prêtres qui prétendent encore, contre toute justice, pouvoir excommunier les acteurs et leur refuser les prières de l’église et la sépulture, à raison de leur profession.
J’ajoute l’opinion de M. de Voltaire qui, ayant travaillé, ainsi que M.
28,) l’anathême qui vous enleve au corps de l’Eglise, ne vous ôte point le don précieux de la foi, à moins que vous n’y renonciez en vous livrant à des opinions hétérodoxes. […] Le Pere Hardouin étoit le plus sçavant & le plus ridicule Pirrhonien qui ait paru depuis l’Auteur de la Secte ; il a renversé la cervelle, avant de mourir, au pauvre Pere Berruier, qui a débité dans son nouveau Peuple de Dieu, un grand nombre d’erreurs, de faussetés & d’impertinences, sur la foi de son Maître, sans y entendre malice : Or, l’opinion d’un tel homme doit-elle balancer celle de tous les Sçavans & de l’Eglise même, relativement au premier Concile d’Arles ?
A toutes les raisons données à l’appui de mon opinion, je puis en ajouter encore une plus décisive ; celle que toutes les vertus qui ont été mises notamment sous la sauvegarde et protection de l’art dramatique, ont été les plus persécutées, et ont le plus perdu ; je n’en vois pas une clairement qui y ait gagné, et je vois très-bien, au contraire, que les plus ingénieusement défendues, que les mieux prêchées ou vengées sur la scène, sont les plus généralement abandonnées dans le monde ; je vois qu’on n’a fait qu’aiguiser les traits de toutes les passions contre elles, ou contre ceux qui les pratiquaient. […] et l’on doit sentir parfaitement enfin que, dans tous les intérêts, il est temps de mettre quelque frein à toutes ces mascarades des vices déguisés en vertus, courant les théâtres pour se faire voir et bafouer par le peuple convoqué ad se invicem castigandum ridendo ; et ce peuple érigé en tribunal de mœurs, je développe l’observation que j’en ai faite, est rassemblé confusément et en toutes dispositions, c’est-à-dire comprenant avec leurs passions, leurs goûts, leurs vices, leurs préjugés différents, leurs opinions, leurs systèmes et préventions diverses, tous les rangs, tous les états, tous les âges, les deux sexes, les amis, les ennemis, les parents, les enfants, les régnicoles, les étrangers, les clercs et les laïcs, les disciples de toutes les religions, pour les mettre alternativement aux prises ensemble, ou pour livrer ceux-ci à la risée de ceux-là, et vice versâ, afin de les corriger tous, les uns par les autres au moyen d’impressions ou mouvements intérieurs si divers, si brouillés, et du conflit bizarre de tant d’éléments contraires ; c’est presque à dire, afin de les entre-choquer de telle manière que le monde moral sorte tout façonné de ce nouveau chaos, ainsi que Descartes fait sortir le monde physique de ses tourbillons. […] L’utilité de légitimer et bien organiser cette justice intermédiaire qui n’aurait d’action que sur les justiciables de l’opinion, qui n’appellerait sur eux que la peine intermédiaire aussi de la honte et du ridicule (et tout au plus de la surveillance spéciale du ministère public qui, même dans les cas d’une certaine gravité, bornerait là son intervention, en vertu d’un pouvoir discrétionnaire ad hoc), et ferait alors concourir efficacement à la réforme ce puissant et précieux moyen de répression, dont toutefois, ainsi que je viens d’en faire le vœu, il ne serait plus fait d’application inconsidérée aux écarts et défauts légers qui n’excluent point l’honneur ou la droiture de l’âme ; l’utilité, dis-je, de cette sorte de tribunal correctionnel de première instance, qui ne décernerait ses peines morales que pour en prévenir d’afflictives et plus graves, me parait frappante dans ce temps de perversité et de dépravation générale où tant d’hypocrites de toute espèce que la loi ne peut atteindre, serpentent long-temps dans la société, et rusent paisiblement, font, comme on dit, tout juste ce qu’il faut faire pour ne pas être pendus, et deviennent ainsi des scélérats endurcis ; dans ce temps où les tribunaux existants, encombrés de coupables, suffisent à peine, et seront bientôt obligés, s’ils ne le sont pas encore, de fléchir, de fermer les yeux souvent, ou tolérer les désordres, par l’impossibilité d’en juger et punir tous les auteurs, dont un grand nombre, leur repentir, l’abîme de regrets et de douleur où on les voit plongés après leur condamnation, ne permet pas d’en douter, dont un grand nombre, dis-je, ne sont arrivés au point d’avoir encouru les peines les plus graves et infamantes, que pour n’avoir pas été arrêtés dans la route du crime, ou par l’effet, ou par la crainte d’un premier et moindre châtiment plus difficile à éviter.
Son opinion y est bien expliquée & bien soutenue, & à quelqu’endroit près, la dissertation est fort raisonnable ; mais il n’étoit pas à propos de la faire imprimer, ces sortes de doctrines ôtent la réserve aux ames timorées, & favorisent le relâchement, le libertinage & l’oisiveté des gens du monde. […] Caffaro, la condamnation de son ouvrage & de son opinion, l’autorité de M. de Harlai, Prélat habile & bien instruit des choses du monde, la lettre même de Boursaut auroient d’ailleurs terminé sa dispute, auprès des gens raisonnables. […] Tous dans les intérêts du libertinage, leur autorité formeroit-elle une opinion probable dans le probabilisme le plus relâché & la morale la plus tollérante ?
On ne connoit dans ces heureux climats ni le luxe dévorant, qui dépouille la nature de tout ce qu’il prodigue à la vanité, ni cette licence d’opinions, qu’on peut appeler ce second luxe de notre siécle le luxe des esprits, parce qu’il marche toujours à la suite du premier, mais encore parce qu’il est le grand abus de la raison, comme l’autre est le grand abus des richesses. […] Ces monstrueux excès ne sont ils donc que licence d’opinion, luxe d’esprit, abus de la raison ? […] Ce n’étoit pas le style des Apôtres, ce ne fut jamais celui des Saints qu’on appelle abus de la raison ; des opinions philosophiques ou litteraires, les sophismes dont on les appuie, les graces du discours dont on les pare, qu’on appelle luxe, l’affectation du bel esprit, le néologisme, l’érudition déplacée, un style pompeux, ambitiosa ornamenta , comme dit Horace ; les Poëtes qui courent après les pointes ; Corneille plus boursoufflé que grand, Seneque, Fontenelle, &c.
Voicy comme j’en ay conceu les diverses beautez, dont les Hystoriens n’ont pas voulu prendre la peine de faire le detail, & qu’ils ont ainsi laissé dans quelque sorte de confusion ; Ie ne raporteray point la difference de leurs divers sentimens ie me contenteray de faire un tissu de leurs opinions, & un fil continu de l’Histoire.
Ils en conviennent eux-mêmes, en avouant qu’en cela, ils partageaient l’opinion générale de l’église et des souverains pontifes.
Peu fait pour consulter l’opinion commune, je prétens n’exister désormais que pour moi. […] Le bonheur, comme on sait, tient aux opinions. […] Le Gouvernement a raison de laisser subsister l’infamie prononcée contre les comédiens, l’honnêteté publique l’exige ; c’est la loi de tous les temps, fondée sur l’opinion universelle. […] Je reconnois que tous les membres de l’Aréopage, également éclairés & équitables, ont pour les gens de lettres les égards, le respect, la déférence que tout subalterne doit à ses bienfaiteurs & à ses guides ; que toujours fideles à leurs engagemens ils n’ont jamais séparé leurs intérêt de ceux de leurs maîtres, jamais affecté de prédilection offensante, jamais cherché à les désespérer par des tons despotiques & des délais éternels ; que les jugemens de la Troupe, tous inspirés par un goût infaillible, précédé d’un mûr examen, motivés par la plus saine raison, méritent en tout temps les acclamations du public ; que les gestes toujours d’accords avec la pensée, toujours variés comme la déclamation, toujours nouveaux comme les rôles, offrent tour à tour, dans le même acteur, la dignité d’un héros & la lâcheté d’un perfide, les traits mâles d’un sauvage & l’air efféminé d’un Sibarite ; que les femmes du Théatre, ausi chastes que modestes, aussi décentes que desintéressées, aussi vertueuses que sensibles, n’ont jamais séduit l’innocence, dupé la bonhommie, outragé l’hymen, dépouillé les familles, introduit le désordre dans la société ; que dans tous les siecles & chez tous les peuples, la profession de Comédien fut une profession noble & honnête ; qu’on a partout puni l’Ecrivain téméraire & séditieux qui a osé ébranler une opinion si respectable, & que le meilleur moyen d’établir les bonnes mœurs & la vertu, de détruire le faste, le luxe, la dissolution, c’est d’engager le Gouvernement à combler les Comédiens d’honneurs & de richesses. […] La Comédie n’est pas un simple amusement ; ce n’est pas uniquement une ressource ménagée à l’oisiveté des grandes villes, c’est un des moyens les plus efficaces pour diriger les opinions, pour ébranler la masse des esprits, pour leur donner la direction qui convient aux vues du ministere.
Tous les suffrages de l’opinion, de la bienséance, & de la vertu purement humaine, fussent-ils réunis en faveur de l’Art Dramatique, il n’a jamais obtenu, il n’obtiendra jamais l’approbation de l’Eglise.
Je prétens qu’ils y a de divertissemens dans le monde qui passent pour legitimes, & que l’opinion commune des gens du siécle authorise ; mais que le Christianisme condamne, & qui ne peuvent s’accorder avec l’integrité, & la pureté des mœurs.
Voilà pourquoi la morale du théâtre n’est qu’un amas de fausses opinions qui naissent de la concupiscence, et qui ne plaisent qu’autant qu’elles flattent les inclinations corrompues des spectateurs.
J’ai trop bonne opinion des Poètes, pour supposer qu’aucun d’eux puisse penser de la sorte ; et je crois aussi que, parmi les Spectateurs, il n’y aura qu’un petit nombre de gens peu instruits qui pourront tenir un pareil langage.
Nous savons que cette opinion ne s’est pas trouvée véritable ; ainsi au lieu de traduire bientôt [in proximos] Luc.
Et vous paroît-il que dans toutes ces occasions, l’Homme soit bien d’accord avec lui-même, ou ne vous semble-t-il pas au contraire, que de la même façon que ses yeux le trompent souvent, & lui font avoir d’un même objet des opinions toutes contraires, il est aussi très-contraire & très-opposé à lui-même dans la plupart des choses qu’il fait ou qui lui arrivent ? […] Et nous demeurerons fermes dans l’opinion qu’on ne doit point se livrer à elle, ni l’étudier comme quelque chose de serieux & de conforme à la vérité ; mais qu’il faut au contraire que tout homme qui craint de voir troubler l’œconomie de son ame soit en garde contre elle, & ne l’écoute qu’avec crainte. […] Ce n’est point à moi à combattre une opinion qui fait rejaillir sur lui une partie de la gloire de nos conquêtes. […] Ceux qui ont dit que le Théâtre d’Athenes étoit une Ecole de Vertu, en ont eu trop bonne opinion : il étoit, quand on jouoit les Comédies d’Aristophane, une Ecole de Libertinage & d’Impiété.
quel moyen de concilier l’opinion qu’on leur supposerait avec la Morale de Jésus-Christ dont ils sont les interprètes, et avec leur qualité de Directeurs dans les voies du Salut ? […] On doit en jouer à Marly : le Roi et la Cour savent le scrupule que je me fais d’y aller, et ils auraient une mauvaise opinion de vous, si vous aviez si peu d’égards pour mes sentiments… Je sais bien que vous ne serez pas déshonoré devant les hommes, en allant aux Spectacles ; mais comptez-vous pour rien de vous déshonorer devant Dieu ? […] Tous les suffrages de l’opinion, de la bienséance et de la vertu purement humaine, fussent ils réunis en faveur des Spectacles profanes, ils n’ont jamais obtenu, ils n’obtiendront jamais l’approbation de l’Eglise.
Je justifierais peut-être suffisamment cette opinion défavorable au critique sous cet autre rapport, si je voulais m’écarter un moment de mon objet principal, pour faire remarquer que ses principes n’ont pu l’empêcher lui-même de composer, peu de temps avant ses leçons, et de nous laisser l’Etourdi et le Dépit amoureux, qui contiennent des fautes grossières contre la morale, contre la bienséance et contre la grammaire ; et plusieurs années après, un ouvrage des plus bizarres, une autre comédie en cinq actes, dans laquelle on a trouvé plus de choses contre le bon goût que les Précieuses et les Savantes n’en avaient jamais conçu ; je veux parler de son Festin de Pierre. […] Je voudrais bien pouvoir aussi réduire son influence à cette heureuse inutilité ; mais je suis invinciblement entraîné dans une opinion contraire : je vois avec conviction dans le fond ou l’ensemble de ses œuvres un cours complet de démoralisation ; je vois qu’après avoir suscité une guerre cruelle à la vertu par le Tartufe, et lui avoir enlevé ses postes les plus importants par les Précieuses ridicules, et les Femmes savantes, il lui a coupé toute retraite par le Misantrope. […] Je suis persuadé que son ouvrage, que je n’ai pas non plus l’intention d’ôter du rang auquel l’opinion la placé, sous le rapport littéraire, n’aurait pas été mis au théâtre, du moins sans un retranchement volontaire considérable, si quelqu’ami respectable, moins prévenu, ayant mieux profité des leçons du passé, l’eût éclairé en lui montrant dans plusieurs exemples les funestes conséquences qu’il aurait infailliblement, et en lui disant pour consoler son zèle : vous avez la très-louable intention d’éclairer vos concitoyens et principalement de prévenir les hommes puissants, les princes, les ministres, contre des intrigants hypocrites qui prennent le vernis de belles qualités qu’ils n’ont point, pour en imposer et obtenir des places dont ils ne sont pas dignes ; hé bien, il n’est pas nécessaire pour cela de faire tant de bruit, d’avoir recours aux prestiges de la déclamation, à la séduction de la poésie ou des beaux vers qui font croire le pour et le contre, aidés du fracas et de la magie du théâtre, de son appareil fantasmagorique, qui exerçent trop d’empire sur les sens et sur l’imagination des hommes, surtout en rassemblement, qui les exaltent, et les font extravaguer ou passer le but qu’on se propose.
Plaute a quelques égards à la grandeur du caractère, à l’opinion commune de son pays, et aux règles de la bienséance ordinaire. […] Dryden suit un peu pour la beauté de l’esprit l’opinion et le goût des Africains pour la beauté du visage. […] L’OPINION DES AUTEURS TANT PROFANES QUE SACRES Touchant les Spectacles. […] » Telle est l’opinion de ces célèbres Auteurs touchant le Théâtre. […] Cependant des désordres infinis sont les suites de cette opinion si commune.
Quelle mauvaise foi d’attribuer à des hommes dont la sainteté est si bien établie, des opinions qui n’ont jamais pu être soutenues que par ceux qui appellent bon ce qui est mauvais, & mauvais ce qui est bon ! […] Tous les suffrages de l’opinion, de la bienséance & de la vertu purement humaine, fussent-ils réunis en faveur de nos Théatres publics, on aura toujours à leur opposer la loi de Dieu qui les défend.
Les Auteurs qui l’ont fait avant moi se sont très-peu entendus, ou n’ont suivi que leurs opinions : si le vrai se découvre quelquefois dans leurs Ecrits, c’est une faible lueur qui brille au milieu de la nuit, & qui nous échappe bientôt. […] Il n’est aucun préjugé, aucune envie de se distinguer par des opinions singulières qui puissent porter qui que ce soit à avancer une chose aussi absurde, aussi fausse.
*Les premiers courans s’estimoient les plus heureux, soit qu’ils creussent qu’il y eust de l’avantage à donner le premier plaisir, à prevenir le goust, & à saisir l’opinion & le suffrage des spectateurs, soit qu’en effet les seconds objets & les plaisirs reïterez soient sujets à trouver plustost de la satieté, & du rebut parmy les spectateurs, si l’on en croit Symmachus, le dernier lieu fut aussi favorable, & mesme plus avantageux que le premier. […] leur a demeuré ; mais j’aurois mauvaise opinion de leur bonne chere, si ie m’abandonnois à tout croire ce que dit cét Autheur.
Il mandie sans cesse pour nous la bonne opinion & l’estime publiques.
Ils sont le modèle des mœurs, comme les hommes de Génie celui des opinions.
Toute premiere opinion est toûjours. malaisée à deraciner, & l’avarice interessant l’esprit à la deffendre en redouble l’attachement.
Après ce petit avis que j’ai cru utile de donner à quelques-uns de nos faiseurs, j’en viens à l’ouvrage de M. le baron d’Hénin, qu’à son titre, bien qu’il ne soit pas très clair, j’ai jugé devoir présenter des faits et des raisonnements susceptibles de fixer mon opinion sur une question intéressante : L’état des comédiens sous le point de vue religieux ; question d’ordre social qui se reproduit sans cesse, et qui ne se reproduit jamais sans altérer momentanément la paix publique.
On pourroit entrer plus avant dans cette discussion ; quoiqu’après tout, les raisonnemens les plus longs n’aboutiroient guère qu’à ce que je viens d’observer, soit sur le danger des Spectacles, en suivant l’avis de ceux qui les condamnent, soit sur les précautions qui peuvent garantir de ce danger, en préférant l’opinion contraire. […] Mais pour prouver d’une manière plus précise & plus développée ce que j’ai avancé, que Racine traite l’amour en homme de génie, & Corneille en homme d’esprit seulement, prenons dans ces deux Poëtes deux morceaux de passion que l’on puisse opposer l’un à l’autre, & dont une courte analyse fasse voir le vrai ou le faux de mon opinion. […] Il n’en faudroit pas davantage, ce semble, pour fixer l’opinion commune. […] Bon Poëte, bel Esprit, Ecrivain savant, il a marqué trop de partialité dans ses opinions.
Il soutint sa mauvaise opinion par une seconde Lettre. […] On sçait que leurs opinions ne doivent être pesées qu’avec le poids de la vérité, & non avec celui des titres qui décorent leurs personnes. […] Feuille Hebd. des Prov. de l’année 1774], cette opinion est un vrai paradoxe. […] On a rapporté [page 84 de nos Lettres] une opinion motivée qui décide négativement la question. […] L’opinion vulgaire sur les désordres attribués à l’interruption des Spectacles, a été réfutée par M.
Je ne parlai point de cette avanture, pour ne point lui faire du tort, ainsi que de beaucoup d’autres, pour ne pas perdre la bonne opinion que je m’étois acquise avec tant de peine. […] Malgré tant de peine pour acquérir cette bonne opinion, le public malin l’a toujours cru un libertin.
Mais ce qui ne laisse point de doute en cette opinion est ce que Valère Maxime ajoute que ce Poète s'étant délivré de la peine de chanter « Et cum vocem obtudisset, adhibito pueri et tibinicis concentu, gesticulationem tacitus peregit. » Val.
Ils n’ont pas conçu, comment vous pouviez trouver si mauvais qu’on attribuât à quelqu’un des opinions qu’on peut vous reprocher à vous-même, à ce qu’ils m’ont assuré, et que je m’embarrasse fort peu que vous ayez ou non, pourvu que je détruise celles que vous avez ou que vous faites semblant d’avoir contre les Comédiens.
Aussi, l’opinion du Marquis Maffei fut-elle supérieurement combattue. […] Tous les Sages de l’antiquité n’en ont pas eu une meilleure opinion. […] Mais, que cette opinion, soit vraie ou fausse, je doute que la Comédie soit fort utile dans un pays, où, selon M. […] J’ai pour garant de mon opinion un Auteur nullement suspect. […] Chacun en a parlé, suivant l’intérêt qu’il avoit à adopter une opinion plutôt qu’une autre.
Passionnés pour les chef-d’œuvres d’Echyle, de Sophocle et d’Euripide, enthousiastes des productions d’Aristophane et de Ménandre, dont Plaute et Térence se sont appropriés les beautés pour en enrichir le théâtre de Rome, les Grecs avaient, il est vrai, une autre opinion à l’égard de ceux qui se livraient spécialement aux jeux de la scène ; mais il est évident qu’elle prenait sa source ou dans cet amour de la liberté qui n’admettait ni frein ni tempérament, ou dans l’usage que suivirent assez longtemps les auteurs dramatiques de jouer eux-mêmes les pièces qu’ils avaient composées. […] « Le jeu des passions saisit le spectateur ; Il aime, il hait, il pleure, et lui-même est acteur25. » L’opinion qu’ont eue de la profession de comédien les peuples anciens ou modernes, a donc dû nécessairement être toujours la même ; c’est-à-dire, qu’on a dû l’estimer ou la mépriser à raison du bien ou du mal qu’elle pouvait produire en politique ou en morale. […] « Prêtres, écoutez-moi, Soyez intéressés, soyez cruels, sans foi, Soyez ambitieux ; soyez rois sur la terre ; Prêtres d’un Dieu de paix, ne prêchez que la guerre ; Armez et divisez pour vos opinions, Les pères, les enfants, les rois, les nations : » Voilà ce qu’ils ont fait … … » Où donc en est la preuve, de ces horribles imputations. […] NDA Il me paraît évident que les militaires ont toujours eu cette opinion des avocats. […] Jamais une expression indiscrète, une interruption déplacée n’y décèlent ou la passion ou l’opinion du juge qui s’y montre toujours impassible comme la loi même dont il est l’organe.
Que l’action des Drames lyriques est vraisemblable, contre la commune opinion. J’attaque une opinion généralement reçue, qui, selon moi, n’est fondée que sur le préjugé. […] Tout ce que je viens de dire doit montrer que le Théâtre lyrique est fondé sur des règles assez difficiles, contre la commune opinion : je prouve de plus que celui des Français est digne de plaire, non-seulement à ceux qui ne chérissent que la magnificence du Spectacle ; mais encore à l’homme de goût.
Avant que d’entreprendre de répondre aux Objections de l’Auteur de la Lettre, il est bon de donner ici de l’horreur d’un principe, sur lequel il se fonde ; qui est qu’il faut préférer les opinions des Scholastiques modernes, à celles des anciens Pères de l’Eglise. […] Voilà les guides du salut et les conducteurs que notre faiseur de Lettre propose aux fidèles ; et il leur donne de magnifiques louanges, afin qu’ils en aient une opinion avantageuse. […] Car tout le monde convient que la doctrine de cet Ange de l’Ecole, de ce Maître et de ce Chef des Théologiens, est célèbre dans le monde, et avantageuse à l’Eglise en beaucoup de points qu’il a traités excellemment ; mais s’ensuit-il qu’on puisse l’opposer tout seul aux Pères de l’Eglise qui lui sont antérieurs, et que son opinion particulière doive contrebalancer les décisions positives des Conciles.
La mauvaise opinion que des hommes prévenus et sans réflexion, prennent injustement des personnes de votre état, vous a semblé insupportable ; et votre âme n’a pu sans douleur se voir sans cesse entre l’admiration et le mépris.
Il est utile à la société de mettre les méchants, les injustes, les scélérats sur le théâtre, mais à condition que le Poète les peindra avec les traits et les couleurs qui peuvent exciter dans le spectateur l’horreur de l’injustice, de la méchanceté, de la scélératesse, et jamais avec des traits et des couleurs qui diminuent le crime en y déguisant le sentiment et les opinions des criminels : et serait-ce un projet digne d’un honnête homme et d’un bon citoyen d’employer beaucoup d’esprit à exciter des larmes pour le malheureux Cartouche ou pour le malheureux Nivet morts sur la roue, pour l’infâme Catilina détesté de tous les bons citoyens ?