Ce qui rend le danger de la Comédie plus grand, est qu'elle éloigne tous les remèdes qui peuvent empêcher la mauvaise impression qu'elle fait.
« Il faut bannir, disent-ils, et les comédies, et les combats du Cirque, et toutes les autres choses qui ont été inventées pour la satisfaction sensuelle, afin que l’esprit des Chrétiens s’occupe pendant tout ce jour au culte divin » ;« Omni theatrorum, atque Circensium voluptate per universas urbes earumdem populis denegata, totæ Christianorum mentes Dei cultibus occupentur. » L. 5. c. th. lib. 15. tit. 5. […] D’ailleurs, la raison sur laquelle ces lois sont appuyées, regarde la danse aussi bien que les autres divertissements mondains ; car elles prohibent ces divertissements, parce que les jours des Fêtes sont destinés à gémir humblement : l’on ne fait pas moinsd au bal, et à la danse qu’à la comédie et aux autres spectacles.
Les mimes sont ceux, ajoute ce Père, qui copient les actions humaines pour les tourner en ridicule dans la comédie ; leurs fables sont mêlées d’intrigues ; on y voit des filles séduites, et le commerce odieux des femmes galantes28. » Saint Bernard, qui vivait dans le douzième siècle, n’a pas laissé de condamner les représentations théâtrales, quoiqu’elles fussent alors très-rares, sous prétexte que ces sortes d’exercices flattent les passions en retraçant des actions criminelles29. […] Enfin un concile de Tours qui se rapproche de notre siècle, il est de l’an 1583, défend sous peine d’excommunication les comédies, jeux de théâtre et toutes sortes de spectacles irréligieux : « Comædias, ludos scenicos vel theatrales, et alia hujus generis irreligiosa spectacula, sub anathematis pœnâ prohibet sancta synodus. » Concil.
Ce qui rend le danger de la Comédie plus grand est qu'elle éloigne tous les remèdes qui peuvent empêcher la mauvaise impression qu'elle fait.
La comédie que j’entreprends de combattre aujourd’hui est de ce dernier genre, j’y joins le bal, ce sont des divertissements pernicieux dont il se faut absolument priver, pour cet effet je vous en ferai voir les désordres, et en même temps son opposition aux maximes de notre sainte religion, c’est ce que je traiterai dans mon premier Point, et dans le second je réfuterai les principales objections qu’ont coutume de faire pour la défense du théâtre et du bal, leurs partisans.
C'est pourquoi quelque soin que l'on prenne de séparer de la Comédie et des Romans ces images de dérèglements honteux, l'on n'en ôtera jamais le danger, puisque l'on y voit toujours une vive représentation de cette attache passionnée des hommes envers les femmes, qui ne peut être innocente; et que l'on n'empêchera jamais que les femmes ne se remplissent de l'objet du plaisir qu'il y a d'être aimées et d'être adorées d'un homme ; ce qui n'est pas moins dangereux ni moins contagieux pour elles que les images des désordres visibles et criminels.
Les gens du monde, spectateurs ordinaires des Comédies ont trois principales pentes.
C'est pourquoi, quelque soin que l'on prenne de séparer de la Comédie et des Romans ces images des dérèglements honteux, l'on n'en ôtera jamais le danger, puisque l'on y voit toujours une vive représentation de cette attache passionnée des hommes envers les femmes, qui ne peut être innocente; et que l'on n'empêchera jamais que les femmes ne s'y remplissent du plaisir qu'il y a d'être aimées et d'être adorées d'un homme ; ce qui n'est pas moins dangereux, ni moins contagieux pour elles que les images des désordres visibles et criminels.
Les gens du monde, spectateurs ordinaires des Comédies, ont trois pentes principales.
Ces peres, comme dit le Valet de la Comédie, ne sont pas donnans. […] La Comédie corrige, & pour en cette sûr, il suffit de savoir ce qu’elle est. […] La Comédie attache l’homme vicieux & l’homme ridicule à la société qu’ils corrompent & qu’ils ennuyent. […] Je ne donne le nom estimable de Théatre qu’à la Comédie Française, & à la Comédie Italienne ou l’Opéra-comique. […] C’était la Comédie d’Aristophane.
Le Seigneur de Salenci a porté en preuve une comédie qui lui donne le droit de ce choix. […] La Reine qui aime & protege la vertu, s’est déclarée pour ces filles ; tout le public y a applaudi ; les tribunaux leur ont rendu justice, & condamné les injustes prétentions que deux comédies licencieuses avoient fait former au Seigneur, au préjudice des bonnes mœurs, si heureusement maintenues dans Salenci, par le couronnement de la Rosiere. […] Aveu qui condamne l’esprit, le langage, la marche de toutes ces pieces, où, comme dans toutes les autres comédies, ces filles ne sont que des coquettes. […] Si les jeunes gens vont danser dans la place publique, ce bal n’est point du tout de la cérémonie, & la Rosiere n’y paroît pas, Salenci n’est pas un théatre, la fête de la Rose n’est pas une comédie, la Rosiere & ses compagnes ne sont pas des actrices. […] Voilà précisément ce que font les comédies de Favart & de Pezai, & le procès du Sieur Danré.
Surtout cet amour pur à la Dom Quichotte est impraticable dans la société des Dulcinées de la comédie, dans le goûr & la fréquentation du théatre. […] Elle condamne jusqu’à la comédie des Femmes savantes de Moliere, & au roman de Dom Quichotte pour une raison profonde & très-vraie : La honte n’est plus pour le vice ; elle se garde pour le ridicule. […] Moliere en France a fait le même désordre par sa comédie des Femmes savantes. […] Que l’univers seroit petit, qu’il seroit à plaindre, s’il étoit renfermé dans l’enceinte de la comédie ! […] Leur faute est de s’exposer, malgré leur foiblesse : s’ils étoient sages, ils n’iroient pas à la comédie.
Point de fête chez eux sans comédie.
Est-il possible après ce qui vient d’être dit sur la Comédie considérée en elle-même, est-il possible de se dissimuler à soi-même l’opposition décidée de ses maximes à celles de l’Evangile ?
Il ignore que ces deux mots qu’il me fait un crime d’avoir accolés, se sont eux-mêmes autrefois associés, car ils désignent ceux qui, à différentes époques, jouaient également la comédie, ainsi que je l’ai démontré dans l’ouvrage que j’ai fait imprimer.
Enfin, un Acteur voit clairement que la Tragédie ou la Comédie qu’il va jouer, fera bien ou mal reçue : & cette certitude est le fruit de l’usage qu’il a du Théatre. […] Est-ce en voyant jouer, ou en jouant la Comédie qu’on acquiert cet usage ?
Le ton grave de la tragédie, le ton familier de la comédie font une dissonance que rien ne sauve. […] On ne met point ces traits dans les comédies, le libertinage y perdroit trop. […] de Maintenon ; toutes les comédies morales sont des proverbes, mais plus longs, les fables, les contes moraux sont des proverbes, mais plus court : il n’y a qu’à les dialoguer. […] Ce n’est ni comédie, ni farce, ni proverbes ; ce sont des dialogues appellés scènes, sous le titre général d’actes, où l’on détaille l’administration de Sulli, sous les ordres ou plutôt sous le nom de Henri. […] Le Prince, plus allarmé que jamais, fit semblant de vouloir obéir ; &, au lieu de revenir à la Cour, sortit du Royaume incognito, & se rendit à Bruxelles, où Bentivoglio, alors Nonce en Flandres, fut témoin de toute cette comédie.
Qu’on dise encore après cela, qu’il ne ressemble pas à la Comédie & à la Tragédie de nos jours.
Notre Théâtre n’a point à craindre le reproche que le Père Brumoy fait à la Comédie.
Depuis votre départ, il ne s’absente que le soir, pour aller au Spectacle ; presque tous les jours, il se rend au même Théâtre de fort bonne heure ; le desir de le voir m’y conduit quelque-fois sur ses pas ; monsieur de Longepierre, qui me croit passionnée pour la Comédie, quitte tout pour m’accompagner : je cherche des yeux monsieur d’Alzan dans la foule de l’Orquestre ; je l’ai bientôt démêlé : je le vois ; & le calme renaît dans mon cœur ; je me trouve presque contente.
, dit Platon, ni la tragédie ni la comédie dans notre ville ».
Les apologistes du spectacle, qui ont voulu mettre quelques différences entre l’ancienne & la nouvelle comédie, à raison de l’ancienne grossiéreté du langage, n’en ont jamais mis, ni pu mettre sur la peinture, qui fut toujours semblable, puisqu’on n’y a jamais représenté que les mêmes choses. […] Les hôtels de l’opéra & de la comédie, les environs jusqu’aux porrails & aux corniches, sont couverts de nudités. […] Tous les livres de comédie qui sont aussi une branche très-considérable du commerce des livres, n’ont pour vignettes, pour frontispice, & à la tête & à chaque acte que des planches dignes du livre qu’elles ornent. […] On trouve un trait singulier sur les statues & la comédie, dans les avantures d’Hortense Mancini, Duchesse de Mazarin ; cette niéce trop célebre du Cardinal, quitta son mari, courut le monde, & enfin alla se fixer à Londres, où elle ouvrit une banque de Bassette, & s’y fit une petite cour voluptueuse, par son esprit, ses graces, son humeur bienfaisante. […] Ce Seigneur ne vouloit pas qu’on jouât des comédies dans son hôtel ; elle appuyoit ses plaintes sur l’exemple du Cardinal Mazarin, qui en avoit fait représenter avec magnificence.
& puisqu’enfin ce Thomas Morus, qui couta, dit-on, la vie à quatre ou cinq Portiers de la Comédie, & où l’on suoit au mois de Décembre, étoit une Tragédie en Prose. […] Les Modernes ont permis (mal à propos peut-être) à la Comédie, parce qu’elle imite des Actions ordinaires, de parler le langage ordinaire : mais la Tragédie, si elle parloit ce langage, n’auroit plus de Grandeur. […] Il n’en est pas de même des Comédies ; celle des Oiseaux dans Aristophane finit par des chants, & celle des Guepes par ces paroles du Chœur, retirons-nous en dansant : ce qui n’arrive jamais à un chœur Tragique. […] L’objet de la Comédie est d’inspirer la joye : l’objet de la Tragédie est d’inspirer la tristesse, & l’on ne remporte pas la tristesse d’un Spectacle qui finit par des danses & des chants. […] La Tragédie peut rendre les hommes plus vertueux, en les rendant tendres & compatissans pour les Malheureux, La Comédie, peut par une censure innocente, corriger des Ridicules.
La Comédie, qui, avant l’illustre Goldoni, n’était qu’un tissu de lazzis et d’arlequinades, s’approche du ton de Molière.
« Je vous écris, pères, et à vous, vieillards : je vous écris, jeunes gens : je vous écris, enfants ; chrétiens, tant que vous êtes, n’aimez point le monde ; car tout y est ou concupiscence de la chair, ou concupiscence des yeux, ou orgueil de la vie. » Dans ces paroles, et le monde et le théâtre qui en est l’image, sont également réprouvés : c’est le monde avec tous ses charmes et toutes ses pompes, qu’on représente dans les comédies.
convient-il d’entendre alors ou des bouffons dont les discours éteignent l’esprit de componction, ou des comédies qui vous remplissent la tête de plaisirs vains et mondains, quand ils seraient innocents ?
Or, quelles atteintes mortelles ne doivent pas donner à leur innocence le nombre infini de maximes empestées qui se débitent dans les tragédies, dans les opéras, et les images licencieuses que présentent les comédies ?
Nous a fait exposer qu’il désirerait faire imprimer et donner au Public un Ouvrage qui a pour titre, Essai sur la Comédie moderne, où l’on réfute les nouvelles Observations de M.
La comédie de nos jours ne mérite pas plus de grace ; pour peu qu’on ait de bonne foi, on la reconnoîtra dans le portrait de celle de son temps. […] Bien des gens s’imaginent qu’il n’est pas certain que ce soit un péché d’aller à la comédie. […] N’y eussiez-vous pas consenti, êtes-vous excusable de vous y être exposé, & d’avoir donné ce scandale, & engagé par votre exemple, peut-être par vos invitations, à aller à la comédie ?
Quand on considère la dépravation des mœurs, qui fut toujours l’âme du théâtre, on regarde comme un paradoxe ridicule que les comédies aient été des exercices de religion pour honorer la Divinité, et les Acteurs une sorte de Prêtres chargés de ce culte. […] La comédie, ou, pour mieux réaliser les choses, une Actrice brillante, la le Couvreur, la N… est bien représentée par la femme de l’Apocalypse (Ch. […] Le spectacle, d’abord grossier et sans règle, devint régulier, poli, agréable, et mérita d’être adopté par les passions d’un goût plus délicat : il devint l’hôtel de la comédie.
Ces paroles ne frappent pas moins le théâtre que le monde qui en est l’image : c’est le monde avec tous ses charmes et toutes ses pompes qu’on représente dans les comédies.
Notre bien aimée la Veuve Delaulne Libraire à Paris, Nous ayant fait remontrer qu’elle souhaiterait faire imprimer et donner au Public un Discours sur la Comédie, Histoire Critique des pratiques superstitieuses, qui ont séduit les peuples et embarrassé les savants, par le P. le Brun de l’Oratoire.
Quel péché y a-t-il, dit-elle, d’aller au bal ou de hanter les compagnies, de se masquer, de jouer aux cartes et aux dés, ou d’aller à la comédie ?
ON fit annoncer il y a trois ans, dans tous les papiers publics, que plusieurs gens de lettres s’étoient cottisés par la voie de la souscription, pour faire placer la statue du grand Voltaire dans la salle de la comédie, comme on place les statues des Rois dans les hôtels-de-ville, ou autres lieux plublics, au milieu des hustes & des portraits de Corneille, de Racine, de Moliere, comme le soleil au milieu des étoiles ; car tous ces héros de la scéne n’ont point de statues, quoiqu’ils ayent bien merité de l’éclat, & que leurs poëmes n’ayent point été inutiles à Voltaire ; ni les gens de lettres, ni personne, n’ont songé à leur ériger des statues. […] Tel autrefois Alexandre faisoit faire ses portraits & ses statues par les plus habiles ouvriers de son tems, & aussi Appelles & Praxitelles ne travailloient que pour les Dieux & les Héros ; on auroit même du, comme on l’offrit à Alexandre, prendre une montagne aux environs de Paris, en faire la statue de Voltaire, lui mettre dans une main le théatre de la comédie Françoise, avec ces jolies actrices que son cœur a célébrées, de l’autre le Parnasse avec les muses, l’Hypocrene & le Permesse, & sur sa tête, non une couronne, cela est trop commun, mais une forêt de lauriers. […] Il falut se borner à de belles affiches, qui publierent à tous les carrefours, qu’on représenteroit la comédie de la statue de Voltaire, cette statue ; étoit gravée comme les masques, les actrices, les déesses le sont dans les affiches ordinaires ; on feroit bien de donner au public une farce qui représentât cette inauguration. […] M. de Belloy vient de recevoir des honneurs fort approchans, un prix dramatique au théatre, de la part du Roi, la qualité de Bourgeois de Calais, une boîte d’or de la part des Echevins, un grand tableau, qui vaut bien une statue, placé dans l’hôtel de ville, lieu plus décent & plus honorable que les foyers de la comédie.
Cette petite production suppose moins d’esprit, de goût, de finesse, de lecture, que le Dictionnaire Neologique de l’Abbé des Fontaines, qui est une longue comédie de précieuses ridicules. […] Cette sorte de Précieux ridicule est une maladie épidémique, qui dans les hommes, dans les femmes, dans les auteurs, dans les ouvrages de toute espece, a fait & fait encore bien du ravave, il ne l’a pas même attaquée, quoiqu’elle lui eût fourni une matiere abondante : que n’a-t il fait une seconde comédie des Femmes beaux esprits ? […] L’autre qui écrit & agit en femme, ne rougit par de dire que dans moins d’un an, le seul article de ses Rubans montoit à quatre mille écus Romans, ce qui fait vingt mille livres de France ; qu’elle perdoit au jeu jusqu’à un million & demi, qu’enfermée dans le couvent de la Visitation, elle y faisoit jouer des comédies, porter des Liévres en vie dans le jardin, & des chiens pour y chasser. […] N’y eût il pas même de l’affectation, & de dessein prémédités, la seule négligence suffit pour allumer l’incendie, & rendre coupable la femme qui laisse voltiger les éteincelles, qui l’apporte de toute part, au bal, à la comédie, à l’Eglise, à la promenade, au cercle, dans les rues.
Quand il s’empara de la Saxe & de la ville de Dresde, le même jour il y fit jouer la comédie, & voulut que la Famille Royale sa prisonniere de guerre y assistât avec lui ; contraste bizarre & inhumain ! […] J’en conviens, il est vrai, la bonne Comédie Repand le ridicule, & censure la vie ; Mais ce jeu de nos mœurs quelquefois trop bouffon Excuse nos défauts, sans devenir profond. […] Montrez-moi, s’il se peut, un mortel vicieux, Que votre comédie ait rendu vertueux. […] J’ai condamné ces spectacles d’horreur, Bal, Opéra, Redoute, Comédie.