» Que si la raison seule peut faire avoir ces sentiments, combien en doit-on plutôt avoir de semblables dans l’école de Jésus Christ, qui est une école de mortification et de renoncement à tous ces vains plaisirs ; Et que peut-on concevoir de plus indigne de la Religion d’un Dieu mourant sur la Croix, que de prétendre honorer un de ses Pontifes par une troupe de baladins, que Cicéron aurait pris pour une troupe de fous ou de gens ivres.
Car dans cet état même elle ne plaît que parce qu’elle représente d’une manière vive et touchante ce que peuvent les passions de l’amour, de la vengeance et de l’ambition, dans leurs plus grands emportements ; et il est vrai qu’on ne prend plaisir à la représentation de ces passions, que parce qu’on aime les passions mêmes.
On a vu des comédiens enterrés dans nos églises, tandis que d’autres n’ont pu obtenir de places dans nos cimetières ; et l’on voit journellement nos comédiens entrer dans nos temples, participer même aux exercices de notre religion, en même temps qu’ils exercent leur profession ; donc ils ne sont pas excommuniés dénoncés, car en ce cas ils devraient être exclus de l’église, et l’église purifiée après leur expulsion ; Les papes, les rois et tous les souverains de la chrétienté ayant institué des théâtres et des comédiens dans leurs Etats, pour le plaisir et l’instruction de leurs sujets, n’ont pas prétendu se damner eux et toutes leurs nations, par la fréquentation obligée qu’ils établiraient avec des excommuniés ; Le clergé usurpe sur l’autorité séculière en blâmant, en punissant, en damnant ce qu’elle a créé et institué ; Certaines processions et d’autres cérémonies religieuses, pratiquées par le clergé, sont infiniment plus obscènes, plus coupables, plus nuisibles à la majesté de notre sainte religion que l’exercice de la comédie ; Le clergé qui veut anéantir une profession que les princes et les lois ont instituée, prétexte la rigueur des anciens canons des conciles, et il oublie lui-même, en ce qui lui est propre et absolument obligatoire, ce que ces mêmes canons ont dicté et voulu ; circonstance qui met l’auteur dans la nécessité de les lui rappeler ; La puissance séculière doit veiller avec d’autant plus de soins à ce que le clergé ne s’éloigne pas des devoirs qui lui sont imposés par la discipline ecclésiastique, que c’est l’oubli de ces mêmes lois, au dire de notre roi, Henri III, qui a porté le clergé à faire ensanglanter son trône, et à bouleverser ses Etats ; que l’expérience du passé doit toujours servir de leçon pour l’avenir ; Le prince étant le protecteur né des canons des saints conciles, ainsi que l’Eglise le reconnaît elle-même, doit surveiller tant par lui que par ses délégués l’exécution de ce qu’ils ordonnent, afin que la religion ne perde rien de son lustre et des dogmes de son institution, parce qu’il est utile que les ministres du culte donnent eux-mêmes l’exemple de cette conformité aux saints canons, afin d’y amener successivement les fidèles commis à leur instruction ; les procureurs du roi, les préfets, les sous-préfets et les maires qui sont les délégués du prince, tant en ce qui concerne la justice que la police du royaume, doivent, avec tous les procédés convenables en pareils cas, faire sentir aux prêtres qu’ils ont sur eux une suprématie d’action, qui est assez forte pour les faire rentrer dans les lois de la discipline de l’Eglise, s’ils commettaient la faute de s’en écarter.
L’orateur finit en mettant la Rosiere sous la protection du jeune Roi, qui, en montant sur le trône, s’est déclaré pour les bonnes mœurs, & qui sans doute en verra avec plaisir le triomphe. […] Quand on verroit fuir en un jour Le plaisir que l’on dit frivole, Il nous faudroit chérir l’amour ; Pour les maux dont il nous console. […] Il ne faut pas devenir le tyran des enfans, par un excès de rigueur : mais en général la legereté, la facilité, l’amour du plaisir, la vanité, sur-tout dans le sexe rendent absolument nécessaire la vigilance des parens & des maîtres, la suite du danger, l’éloignement des moindres libertés, si on veut conserver le trésor de l’innocence. […] Il ne manqueroit, dit le Bailli, à la corruption de notre siécle, que de jetter du ridicule sur la fête de la Rose, & sur le plaisir pur qu’elle fait goûter.
Allons forcer le monde, cet ennemi de Dieu, dans ses retranchemens, & le troubler dans ses plaisirs. […] Il faut tant de circonstances, d’intentions, de lieux, de temps, de personnes, tant de façons, pour assaisonner ces plaisirs, que l’abstinence en est bien plus aisée que le bon usage. […] Elzéar & de Sainte Delphine sa femme, qui mettoient dans leurs souliers des coquilles de noix & des pointes de fer, pour amortir le plaisir de la danse ; qui s’imaginoient être parmi les chœurs des anges, & n’entendoient la mélodie des instrumens que pour être ravis en Dieu. […] Telle est la foiblesse de l’esprit humain qui ne peut être d’accord avec lui-même, la foiblesse du cœur qui ne peut se détacher en entier du plaisir même qu’il se défend, & le torrent de la flatterie qui, pour plaire à la Cour, se fit un mérite d’imiter Madame de Maintenon à Saint-Cyr.
Il convient pourtant que les Comédiens, & autres gens de plaisir, perdirent Lucius-Verus, & le firent tomber dans les plus honteux excès. […] Quelle ressource a un citoyen délicat sur le choix des plaisirs, a une mère vertueuse, a une fille jeune & décente, que le théatre ? […] La sensibilité n’y est que trop entretenue, on y devient sensible à tous les plaisirs ; ce sont la sensibilité & les talens qui font faire naufrage à l’innocence. […] Une Actrice peut & doit dire son sentiment quand on examine une piece nouvelle ; mais communément elle n’est occupée que de sa parure, de ses intrigues & de son plaisir.
Les Théâtres, depuis ceux du premier ordre jusqu’aux tréteaux de la foire, (C’est ainsi que s’appelaient, il y a quarante ans, les entreprises Nicolet, Audinot et Sallé, privilégiésb, obligés d’avoir spectacle aux enclos, connus sous les noms d’Abbaye Saint-Germain, des Foires Saint-Laurent et Saint-Ovide.) ne sauraient être trop censurés, tant les actions dramatiques, qu’on y représente chaque jour, ont d’influence sur toutes les classes et particulièrement sur la plus nombreuse, qui vient y chercher le délassement de ses travaux, plaisir toujours moins coûteux que ces orgies, qui laissent après elles des suites fâcheuses, mais qui n’est pas non plus sans danger pour tous les âges, et surtout pour les esprits faciles à s’ouvrir aux pernicieuses impressions d’une morale, parfois voisine de la dépravation. […] n’es-tu pas assez convaincue que le luxe et les plaisirs du grand monde sont mille fois préférables à ton état ? […] Je tire mon calepin, et je me disposais à écrire au crayon, au bas de l’affiche, une réflexion qui n’eût peut-être pas été du goût de tout le monde, quand je fus accosté par un monsieur dont les raisonnements me désarmèrent, et convaincu qu’il faut chez un grand peuple des plaisirs à tous prix ! […] L’ plaisir est une marchandise qu’on doit mettre à la portée d’ tout l’ monde ; Montrouge et les Gobelins viennent ici, jouir à peu d’ frais, d’ tout c’ que Paris a d’ mieux. » En effet, je lus trois titres favoris des Variétés, du Vaudeville et du Gymnase ; un sourire de satisfaction m’instruisit du motif du curieux empressement de la petite bonne, et le nom d’un certain acteur que je nommai et qui la fit rougir en passant, me confirma que la jeune personne ne s’était pas seulement occupée de la garde des enfants confiés à ses soins, et que les coulisses du Montparnasse recelaient son heureux vainqueur.
Toute leur vie se passe à la toilette, dans les intrigues et les parties de plaisir ; leurs discours, leurs parures, leurs regards, leurs attitudes, tout ne parle que volupté. […] Ils n’ont pas de vrais besoins, et ils sont indignes de vos largesses, tandis qu’ils le font volontairement : « Da bono, et non recipias peccatorem. » Ce serait favoriser leur désordre et y participer, et vous rendre comptable des innombrables péchés qu’ils occasionnent : ce serait doublement y participer, « in crimine criminoso », selon l’expression des Canonistes, que d’acheter les plaisirs dangereux qu’ils procurent, en assistant à leurs pernicieuses représentations. […] ) Les Comédiens ayant toujours été regardés comme des esclaves vendus aux plaisirs du public, ils ne pouvaient pas plus renoncer à leur métier, qu’un esclave se dérober à son maître ; et s’ils prenaient la fuite, on les obligeait de revenir à leur service. […] Vous ne sauriez croire combien l’Opéra est utile à quiconque cherche les plaisirs faciles et vifs.
Ajoûtez la disposition ordinaire, qu’on aporte à la comédie, où l’on ne va, que pour recevoir avec plaisir & douceur tous les charmes du Théatre. […] La vertu la plus sévére ne s’en pourroit presque pas garantir, & vous voulez, que des gens, qui ne respirent, que les plaisirs des sens, puissent estre avec innocence parmi tant de dangereux apas, où ils se jettent encore, & se plaisent ?
» Il ajoute que les excuses ingénieuses, par lesquelles on tâche de justifier les jeux de théâtre n’ont d’autre fondement que le seul désir qu’on a de jouir des plaisirs du siècle. « Quam sapiens argumentatrix sibi videtur ignorantia humana ; præsertim cum aliquid ejusmodi de gaudiis et de fructibus seculi metuit amittere ! […] Il suffit de dire, qu’il assure, que ceux qui assistent aux Comédies et qui y donnent des marques du plaisir qu’ils y prennent, sont en quelque manière plus coupables que les Comédiens mêmes ; puisqu’en les autorisant par leur présence et en témoignant la joie qu’ils ont d’entendre leurs bouffonneries et leurs sottes plaisanteries, ils les animent à se rendre encore plus insolents, et en sont par conséquent la véritable cause. « Non enim, dit ce Père, tam ille delinquit, qui illa simulat, quam tu præ illo, qui hoc fieri jubes : non solum jubes ; sed etiam exultatione, risu, plausu adjuvas quæ geruntur, omnibusque prorsus modis, hanc diabolicam confovens officinam. […] Ils doivent, suivant le conseil de Salvien, considérer que les spectacles sont plutôt une mort à l’âme qu’un véritable plaisir. « Respiciant cuncta quæ diximus, et videant in spectaculis non voluptatem esse, sed mortem.
Les Vierges et les Martyrs ont paru sur le Théâtre, et l’on faisait couler insensiblement dans l’âme la pudeur et la Foi, avec le plaisir et la joie. […] Le dévot jeûne, pendant que l’hypocrite fait bonne chère, il se donne discipline et mortifie ses sens, pendant que l’autre s’abandonne aux plaisirs, et se plonge dans le vice et la débauche à la faveur des ténèbres : l’homme de bien soutient la Chasteté chancelante, et la relève lorsqu’elle est tombée, au lieu que l’autre dans l’occasion, tâche à la séduire, ou à profiter de sa chute. […] Mais le Foudre est un Foudre en peinture, qui n’offense point le Maître, et qui fait rire le Valet ; et je ne crois pas qu’il fût à propos, pour l’édification de l’Auditeur, de se gausser du châtiment de tant de crimes, ni qu’il y eût sujet à Sganarelle de railler en voyant son Maître foudroyé ; puisqu’il était complice de ses crimes, et le ministre de ses infâmes plaisirs.
Il mettoit sous les yeux les objets & les plaisirs de l’amour ; la vue des actions les plus indécentes, excitoit à la passion la plus honteuse ; enfin il calmoit les remords & sanctifioit le vice, par l’exemple des Dieux, qui employent toute sorte d’artifice pour séduire les femmes, Deum sese in hominem convertisse, & per alienas tegulas venisse clauculum per impluvium. […] M’appartient-il, à moi petit homme, d’être plus sage que lui, je l’ai imité avec plaisir, avec dévotion, ut quem Deum qui summa Cœli Templa sonitu concutit. […] Plusieurs Abbés de nos jours, fort différents, il est vrai, de l’Evêque de Clermont, mais se piquant d’être amateurs des beaux arts, ne se font aucun scrupule des nudités qui ornent les appartemens & les jardins, M. l’Abbé, disoit un de ses favoris, est d’une pureté angelique, & d’un goût exquis ; il voit tout sans danger, il n’envisage que le contour des formes, la fraîcheur des carnations, la régularité des parties du corps humain, dont la parfaite imitation fait plaisir aux yeux savants. […] Donnons des leçons de pudeur ; ce n’est pas une Minerve armée de pied-en-cap, couverte d’une vaste Egide, avec une horrible tête de gorgone, c’est Venus, Uranie, Venus céleste, la philosophie, la sagesse qui ne s’occupe que du la nature, de l’humanité, de la population, du plaisir céleste. […] Tels sont les plaisirs du monde, tel le monde lui-même une figure qui passe, præterit figura hujus mundi.
En France la nuit est le temps des plaisirs & des vices : ce qui a fait changer l’ordre des choses, a fait de la nuit le jour & du jour la nuit. […] Ce Pape, avec de très-belles qualité, à la vérité plus séculier qu’ecclésiastique, avoit un caractere bouffon : il aimoit fort à voir des foux, des fots, des bouffons, des comédiens, & prenoit un plaisir singulier à se moquer d’eux. […] Peut-on prendre plaisir à une scène horrible qui fait frémir l’humanité ? […] Voilà pourtant le cruel plaisir qu’on goûte en voyant pendre un voleur. […] Dans ce siecle où les sorciers, les fées, les revenans sont décrédités, & ne passent que pour des puérilités ridicules, se peut-il qu’on s’occupe avec plaisir des objets qu’on méprise ?
L’opinion qui veut avec raison trouver un plaisir innocent & pur aux belles représentations du Cid & de Cinna, & le préjugé qui condamne avec non moins de fondement la fréquentation & l’usage habituel des Spectacles de toute espece, sont-ils donc deux choses adsolument impossibles à concilier ? […] L’Auteur de la prétendue conversation entre M. l’Intendant des menus & l’Abbé G*** demande sur le ton de l’ironie, ce qui résulteroit d’un impôt qui seroit établi sous le nom de menus plaisirs du Roi, & qui serviroit à payer les frais des Spectacles ? […] Depuis l’enfant au berceau qui répand des larmes, ou sourit au plaisir & s’exprime par des accens de douleur ou de joie, jusqu’au soldat qui marche aux combats & court à la victoire ou à la mort au son des instrumens, tout est musique & harmonie dans la nature. […] Le désœuvrement, le luxe & l’ennui, plus que l’attrait du plaisir & de la nouveauté, conduisent aux deux salles de Comédies, trop peu suffisantes pour la Capitale du Royaume ; & les acteurs, contens d’une recette & d’un gain considérable, sans autre peine que celle de débiter toujours les mêmes rôles de quelques pièces, une ou deux fois la semaine, plusieurs années de suite, n’ont plus l’émulation de leur état. […] Il est possible que des hommes aient le cœur sensible, sans avoir le cœur dtoit, & qu’ils se laissent entraîner à la volupté de la douleur ou du plaisir, sans goût & sans regle : mais cela est absolument étranger à la distinction d’un genre de poésie à l’autre, & à la différence qu’il y a entre une hymne seule, & cette même hymne accompagnée de chants & de chœurs.
Les Principaux Acteurs du Poème épique s’occupent souvent du plaisir de boire & de manger19 ; ceux de notre Théâtre favori sont sujets aux mêmes penchans20.
[NDE] Tartuffe, ou l’hypocrite est créée en 1664 pour « Les Plaisirs de l’île enchantée » à Versailles ; le roi en interdit la représentation « publique ».
Par-tout quelqu’infidélité dont on rit ; des maris & des femmes qui s’insultent, se maudissent, se battent ; des enfants révoltés contre leurs parents, qui s’engagent sans leur aveu, les trompent, les volent, les forcent à se rendre à leur folle passion ; des domestiques frippons, des fourbes, des ministres de plaisir qu’on récompense. […] Ils se gardent bien de flétrir l’opéra, qu’ils fréquentent, & de condamner les spectacles, qui leur donnent tant de plaisir.
L’inévitable nécessité de la passion dans les gens les plus pieux, à cause de la foiblesse humaine & de la délectation supérieure du plaisir : Mon sein n’enferme point un cœur qui soit de pierre. […] De l’amour sans scandale, & du plaisir sans peur. […] Voilà de quoi rassurer une jeunesse timide qui craint pour son honneur, & de quoi faire bien des célibataires qui sans être dévots goûtant des plaisirs sans peur, rendront la débauche inutile, & ne feront aucun aucun mal, puisqu’il n’y a de péché que dans le scandale.
C’est pourquoi le plaisir qu’on éprouve à quelques uns de ses Drames, nous remplit de cette douceur délicieuse qu’on ressent à con templer des objets réels, qui nous occupent & nous attachent.
Premierement, pour abreger le plus que je puis : Secondement, parce que le premier est toûjours un agreable Spectacle, & que le second ne donne qu’un plaisir imparfait, s’il n’est accompagné de quelque démarche, & de quelque action.
Sa raison s’égare, elle tombe dans l’ivresse, la vertu la plus ferme succombe sous la douceur du plaisir, on est sans défense & criminel sans presque s’en être apperçu ; se posséde-t-on, se connoît-on dans ce moment de délire ? […] Jerôme à une veuve, c’est bien à vous qui avez enséveli tous vos plaisirs dans le tombeau de votre époux, qui par vos larmes avez effacé les couleurs de votre visage, qui par votre deuil renoncez aux modes du siècle ; c’est bien à vous à le disputer à la jeunesse & nourrir la volupté ; à poursuivre des conquêtes, à partager votre vêtement entre les couleurs sombres du veuvage & les grâces riantes de la parure, vous aspirez sans doute à de secondes nôces, ou ce qui est encore plus triste à des crimes ; est-il si difficile & si rare de trouver la coquetterie sous le voile, de faire passer la passion à travers le crêpe, & de relever les attraits par le noir ? […] Sa beauté, ses plaisirs imitent ce lieu de délices. […] Renoncez aux pompes du monde, aux plaisirs de la chair, aux sugestions du démon ; j’y renonce, je le promets ; en exempte-t-on le fard & la parure ?
On croit aujourd’hui l’amour une partie si essentielle des plaisirs publics, qu’on ne peut goûter de spectacle que cette passion criminelle n’anime toute l’action ; une jeune personne y voit, y entend tout ce qu’on trouve dans le monde le plus corrompu, & souvent davantage ; elle y voit le vice arrangé, combiné avec art, embelli des graces les plus séduisantes ; elle y voit justifier, applaudir, louer ce qu’on cache avec soin quand on succombe. […] Mensonge & folie dans les paroles & chansons ; ivresse, sinon de vin, du moins de chant, de danse & de plaisir, &c. […] Pour perpétuer & multiplier ces bruyans & fatigans plaisirs, on a imaginé des Vauxhals, où ils sont tous rassemblés ; nous en avons souvent parlé ailleurs, je n’en parle ici que pour celébres leur nouveau triomphe. […] Pour construire ce religieux édifice, on a abbatu des maisons, on a détruit de magnifiques allees d’arbres que M. de Tourni avoit fait planter, & qui ornant cette ville, fournissoient aux habitans des plaisirs utiles & plus agreables.
Il combat l'enfer et l'éternité : « Ce Dieu qui nous créa, qu'on ne peut trop chérir, Comme un sombre tyran verrait avec plaisir L'aiguillon des douleurs déchirer son image, Une éternelle nuit détruire son ouvrage ! […] » Il a porté la témérité jusqu'à y joindre des estampes indécentes, bien dignes du burin licencieux qui a gravé les infamies de Zélis au bain ; on y représente un amour se jouant avec l'Abbé de Rancé dans sa cellule, pour faire entendre que malgré toute sa réforme, son cœur se livre toujours au plaisir : « Serpentes avibus geminantur tigribus agni. » Autre héroïde aussi peu décente : Lettre du Comte de Comminge à sa mère, suivie d'une épître de Philomène à Progné. […] On voit avec plaisir un tableau bien fait des choses hideuses, on admire la délicatesse du pinceau, l’artifice des Peintres (ou plutôt l'habileté, l'adresse, le talent, artifice suppose toujours quelque fraude). […] On a beau s'amuser un moment de leur représentation, ce plaisir, si c'en est un, comme les amateurs de la scène le prétendent, est du moins si fatiguant, mêlé de tant de peine, qu'il rendrait stupide, si le changement de la décoration ne venait dissiper ces sombres nuages.
Je savois que cette répartie lui feroit plaisir, parce que la coëffure d’Italie laisse flotter les cheveux, & qu’elle croyoit les siens extremement beaux, quoiqu’ils fussent d’un roux trop ardent. […] Elle aimoit la pompe, la parure, les plaisirs, le bal, la comédie, tout ce qu’aiment les femmes. […] Quelle actrice n’entend sans se facher, & avec plaisir, dire sur ses graces les choses les plus licentieuses, qui s’emporteroient avec fureur contre celui qui la trouveroit laide ? […] L’Ambassadeur fut reçu avec plaisir, mais il fut trompé, comme l’avoit été celui d’Espagne. […] Je le souhaite avec d’autant plus de plaisir par mon inclination naturelle pour vous.
Les sujets vertueux sont très-rares, les Auteurs & les Acteurs qui sacrifient le plaisir à la vertu sont plus rares encore. […] A quelque nuance près de modestie superficielle, selon le carractère des Auteurs plus ou moins retenus, ou des spectateurs plus ou moins libertins, du sujet plus ou moins grave, la licence toujours sans bornes n’a écouté que la passion, n’a cherché que le plaisir, n’a joué que le vice, l’a toujours entretenu & l’entretiendra toujours dans le public. […] Le plaisir sera toujours le meilleur maître du genre humain ; les hommes enfans à tout age veulent qu’on les amuse pour avoir droit de les instruire. […] Le plaisir est le meilleur maître, il est vrai ; mais de quoi ? […] Le plaisir n’est-il pas le ressort des passions & des vices ?
Nous voulons que dans nos livres comme dans nos mœurs, tout respire le plaisir & la volupté. […] Il faudroit, suivant le même esprit, envelopper dans l’anathême les Fêtes publiques, les Concerts, les Bals, les Festins, & généralement toutes les Assemblées d’amusement & de plaisir, comme étant pour les deux sexes qui s’y trouvent réunis & confondus, une source de relâchement dans les devoirs, de dégoût pour la piété, de pensées vaines & trompeuses, & quelquefois de liaisons funestes à l’innocence & à l’honneur. […] Elle fait encore grand plaisir au Théatre. […] Qu’un Peintre veuille exprimer la tristesse ou la joie, le plaisir ou la douleur, il peindra d’abord le visage ou doit règner l’un de ces sentimens. […] J’entends par ces maximes licentieuses, non-seulement ces lieux communs de morale lubrique, où tout se rapporte au bonheur d’aimer, & aux plaisirs de l’amour ; mais principalement ces affreux préceptes où l’on enseigne en vers sententieux, à fouler aux pieds toutes sortes de principes, de Loix & de devoirs.
En vérité, c’est bien dommage… Oui ; elle peut y compter ; je la verrai ; en secret, puisqu’il le faut ; mais sans répugnance, avec plaisir : je serai flatée de ses visites, & je desire son amitié.
On apprend à paillarder, en le voyant, et est-on pour le jourd’huy tant accoutumé à ses plaisirs et désirs, que par aventure telle dame était allée aux jeux publics et spectacles chaste, et pudique, laquelle en retourne impudique.
Le Perruquier ferait sûrement plaisir. […] De même que vous vous amusez à contempler les différentes manières de jouer des Acteurs qui montent tour-à tour sur le Théâtre, de même vous jouirez du plaisir de voir de quelle façon cet Auteur traitera tel sujet bien ou mal rendu par ses prédécesseurs ; vous goûterez la douceur maligne de la comparaison.
Voilà, Mademoiselle, le grand cheval de bataille de votre habile Jurisconsulte, il auroit dû jetter les yeux sur la Glose qui est en marge ; elle établit une différence décisive entre celui qui représente pour son plaisir, & ceux qui montent sur le théâtre pour en tirer du profit ; ceux-ci sont tous notés d’infamie, sans exception, parce qu’ils divertissent le monde à prix d’argent, par le spectacle de leur personne, quia mercedis causâ ludibrium sui faciunt : Il n’en est pas de même des Musiciens qui jouent des instrumens en présence de plusieurs personnes, dès qu’ils le font gratuitement pour s’amuser, comme le Roi David, cet exercice ne les deshonore pas.
& si dans l’yvresse des amusemens & des plaisirs on étouffe tous les remords de la conscience, ne doit-on pas craindre qu’ils ne se réveillent & qu’ils ne deviennent plus cuisans, mais trop tard, à l’heure de la mort ?
D’ailleurs, il convient beaucoup mieux de n’inspirer qu’un même sentiment aux Spectateurs ; faites leur éprouver ou la douleur ou le plaisir.
Comme toute sorte de gloire appartient au siècle de Louis le Grand, après y avoir vu les duels et les blasphèmes abolis, l’hérésie exterminée, l’ordre et la discipline partout rétablis, il faut qu’on y voie la piété florissante au milieu des plaisirs, les Spectacles consacrés, le Théâtre sanctifié.
C’est donc par ce moyen que tous les mystères du Symbole sont ruinés dans nos cœurs , et après avoir sapé ce premier fondement de notre créance, tout ce qui suit des autres vérités du Symbole menace ruine dans nos esprits : et un peu après, ce même Saint ajoute : s’il y a donc quelqu’un qui s’imagine que de se trouver aux spectacles ne soit qu’une faute légère, qu’il considère attentivement tout ce que nous venons de dire, et qu’il prenne bien garde que le plaisir et le contentement ne se trouve pas aux spectacles, mais la mort ; et quelques lignes après il dit, qu’est-ce qu’on remarque de semblable chez les Infidèles et chez les Barbares ?
Si, dans les ouvrages de belles Lettres, les Savants ont soin de laisser au Lecteur intelligent le moyen d’occuper son esprit, soit en devinant, ou même en ajoutant quelque fois aux idées qui lui sont présentées, et que l’Auteur, dans cette intention, n’aura pas tout à fait développées, j’ai cru que je ne pouvais rien faire de mieux que d’imiter une conduite également sage et utile ; parce qu’elle ne dérobe rien au Lecteur ignorant (pour qui il y en a toujours assez) en même temps qu’elle procure un vrai plaisir au Lecteur de génie et de goût, qui est bien aise de pouvoir mettre quelque chose du sien à sa lecture.