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427. (1694) Lettre d’un théologien « Lettre d'un théologien » pp. 1-62

et lorsque les Comédiens avaient prononcé quelque blasphème, c’était alors que l’on y riait de tout son cœur. ». […] Le second moyen est encore plus sûr, c’est de juger par les Confessions des Fidèles du mauvais effet que produisent les Comédies dans leur cœur ; car il n’est point de plus grande accusation que celle qui vient de la bouche même du coupable. […] Ecole dangereuse pour la jeunesse, qui s’accoutume avec autant de plaisir à laisser croitre dans son cœur de véritables passions, qu’à en voir représenter de feintes sur le Théâtre ! […] Ce n’est pas de ce dernier caractère que sont nos Comédies ; car bien que l’on y parle d’amour, de haine, d’ambition, de vengeance, etc. on ne le fait pas pour exciter dans les Auditeurs ces sortes de passions, et on ne les accompagne pas de circonstances assez scandaleuses pour produire infailliblement de mauvais effets dans leur cœur. […]  : « Il y a certaines Villes où les habitants sont depuis le matin jusqu’au soir repaître leurs yeux de toutes sortes de Spectacles, et à entendre, sans se lasser, des Chansons déshonnêtes, qui ne peuvent faire naître en leurs cœurs que de mauvais désirs. » Trouve-t-on rien de pareil dans nos Comédies ?

428. (1600) Traité des Jeux comiques et tragiques « [Traité] » pp. 3-62

Au contraire l’autre Maxime de la prudence humaine, quoique blâmée de bouche, est embrassée étroitement ; reçue avec les deux mains, logée au cœur, conservée et observée comme loi fondamentale de la vie humaine, adorée comme le soleil du petit monde, c’est-à-dire de l’homme, estimée le vrai sel, et seul assaisonnement, qui donne saveur aux affaires, qui acquiert faveur à ceux qui les manient, lesquels selon l’ancien Proverbe, «  Arator nisi incurvus prævaricatur »Plin. […] am  ; ajoutant cette horrible menace, que celui qui fait cela, est en abomination devant Dieu : certes tout cœur, fût-il de pierre, ou d’acier, devrait ployer, se devrait briser, par l’éclat d’un tel tonnerre, par la violence d’un tel foudrean : Mais puisqu’il s’en trouve, qui aiment mieux combattre la vérité par quelque froide glose, que de renoncer à cette vanité ; voyons, et pesons leurs raisons. […] puisque en ces choses, on ne propose autre but, que le plaisir, et la volupté, ne suffit-il pas à Satan, d’entrer en nos cœurs, par cette fausse porte ? […] Max. li. 6 c. 3 du qui le récite, « que tant qu’on relevait ainsi les femmes, elles n’avaient pas le cœur aux délices. » Ci-dessus nous avons vu le conseil, et le fait de Scipion Nasica, le plus homme de bien de Rome. […]  » Après un long discours, qui repr ésente les maux, qui s’ensuivent, il conclut en ces termes  : « Il faut donc fuir les spectacles, non seulement à ce qu ’il n’en demeure quelque vice en nos cœurs, qui doivent être rassis, et paisibles ; mais aussi, que l’accoutumance de quelque volupté, ne nous allèche, et détourne de Dieu, et des bonnes œuvres, etc.  » S.

429. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre VII. De la Diction. De la Poësie dans la Tragédie. » pp. 122-130

Négliger la force, la pompe ou la douceur de l’expression, c’est vouloir allumer un grand feu, en le couvrant de glace ; c’est priver la Scène du plus puissant moyen de fixer l’attention & de gagner le cœur par les sens.

430. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « Corrections et additions. » pp. 364-368

Agamemnon annonce dans Iphigénie tous les combats que va éprouver son cœur paternel, par un seul mot de ce qui se passe au camp des Grecs.

431. (1804) De l’influence du théâtre « PREFACE. » pp. -

Son généreux dévouement, pour ramener et consolider le bonheur public, devient un exemple efficace qui gagne tous les cœurs, et rallume partout le feu sacré de l’amour de la Patrie.

432. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre IX. Les spectacles nuisent au bonheur et à la stabilité des gouvernements. » pp. 96-101

Quand même ces pièces de théâtre ne contiendraient rien de formellement séditieux, ne suffit-il pas, pour nuire au bonheur et à la stabilité des gouvernements, qu’elles aient une teinte irréligieuse et libertine, et qu’elles insinuent dans les cœurs la mollesse et la volupté ?

433. (1825) De quelques naïves coutumes « De quelques naïves coutumes. » pp. 262-266

Et voici l’engagement de l’épouse. « Je, Madeline Gasselin... prends mon aimable J... pour mon époux, et lui promets... que je n’en aurai jamais d’autre, et lui donne pour gage de fidélité mon cœur et tout ce que je ferai jamais... » Cette dépravation d’esprit a pu profiter à bien des gens ; mais il faut que tout change.

434. (1760) Sur l’atrocité des paradoxes « Sur l’atrocité des paradoxes —  J.J.L.B. CITOYEN DE MARSEILLE, A SON AMI, Sur l’atrocité des Paradoxes du Contemptible J.J. Rousseau. » pp. 1-128

il est un garant plus flatteur, & dont mon cœur fait gloire de s’enorgueillir … tu m’estimes … qu’ai-je à souhaiter de plus … ton amitié fera ma renommée. […] Ce sentiment n’était-il pas dans le cœur de tout galant homme ? […] Le Spectateur sent une sainte joie à ce dénouement qui succède aux larmes que les Martyrs lui ont arrachées ; il sort pénétré ; il l’oublie le lendemain, le moment même : est-ce la faute de l’Acteur si le vice se renouvelle sans cesse dans le cœur des humains ? […] Brumoy, t. 1er. p. 41.] il dit même volume p. 71, à l’égard de l’efficacité du Spectacle, « que la Poésie corrige la crainte par la crainte, & la pitié par la pitié ; chose d’autant plus agréable que le cœur humain aime ses sentimens & ses faiblesses. […] « Je sens bien que ce spectacle dont je fus si touché, serait sans attrait pour mille autres ; il faut des yeux faits pour voir & un cœur pour le sentir.

435. (1694) Lettre d’un Docteur de Sorbonne à une personne de Qualité, sur le sujet de la Comédie « letter » pp. 3-127

n’y laisse-t-on pas insensiblement toucher son cœur, non seulement par les bonnes intelligences qui paraissent quelquefois entre les Acteurs et les Actrices, mais par leurs démêlés mêmes et leurs petites brouilleries ? […] Or je demanderais volontiers à notre Docteur si l’harmonie de l’âme peut bien se conserver pendant l’espace de trois ou quatre heures au milieu des Opéras d’aujourd’hui, où tous les sens se trouvent enchantés par les décorations magnifiques, les machines surprenantes, le mélange harmonieux des instruments et des voix, et où on attaque même le cœur par tous les endroits, où d’ordinaire il est le plus ouvert. […] « C’est dommage, dit-il, de semer en terre de notre cœur des affections si vaines et si sottes : cela occupe le lieu des bonnes impressions, et empêche que le suc de notre âme ne soit employé ès bonnes inclinations. ». […] Que vous leur avez fait grand pitié, voyant votre cœur amusé à une si grande niaiserie et attentif à cette fadaise. […] Je souhaite de tout mon cœur que vous en soyez content, et que le Public en puisse être autant édifié, qu’il a paru scandalisé de la Lettre dont je vous ai fait le détail.

436. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre II. Suite du Clergé Comédien, » pp. 52-67

Qu’on ne dise pas que, toujours païen dans le cœur, il n’a fait semblant d’être chrétien que par crainte. […]         Chacune d’un vrai cœur de fille         Se pique de le régaler.

437. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « MANDEMENT  du Chapitre d’Auxerre, Touchant la Comédie. » pp. 51-58

F. avec la plus vive douleur, le scandale qui vient de paroître dans cette Ville, par le séjour d’une Troupe de Comédiens ; de ces hommes pervers, qui n’emploient leurs talens qu’à corrompre les cœurs, & à répandre le poison dont ils sont infectés.

438. (1664) Traité contre les danses et les comédies « Chapitre XI. Qu’on ne peut danser sans péché les jours qui sont particulièrement destinés à l’exercice de la piété Chrétienne. » pp. 41-53

Nous avons le chant de l’Eglise, les Hymnes, et les Processions pour exprimer la véritable joie, que le saint Esprit inspire à nos cœurs ; et ce sont les seuls témoignages de joie que l’Eglise a reçus, et approuvés ; Au lieu qu’elle a traité les danses, lorsqu’elle en a parlé dans ses Canons, comme des divertissements indécents, et entièrement honteux.

439. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « IV. S’il est vrai que la représentation des passions agréables ne les excite que par accident.  » pp. 10-18

Et cela, dit le même Saint, qu’est-ce autre chose, qu’une déplorable maladie de notre cœur ? 

440. (1667) Traité de la comédie et des spectacles « Sentiments des Pères de l'Eglise sur la comédie et les spectacles — Avertissement » pp. 72-80

qui a mieux connu la corruption du cœur de l'homme qu'aucun Père de l'Eglise, déplore dans ses Confessions l'amour qu'il avait avant sa conversion pour les Comédies, et le plaisir qu'il sentait à y être ému de douleur.

441. (1694) La conduite du vrai chrétien « ARTICLE VI. » pp. 456-466

C’est donc par ce moyen que tous les mystères du Symbole sont ruinés dans nos cœurs , et après avoir sapé ce premier fondement de notre créance, tout ce qui suit des autres vérités du Symbole menace ruine dans nos esprits : et un peu après, ce même Saint ajoute : s’il y a donc quelqu’un qui s’imagine que de se trouver aux spectacles ne soit qu’une faute légère, qu’il considère attentivement tout ce que nous venons de dire, et qu’il prenne bien garde que le plaisir et le contentement ne se trouve pas aux spectacles, mais la mort ; et quelques lignes après il dit, qu’est-ce qu’on remarque de semblable chez les Infidèles et chez les Barbares ?

442. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre IV.  » pp. 97-128

Voltaire est heureux qu’ils soient morts ;) tous deux ayant le même défaut, l’intempérance de l’imagination, & le romanesque incroyable ; Arioste a racheté ce défaut par des allégories si vraies, des satyres si fines, (c’est pour Voltaire un grand mérite) une connoissance si approfondie du cœur humain, par les graces du comique, & des beautés innombrables qu’il a trouvé le secret de faire un monstre admirable, (c’est à peu près le caractère des œuvres de Voltaire. […] La foiblesse du cœur de Marie occasionna tous ses malheurs (c’est Buchanan que vous allez entendre, protestant, ennemi declaré de Marie ; ce qui est encore pire que la frivolité de la tragedie & du roman ; mais qui est un grand titre chez Voltaire.) […] Il y avoit pourtant partout des hommes de mœurs très-pures, des Pasteurs dignes de l’être, des Réligieux soumis de cœur à leurs vœux ; mais ces vertus sont ensevelies dans l’obscurité, tandisque le luxe & le vice dominent dans la splendeur. […] Ce Prince lisoit des vers, des romans, des comédies, (autre moyen bien sur de corrompre le meilleur cœur, & de perpetuer le regne des Ministres.)

443. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre treizieme « Réflexions morales, politiques, historiques,et littéraires, sur le théatre. — Chapitre I.  » pp. 3-35

S’ils joignent la lecture à la vue, ils allumeront le feu de l’amour dans leur cœur. […] Il faut de l’attention, il faut de l’esprit & des connoissances pour suivre le plan, le fil, le style, les beautés d’une piece qu’on voit jouer ; il ne faut que des yeux & un cœur gâté pour avoir, pour goûter le crime buriné, & pour être atteint de son poison. […] Le Panégyriste de la Favard fait ensuite l’éloge des belles qualités de son cœur. […] Dans la verité les Chinois savent par cœur un grand nombre de pieces.

444. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre II. Discipline du Palais. » pp. 26-50

Malgré toutes les apologies et l’assurance affectée des amateurs, personne qui au fond du cœur ne sente ces vérités. […] Un Magistrat, père du peuple, vengeur des crimes, protecteur des bonnes mœurs, interprète des lois, oracle d’une province, dont la sagesse, la modération, la décence font le caractère, qui tient à un Corps respectable, qui remplit les plus importantes fonctions, sur qui le public a les yeux fixés, à qui il doit son respect et sa confiance, est sans doute plus que personne obligé d’édifier : les scandales portent des coups mortels sur les cœurs. […] Il est vrai que les Magistrats l’avaient obligé de les jeter au feu, par respect pour le souverain Pontife ; mais il les savait par cœur.

445. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre VII. De l’infamie canonique des Comédiens. » pp. 153-175

Ces cas n’arrivent pas : un cœur assez bas et assez débauché pour prendre de pareilles femmes, est bien éloigné d’avoir du goût pour le ministère et pour la piété. […] Esprit descende dans des cœurs où règne Bélial, et rende parfaits Chrétiens ceux qui sont des idolâtres et des idoles ? […] Voilà mon Saint-Denis, oui c’est là que j’adore Ton esprit et ton cœur, tes grâces, tes appas…. » Le même Auteur (Lettre 23 sur les Anglais) parle ainsi d’une fameuse Actrice de Londres : « On a trouvé mauvais que les Anglais aient enterré à Westminster (leur Saint-Denis) la célèbre Comédienne Oldfield, avec les mêmes honneurs qu’on a rendus à Newton.

446. (1819) La Criticomanie, (scénique), dernière cause de la décadence de la religion et des mœurs. Tome II « Post-scriptum. » pp. 201-216

Tous ceux, dit-il, de qui le pain d’autrui dépend, ces supérieurs de toute espèce sont d’autres pères de votre création ; achevez donc votre ouvrage ; rendez-les propres à leur destinée ; assurez aussi à leurs enfants ce qu’ils leur doivent ; comme la nature, en formant les siens, a imprimé dans le fond de leurs cœurs des lois auxquelles ils ne peuvent résister sans remords ; ainsi, en formant les vôtres, imposez-leur des devoirs auxquels ils ne puissent manquer sans châtiment.

447. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XXX. Profanation du dimanche : étrange explication du précepte de la sanctification des fêtes. » pp. 109-116

Il ne faut pas croire que tout ce qu’on tolère à cause de la dureté des cœurs, devienne permis ; ou que tout ce que la police humaine est obligée d’épargner, passe de même au jugement de Dieu.

448. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre IX. Suite de la Rosiere. » pp. 213-230

Ce sage qui servoit la France en Italie, qu’honnora l’Etranger qui servoit sa patrie, contente l’orphelin, pleure avec l’affligé, & des siecles ainsi défiant l’inconstance… dans nos cœurs à l’abri des insultes du temps, il érige à jamais d’illustres monumens, il instruit nos enfans à la reconnoissance & les siens à la bienfaisance. […] Ici de l’innocence Le trésor est connu, Dès la plus tendre enfance On chérit la vertu ; D’une charmante ivresse Elle échauffe les cœurs, Tout, jusqu’à l’allegresse, Y révere les mœurs.

449. (1574) Epître de saint Cyprien contre les bateleurs et joueurs de farces « Epître de saint Cyprien contre les bateleurs et joueurs de farces. » pp. 423-426

C omme je suis grandement marri et dolent en mon cœur, lorsqu’il ne se présente aucune occasion de vous écrire (car ce m’est grande perte et dommage, de ne point parlementer avec vous) aussi n’y a-t-il rien, qui me rende plus joyeux et allègre, que quand derechef il il se présente quelque occasion. […] qu’un homme, dis-je, raconte par cœur toute la race d’un tel et tel cheval, et sans méprendre discouriraa légèrement ce qui touche ce lieu et Spectacle ?

450. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre II. Est-il du bien de l’Etat que les Militaires aillent à la Comédie ? » pp. 20-34

L’oreille y a gagné, le cœur n’y a pas perdu. C’est toujours Belphégor qui règne ; il ne forme pas à la vérité des armées bien fortes, ses traits, pris dans le carquois de l’amour, ne blessent que les cœurs, ne triomphent que de la vertu ; mais la campagne serait-elle tolérable, si on n’allait les recevoir et les lancer aux pieds d’une Actrice, où l’on trouve depuis long-temps l’innocence et la pudeur terrassées ?

451. (1697) Histoire de la Comédie et de l’Opéra « HISTOIRE ET ABREGE DES OUVRAGES LATIN, ITALIEN ET FRANCAIS, POUR ET CONTRE LA COMÉDIE ET L’OPERA — CHAPITRE II. » pp. 19-41

Del Monaco assure que tous les Auteurs qu’il a lus sur ce sujet sont du sentiment qu’il y a péché mortel pour les Comédiens, parce qu’ils disent des paroles équivoques, et se servent d’expressions tendres ; parce que les femmes jouent avec les hommes sur le Théâtre ; parce qu’on y traite des intrigues d’amour ; parce que quoiqu’on les dise réformées on les rend agréables, et ainsi opposées à la pureté du cœur, commandée aux Chrétiens. […]  » Il n’y a rien de plus scandaleux dans tous les Spectacles, que de voir avec quel soin et quel agrément les hommes et les femmes y sont parées : les expressions même de leurs sentiments conformes ou différents pour approuver ou désapprouver les choses dont ils s’entretiennent, ne servent qu’à exciter dans leurs cœurs des passions déréglées.

452. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « CHAPITRE V. Des Comédiens. » pp. 156-210

Molière, Corneille et tous leurs successeurs, ne travaillent que pour ceux qui savent choisir un amusement dont leur cœur et leur esprit peuvent tirer avantage, en sorte qu’ils n’aient pas à se reprocher la perte du temps qu’ils emploient à se délasser. […] Mais, direz-vous, leur vertu ne sera qu’apparente : la crainte des châtiments, de l’infamie et de la pauvreté seront les motifs de leur bonne conduite ; au fond ils n’en auront pas le cœur moins corrompu. […] Si les Comédiens, donc, rappelés dans le sein de l’Eglise par des Pasteurs éclairés, rendus par le Parlement à la société, honorés de la protection du Roi, appuyés et contenus par des « lois sévères et bien exécutées »fd , continuent d’être méprisés par des imbéciles, ils en seront dédommagés par l’estime des honnêtes gens, des gens sages et sans préjugés, qui savent lire au fond des cœurs, admirer, chérir et honorer la Vertu, partout où elle se trouve. […] Les spectacles étaient absolument contraires à ses vues : ils n’auraient prêché que l’humanité, et cette qualité du cœur est incompatible avec le métier de Soldat, que faisaient tous les Spartiates. […] Un talent n’exclut pas plus la probité du cœur de celui qui l’exerce, s’il est honnête homme, qu’il n’y porte la Vertu, s’il est un homme corrompu : prétendre qu’il influe, en bien ou en mal, sur les mœurs de quelqu’un, c’est une absurdité ridicule et vous allez le voir ; il faut avant vous laisser tout dire : « Qu’est-ce que la profession du Comédien ?

453. (1664) Traité contre les danses et les comédies « Chapitre XIII. Que les lois civiles défendent de danser, et d’aller à la Comédie les jours des Fêtes. » pp. 67-75

Mais la cinquième Loi est plus forte : « C’est une chose entièrement nécessaire, et toute dans l’ordre de Dieu, que tous les Chrétiens, et tous les fidèles, s’occupent de tout le cœur, et de tout l’esprit au culte divin, et aux actions de la piété, et de la religion qu’ils professent, avec un renoncement absolu de tous les plaisirs du Cirque, et du Théâtre, dans toutes les villes du monde, le jour du Dimanche, qui commence la semaine, et qui attire les bénédictions de Dieu sur toutes les œuvres qu’on y fait ; et pendant le temps de l’Avent, des Fêtes de Noël, et de l’Epiphanie ; aux Fêtes de Pâques, et pendant tout le temps Pascal, c’est-à-dire jusques à la Pentecôte, dans lequel ceux qui ont été baptisés portent publiquement les signes de la lumière Divine dont ils ont été éclairés, et remplis au saint Baptême, par la blancheur de leurs habits  » ; Item l. 5. eod. tit.

454. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XXXII. Passages de Saint Ambroise et de Saint Jérôme sur les discours qui font rire. » pp. 124-131

, où expliquant ces deux vices marqués par Saint Paul : stultiloquium, scurrilitas, il dit que le premier, c’est-à-dire, le discours insensé, « est un discours qui n’a aucun sens, ni rien qui soit digne d’un cœur humain ; mais que la plaisanterie, scurrilitas, se fait de dessein prémédité, lorsqu’on cherche pour faire rire des discours polis, ou rustiques, ou malhonnêtes, ou plaisants : vel urbana, vel rustica, vel turpia, vel faceta : qui est, dit-il, ce que nous appelons plaisanterie, jocularitas : mais celle-ci, poursuit-il, doit être bannie entièrement des discours des saints, c’est-à-dire, comme il l’explique des chrétiens, à qui, dit-il, il convient plutôt de pleurer que de rire ».

455. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE V. Suite du Théatre de S. Foix. » pp. 105-139

Les aspirans à la gloire de ces combats iroient la veille inscrire leur nom & leurs qualités chez un Commissaire chargé de ce détail, ils tireroient au sort, & lorsque chacun de ces Messieurs auroient su l’athlète auquel il auroit affaire, ils pourroient aller souper tous ensemble comme d’honnêtes gens qui s’égorgeront le lendemain, mais sans se haïr, & seulement parce qu’ils ont du cœur. […] caressoit au fond du cœur toutes les passions cruelles : il étoit de la nature de son ame de produire des crimes, comme une plante venimeuse produit le poison. […] que devient la liberté, si le crime est dans la nature de l’ame, si l’homme n’est qu’une plante, si l’on disoit, M. de … né libertin, caresse au fond de son cœur les passions impures ; il est de la nature de son ame de produire des obscénités comme une plante venimeuse ! […] C’étoit le meilleur cœur, l’ame la plus noble, la plus généreuse, beaucoup d’esprit & de beauté, &c.

456. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE IX. » pp. 158-170

C’est à la dureté du cœur humain que l’on doit rapporter une concession pareille ; quelqu’autenticité qu’on lui suppose, elle ne sçauroit légitimer ce que la Loi de Dieu défend, un amusement contraire aux bonnes mœurs & à la religion chrétienne, Il n’est point vrai, Mademoiselle, que l’Etat vous autorise, vous n’avez en France, selon Brillon2, aucune Lettre-patente, au moins dans les formes usitées, les Comédiens sont purement tolérés.

457. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre troisiéme. — Chapitre III. But que le Spectacle moderne doit se proposer. » pp. 123-132

Opéra chez les Italiens est ordinairement une pièce en Musique ; c’est aussi une Comédie composée avec soin, & apprise entierement par cœur.

458. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Livre second. » pp. 2-7

Le cœur est le mobile de tout : sans lui nous n’aurions que de vaines apparences.

459. (1731) Discours sur la comédie « Lettre Française et Latine du Révérend Père François Caffaro, Théatin ; à Monseigneur L’Archevêque de Paris. Imprimée à Paris en 1694. in-quarto. » pp. -

Je reçois, Monseigneur, de tout mon cœur et dans un esprit de parfaite soumission, cette discipline Ecclésiastique, et la doctrine qui en fait le fondement ; et je souscrirais sans réserve tout ce qui est dit dans votre Rituel, soit contre les Comédiens directement ou indirectement, soit en toute autre matière.

460. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre IV. Henri IV. » pp. 121-168

Mais est-il croyable qu’il quitte les plus grandes affaires, pour s’embarrasser des amours d’une bourgeoise, où son cœur ne prend aucun intérêt ? […] Le respect pour le premier des Bourbons, la reconnoissance pour la bonté de son cœur sont très-justes ; mais l’Henrimanie dramatique n’est un titre, ni pour les excès, ni pour les erreurs. […] c’est sur-tout, c’est au Théatre qu’on voit tout l’effet que ton nom produit sur un peuple idolâtre ; quand on chante, vive Henri IV, tous les cœurs sont à l’unisson. […] Il y a une répartie pareille faite au Parlement, en faveur des Jésuites qu’il rétablit : elle est beaucoup mieux faite, & peint mieux l’esprit & le cœur de Henri. […] Les senmens qu’elle excita dans le cœur du Roi, l’enflammerent avec tant d’ardeur qu’il ne lui fut pas possible de cacher le feu qui le dévoroit : sa passion éclata de tant de maniere, qu’elle fut connue de tout le monde.

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