Sans doute que le temps donné au culte d’un Dieu à qui nous devons tout, est un temps perdu, et que l’ordre qu’il a donné dès le commencement du monde, et tant de fois renouvelé, ne doit être compté pour rien. […] est-il personne qui ne soit comptable de son temps et de ses talents à Dieu, à la société, à sa famille, et ne se rende coupable en les privant du service qu’il pourrait leur rendre par son travail ?
La septième Classe, est un Récit des punitions tragiques que Dieu a fait sentir à ceux qui assistaient aux Spectacles. […] Il autorise cette proposition par Richard de saint Victorr, qui prouve qu’il y a péché mortel dans une action, lorsque Dieu est offensé grièvement, lorsqu’on fait tort au prochain et à soi-même : Or les Comédiens font ces trois maux, ils choisissent les plus belles Comédiennes qu’ils peuvent trouver, ils les parent magnifiquement avec le fard et l’artifice ; leurs paroles, leurs postures, leurs danses et leurs chansons portent à l’impureté.
Et bien qu'à l'égard de la vie civile, ils n'aient point d'occupation sérieuse, ils en peuvent avoir de bonnes à leur égard et devant Dieu, comme faire des prières, retenir leurs passions, régler leurs œuvres, et donner aux pauvres.
Lorsqu’ils firent en commun leur prière au Dieu dont tout les assurait qu’ils étaient l’ouvrage, ils auront peut-être trouvé, sans s’en appercevoir, l’invention du chant. […] S’il fallait croire ce Philosophe, Dieu serait donc l’inventeur de la musique, il l’aurait créée en même-tems que les cieux : cependant tout ridicule, tout absurde qu’est son sistême, il n’a pas laissé de trouver un nombre infini de Partisans. […] On lit dans une Histoire de la musique qui parait depuis 1767, que Dieu avait sûrement appris la musique à Salomon. […] Je répondrai qu’Hérodote ne nous la représente point si barbare, lorsqu’il nous apprend que les Scytes furent les seuls qui ne voulurent point reconnaître Bacchus, parce qu’ils trouvaient que c’était une chose ridicule d’adorer un Dieu qui rendait les hommes insensés & furieux.
Il ne faut donc nullement s’étonner, que l’on ait tant crié contre des spectacles, qui enseignaient publiquement le libertinage et l’impiété ; et où après avoir dit et fait tant de choses contre les bonnes mœurs et contre la pudeur, on s’en prenait à Dieu par d’horribles blasphèmes : voilà pourquoi les Comédiens dans un Concile furent condamnés comme des excommuniés et des blasphémateurs ; mais je crois que l’on ne peut, avec justice, se servir contre les Comédiens modernes de l’autorité de ce Concile, pour prouver que ce sont des Excommuniés, et pour défendre aux Chrétiens, d’avoir aucun commerce avec eux, ou d’assister à leurs spectacles. […] Si les Princes et les Magistrats tolèrent la Comédie par une espèce de politique, on ne doit pas conclure pour cela, qu’elle soit permise devant Dieu ; on tolère dans les Etats et dans les Républiques bien d’autres désordres, à quoi il serait peut-être trop dangereux de remédier. […] Les Lois civiles ne punissent que les crimes qui sont contraires à la société humaine ; les faux témoignages, les vols, les assassinats, les blasphèmes, les impiétés publiques, et d’autres crimes scandaleux : Si l’on permet de certaines choses, qui sont visiblement mauvaises, c’est pour empêcher que les hommes ne s’abandonnent à de plus grands dérèglements ; mais la complaisance des Magistrats ne dispense pas de la Loi de Dieu, qui condamne tout ce qui porte au péché : Or il est visible que la Comédie, et ce qui l’accompagne, augmente la corruption de la nature, rend l’homme plus sensuel, et le porte insensiblement à l’oubli de Dieu.
Ce sont là pourtant les prétendants à la formation des mœurs, les concurrents à la direction de l’enseignement et de l’éducation, les juges de nos secrètes iniquités, les conseillers de nos devoirs envers Dieu et envers l’humanité, les conciliateurs des cœurs, les consolateurs des affligés et les prétendus bienfaiteurs du genre humain !
Ma derniere pensée sera pour Dieu, l’avant-derniere pour vous. […] Jamais Saint Louis n’a quitté son armée le jour d’une bataille, pour aller voir sa maîtresse, & jamais au moment de la donner, & ne lui a écrit, ma derniere pensée sera pour Dieu, & l’avant-derniere pour vous . […] Les courtisans, loin d’imiter un Dieu qui pria & mourut pour ses ennemis, se déchaînoient contre ces infortunés. […] Je ferai en sorte, Dieu aidant, que l’Eglise soit aussi bien qu’il y a cent ans : mais il faut, par vos bons exemples, que vous répariez ce que les mauvais ont détruit, & que la vigilance recouvre ce que la nonchalance a perdu. […] Ce sont de grands péchés, même dans les principes de la Religion protestante, que n’expieront pas devant Dieu toutes ses belles qualités, s’il n’en a fait pénitence.
L’auteur dit, Dieu permit cette longue prison, pour faire mieux connoître la piété extraordinaire à laquelle Jean de Vert, qui avec d’autres officiers étrangers, y étoit prisonnier, rendit un témoignage singulier ; car le Cardinal de Richelieu l’ayant invité à un ballet magnifique, de sa composition, & ce général ayant vu au ballet un Evêque qui en faisoit les honneurs, dit publiquement, Ce qui m’a le plus surpris en France, c’est d’y voir les Saints en prison, & les Evêques à la comédie. […] Dans une fable intitulée le Fol, La Fontaine place un homme dans une loge de comédie, qui se croit un Dieu, & s’imagine gouverner l’univers du fonds de sa loge ; tout le monde se mocque de lui voici la réflexion de l’Auteur. […] Pierre pria Dieu de le faire abandonner du Demon, non pour le perdre ; mais pour le faire rentrer en lui-même, & désabuser le péuple, que ce nouveau spectacle étonnoit.
Je n’aime point cette cérémonie, qui me paroît injurieuse à Dieu : comme si quelqu’un alloit remercier un bon pere d’avoir eu le bonheur d’égorger ses enfans. […] Les anciens germains disoient qu’il y a quelque chose de divin dans une femme ; je suis plus que de leur avis, je pense que la grandeur de Dieu brille avec plus d’éclat sur un beau visage que dans le cerveau de Neuton. […] Les prêtres disent qu’il est hérétique (ils ont grand tort, les luthériens ne le sont pas ; pour moi j’aime de pareils hérétiques à qui les actrices donnent le coup de grace), je souhaite que Dieu nous en envoie encore un semblable (pour faire honneur au célibat) En revanche, en place des honneurs religieux, son cadavre, qui n’étoit plus ambulant, fut comblé des honneurs militaires depuis Chambort jusqu’à Strasbourg, où, au bruit de l’artillerie, il fut pompeusement conduit & enterré dans une chapelle luthérienne.
Dieu le voit-il impunément, même par jeu ? […] Un cœur qui aime Dieu par-dessus toutes choses peut-il se réjouir de voir représenter l’offense de Dieu ?
Dieu fit à ce père infortuné une terrible justice ; le fils misérable fut enfin assassiné par un de ses compagnons de libertinage : « Prosenatore Parisino Thimelicum ignominiosum habuit, Histrionem flagitiosis artibus infamem, omni cura et solertia ad vindicandum e sordibus filium artes ludicras per urbes exercentem sequebatur, sed reducere non potuit, apatre exhæreredatus, tandem occisus, etc. » (Mornac, L. […] Augustin, dans le livre de la Cité de Dieu, nous a conservé le témoignage : « Romani, cùm artem ludicram totamque scenam in probro ducerent, id genus hominum, non modo reliquorum civium honore carere, sed etiam tribu amoveri, notatione censoria voluerunt. » Ce Saint ajoute, et après lui Orose (Histor. […] Dieu lui-même a grand tort de priver le pécheur de la grâce et de la gloire, et de le déclarer indigne des sacrements ; c’est lui enlever le frein et le contrepoids du vice.
Il ne trouue pas plus parfait le Colosse de ce Dieu, que la Statuë de cet homme ; mais il les distingue par leurs qualitez essentielles. […] Et de là vient peut-estre que vostre Horace, grand imitateur des Grecs, parlant du Dieu qui preside à la Poësie dramatique, Ie l’ay vev , s’escrie-t’il, dans vne solitvde escartée, qvi enseignoit des Vers , il ne dit pas, qui les recitoit ; Et les Nymphes et les Satyres, qvi les estvdioient sovs lvy , il ne dit pas, qui les escoutoient.
Voici quelques anecdotes qui embélissent la fête de Saint-Pons : le Secretaire de l’Evêque, saint Prêtre, & homme intelligent, fut choisi pour souffleur, il s’assit dans une coulisse, & delà souffloit aux acteurs dans le besoin, ce qui arrivoit souvent ; malheureusement il eut une distraction, & dans ce même tems, par le coup fatal du destin, l’acteur qui parloit en eut une autre, & perdit le fil de son rôle, n’étant pas aidé à propos, il demeura court ; c’étoit le Grand-Prêtre Joad, qui venoit de prononcer ce beau vers : Je crains Dieu, cher Abner, & n’ai point d’autre crainte , au désespoir de se voir arrêté, il y suppléa par un autre vers, car la colere suffis & vaut un Apollon ; il dit haut, avec un zèle édifiant, quel ignorant souffleur ! […] Passer du théatre au jugement de Dieu, de l’opéra à l’éternité, peut-il être de plus grand malheur ?
Le démon peut agir sur les corps ; il l’a fait plusieurs fois lorsque Dieu le lui a permis : l’ancien & le nouveau Testament en rapportent beaucoup d’exemples ; l’Eglise en est persuadée, les prieres, les exorcismes, qui sont de la plus haute antiquité, ne permettent pas d’en douter : mais les circonstances ridicules, infâmes, extravagantes qu’on y ajoute, ne portent sur aucune autorité, l’Ecriture n’en rapporte aucune, l’Eglise les condamne.
Si Dieu jusqu’ici, par un miracle de sa grâce, vous a empêché d’y tomber, pour lui en marquer votre reconnaissance, faut-il retourner dans le piège, dont il vous a garanti ?
Si vos parents veulent vous conduire au spectacle, et vous engagent à y aller, rappelez-vous qu’il vaut mieux obéir à Dieu qu’aux hommes.
Les Apôtres demandaient à Dieu qu’il touchât les Gentils.
La musique dès son institution fut consacrée à servir dans les Temples des Dieux ; une foule de Prêtres célébrait apparemment en chœur le Dieu qu’on adorait : voilà ce qui fit naître la prémière idée du grand Opéra chez les anciens. […] Le Dieu des jardins qu’on y voit agir, les bouteilles qui marchent toutes seules, ainsi que la plus-part des plaisanteries de cette Pièce, ne manqueraient pas de faire un bel éffet de nos jours sur le Théâtre moderne. […] Le Miraculeux, continuera-t-on, est au Théâtre, non-seulement contre la nature, mais encore contre toute impossibilité : un Dieu même peut à peine le faire recevoir. […] Un Magicien, ou un Dieu, fait changer tout-à-coup le lieu de la Scène ; un tel événement tient du prodige ; mais il ne doit point révolter au Théâtre lyrique, ainsi que je me suis éfforcé de le prouver.
Le nom de Dieu dans vn sens parfait ne doit pas estre meslé auec du risible. […] Ie ne veux pas nier qu’il n’y ayt des lieux qu’il vaut mieux frequenter que le Theâtre, cela est hors de doute ; & il y en a où il seroit bon d’estre incessamment, s’il n’auoit pas esté ordonné à l’homme de trauailler, comme il luy a esté ordonné de prier Dieu. […] Le nom de Dieu dans vn sens parfait ne doit pas étre meslé auec du risible Il seroit encore à souhaiter, disent ces gens là, que dans ces sortes d’ouurages, le nom de Dieu, ne fust jamais prononcé. […] Pour ces exclamations si ordinaires dans la bouche des hommes, Ha Dieu, Mon Dieu ! […] Mais vn Ie priois Dieu, vn Dieu vons assiste, vn Dieu vous le rende, & autres expressions de la sorte dans vn ouurage Comique ne sont pas du goust de ces gens que j’ay citez, & qui toutefois, comme j’ay dit, aiment fort la Comedie.
L’horreur que je dois avoir du mensonge ne s’augmentera-t-il pas en moi quand je lirai l’histoire d’Ananie, parce que les menteurs ne sont pas tous frappés de mort par la toute-puissance de Dieu ? A la vérité ces exemples saints feront sur moi une impression bien différente que la punition de Salmoné, ou d’autres histoires fabuleuses ; dans les uns j’adorerai le doigt de Dieu, dans les autres je tirerai mon profit de leur morale, quoique je sache que ce soit l’ouvrage des hommes. […] quel Dieu t’inspira la seconde Scene du second Acte ? […] Les Hébreux dans les transports de leur reconnoissance se mirent à danser pour remercier Dieu qui les avoit délivré du joug des Egyptiens en leur faisant un passage au milieu de la mer Rouge, Moïse et; sa sœur donnoient l’exemple. […] Les Prêtres et; les Lévites dansoient toutes les fois que le peuple de Dieu avoit reçu de lui quelque bienfait signalé.
N’ont-ils pas un Dieu à servir, une âme à sauver, une éternité à craindre ? […] 30.), autant et plus sévère que les Casuistes, décide que les Magistrats ne peuvent en conscience souffrir les Comédiens dans leur ville, et doivent empêcher les citoyens d’aller à la comédie, sans quoi ils se rendent comptables devant Dieu de tous les péchés qui s’y font ?
Ainsi les Charlatans, qui trompent les Peuples, font toujours semblant de confondre la cause des hommes & la cause de Dieu. […] On sait qu’il ne faut point accuser Dieu des fautes de ses Ministres ; & l’on sait qu’un Ministre de Dieu peut être coupable.
En cela ils ne faisoient que suivre le conseil, où plutôt l’ordre de Mercure ; car ce Dieu vint avertir Ulysse que Circé lui offriroit sa couche, & qu’il se gardât bien de la refuser. […] Un Dieu l’enseigne & la donne sous l’emblême d’une herbe miraculeuse. […] Se farder c’est vouloir imposer, vouloir se donner pour ce qu’on n’est pas ; c’est un vrai mensonge d’action, si les femmes ne vouloient que se plaire à elles-mêmes, & s’embellir à leurs propres yeux, permis à elles de suivre leur goût, dans le choix de leur ajustement, & de leur parure ; mais si c’est pour plaire aux hommes qu’elles se fardent, & s’enluluminent ; j’ai recueilli les voix, & je leur prononce, de la part de tous les hommes, que le blanc & le rouge les rend affreuses & dégoutantes, les vieillissent & les déguisent ; qu’ils haissent autant de les voir avec de la ceruse sur le visage, qu’avec des dents à la bouche, & des boules de cire, qu’ils protestent sérieusement contre tout l’artifice dont elles usent pour se rendre laides, & qu’il semble que Dieu leur réserve ce dernier & infaillible moyen de les guerir des femmes ; si elles étoient telles naturellement, qu’elles le deviennent par artifice, que leur visage fût aussi allumé, & plombé, qu’il le devient par la peinture, elles seroient inconsolables ; elles sont assez foles pour le conserver dans la vieillesse.
Le Roi commence par invoquer le nom de Dieu pour obtenir la grace de mourir dans la foi, comme il a vécu. […] Il recommande à son successeur d’être obéissant au Saint Siege Apostolique, de craindre Dieu, d’observer ses commandemens, d’honorer les gens d’Eglise, de procurer sur toutes choses l’exaltation de la foi, de sacrifier toutes choses pour la défense & l’avancement de la Religion Catholique ; & si quelqu’un se trouvoit infecté des bérésies & doctrines condamnées, Sa Majesté le déclare incapable de regner, & le prive de tout droit à la Couronne, &c. […] D’abord on voit les forges de Vulcain, & le Dieu se promenant au milieu des Cyclopes, occupés à forger des flêches pour l’Amour & des armes pour Mars.
même qu'un Histrion, qui avait entrepris de danser le personnage de Jupiter, fut puni pour avoir agi de mauvaise grâce, et n'avoir pas assez dignement soutenu la Majesté de ce Dieu qu'il représentait.
Ce Dieu juste et bienfaisant, qui veut qu’il s’occupe, veut aussi qu’il se délasse.
Le bonhomme continue qu’« il le voyait à l’Eglise prier Dieu avec beaucoup d’assiduité et de marques de ferveur » ; que pour peu qu’on lui donnât, il disait bientôt, « C’est assez » : et quand il avait plus qu’il ne lui fallait, il l’allait, aussitôt qu’il l’avait reçu, souvent même « devant ceux qui lui avaient donné, distribuer aux pauvres ». […] Il réplique que « ce n’est pas ce motif seul », mais que « c’est, outre cela, par un zèle particulier » qu’il a pour elle : et sur ce propos se met à lui conter fleurette en termes de dévotion mystique, d’une manière qui surprend terriblement cette femme ; parce que d’une part il lui semble étrange que cet homme la cajole ; et d’ailleurs il lui prouve si bien par un raisonnement tiré de l’amour de Dieu, qu’il la doit aimer, qu’elle ne sait comment le blâmer. […] Avant que je vous le déclare, permettez-moi de vous faire remarquer, que l’esprit de tout cet Acte, et son seul effet et but jusqu’ici n’a été que de représenter les affaires de cette pauvre famille dans la dernière désolation par la violence et l’impudence de l’Imposteur, jusque-là qu’il paraît que c’est une affaire sans ressource dans les formes ; de sorte qu’à moins de quelque Dieu qui y mette la main, c’est-à-dire de la Machine, comme parle Aristote, tout est déploré. […] Cela étant, et puisque les Philosophes les plus sensuels n’ont jamais douté que la Raison ne nous fût donnée par la Nature, pour nous conduire en toutes choses par ses lumières ; puisqu’elle doit être partout aussi présente à notre âme, que l’œil à notre corps, et qu’il n’y a point d’acceptions de personnes, de temps ni de lieux auprès d’elle : qui peut douter qu’il n’en soit de même pour la Religion, que cette lumière divine, infinie comme elle est par essence, ne doivent faire briller partout sa clarté : et qu’ainsi que Dieu remplit tout de lui-même, sans aucune distinction, et ne dédaigne pas d’être aussi présent dans les lieux du monde les plus infâmes, que dans les plus augustes et les plus sacrés ; aussi les vérités saintes, qu’il lui a plu de manifester aux hommes, ne puissent être publiées dans tous les temps et dans tous les lieux où il se trouve des oreilles pour les entendre, et des cœurs pour recevoir la grâce qui fait les chérir ? […] À cela près, peu m’importe qui que ce soit qui ait raison : car quoique cette affaire me paraisse peut-être assez de conséquence, j’en vois tant d’autres de cette sorte aujourd’hui, qui sont ou traitées de bagatelles, ou réglées par des principes tout autres qu’il faudrait, que n’étant pas assez fort pour résister aux mauvais exemples du siècle, je m’accoutume insensiblement, Dieu merci, à rire de tout comme les autres, et à ne regarder toutes les choses qui se passent dans le monde, que comme les diverses scènes de la grande Comédie qui se joue sur la terre entre les hommes.
Il faut détruire cette idée ; il faut me transporter dans le palais d’Auguste, dans le férail, dans le Temple du peuple de Dieu, dans le camp d’Alexandre.
Dieu a daigné éclairer entièrement mes ténébres, & dissiper à mes yeux tous les enchantements de l’Art & du Génie.
La décision n’appartient qu’aux Juges dont le caractere est émané du thrône & de Dieu même ; un simple Avocat étant un homme isolé, ses avis ne sont nullement des Arrêts ni des Sentences définitives : son ministére n’a lieu que dans la justice contentieuse, il discute les différents & le Sénat prononce, déterminé seulement par la force des preuves, & n’ayant aucun égard à son autorité.
Jean Chrysostome1, qu’on est le plus éloigné de tout ce qui peut blesser la pudeur, il en coûte tant pour se conserver dans la pureté que Dieu exige de nous, de quel naufrage n’est-on pas menacé lorsqu’on s’expose sur la mer orageuse du Théâtre, & qu’on ajoute à l’inclination naturelle, l’art & l’étude de la volupté ?
Du reste, ce n’est pas au théâtre à m’en faire un crime ; la satire est son aliment, la plaisanterie est son langage ; et plût à Dieu qu’il respectât toujours assez la vérité et la décence, pour ne pas mériter la plus rigoureuse censure par sa malignité et ses bouffonneries, et donner à tous ceux qui le fréquentent, un ton de causticité et de frivolité, dont on ne se corrige presque jamais !
.° C’est une indécence, même entre gens de la lie du peuple, & à plus forte raison entre gens qui ont de la naissance & de l’éducation, que ces injures des halles, ces termes grossiers dont toute cette piece est farcie, coquin, fat, fou, sot, garniment, diable, peste, Dieu me damne, la fondre m’écrase, &c. […] Elmire est une tartuffe, une hypocrite de crime, comme Tartuffe un hypocrite de vertu ; ce qui n’est pas tolérable, même par jeu, même pour une bonne fin : Non sunt facienda mala ut eveniant bona, sur-tout dans un genre de vice où la seule perspective est dangereuse, les approches insoûtenables, le regard, le désir un crime devant Dieu : Qui viderit ad concupiscendum, jam mæchatus est in corde.
Ils doivent encore servir à opposer une digue salutaire à la corruption des mœurs du clergé, à l’intolérance religieuse et politique, ainsi qu’au fanatisme superstitieux, qui, dans le monde, a produit au nom d’un Dieu de paix et de miséricorde, tant de crimes, tant de cruautés qui font frémir l’humanité. […] Ce puissant général, véritable monarque, est bien assuré d’être ponctuellement obéi de tous ses sujets, leur ordonnerait-il de commettre les plus grands crimes pour l’intérêt de la société de Jésus, et sous le spécieux prétexte de venger la religion ; au moindre signal, ils se permettraient, au nom d’un Dieu de paix et de miséricorde, d’assassiner ou d’empoisonner sans remords les souverains, les grands personnages et les particuliers les plus obscurs.